"En avouant le toc, la scène ne triche pas et avoue sa vérité: elle est un lieu de (...) vérité fabriquée par le mensonge". (Jacques Nichet, "La critique du théâtre au théâtre: Aristophane, Moliere, Brecht", 1973). Dans quelle mesure cette affirmation vous semble pertinente pour les pièces de théâtre au programme(Illusion Comique de Corneille, Roman Comique de Scarron, Impromptue de Versailles de Molière, Véritable Saint Genest de Rotrou?
[...] Le théâtre s'inquiète peu de la vraisemblance du roman et de la vérité du caractère. Dans « L'Impromptu de Versailles » de Molière, le masque est un accessoire principal de la pièce : à la première scène, vérité/mensonge social est opposé. A l'acte V de « L'Illusion Comique » : le fragment de tragédie que jouent Clindor et Isabelle, mésaventures fictives de personnages imaginaires, mais présentées comme réelles. C'est une structure à 3 niveaux de la pièce. Le 1er niveau traite d'événements réels, présents et contemporains des spectateurs (conversation entre Pridamant et Alcandre). [...]
[...] Le geôlier prétend à Clindor qui est en prison venir le chercher pour son exécution, alors qu'il le conduit vers la liberté 8). La différence de l'être/paraître est souvent illustrée. Matamore est lâche et c'est le type d'homme illusion. On ne sait plus et lui non plus si c'est le début ou la fin de la vérité. Au travers leurs monologues, Lise, Matamore et Clindor révèlent être ce qu'on ne croyait pas qui ils étaient. Or, l'illusion débouche sur la vérité. Par ses erreurs, Pridamant découvre enfin la vérité. [...]
[...] Le théâtre « critique » et porte des messages. Molière utilise le théâtre comme sa tribune afin de dénoncer les travers des contemporains (préciosité, avarice, libertinage, hypocrisie etc.), se moquer des ennemis potentiels. Dans « L'Impromptu de Versailles », Molière caricature le jeu ridicule des rivaux de l'hôtel de Bourgogne et se met en scène. Le théâtre nous plonge dans un univers vivant donnant l'illusion du vrai. « L'Illusion Comique » définit le théâtre comme un « art divin », un vieux sage ayant un pouvoir magique, qui : « lit dans les pensées Et connaît l'avenir et les choses passées » 2). [...]
[...] Ses préjugés sur ce métier disparaissent. Il se voit sur scène joué par Géronte, il voit ses erreurs envers son fils, Clindor. Celui-ci acteur, trouve la vérité sur son être, et laisse libre son inconstance, sa volonté de changement. Clindor joue les amoureux devant Isabelle (acte II) alors qu'il n'est pas encore sûr de son amour puisqu'il séduit Lyse Lise fait semblant de rire de la séduction de Clindor (III, alors qu'elle est furieuse et blessée et crie vengeance (scène 4). [...]
[...] Pour Molière, dans « L'Impromptu de Versailles », il s'agit de faire la mise au jour des travers de la société, faire la vérité sur : « Mon dessein est de peindre les mœurs sans vouloir toucher aux personnes. » Le théâtre, c'est un monde d'illusion. Cela s'applique surtout au théâtre baroque. Mais cela aboutira en fait à une distanciation et dénégation. Le spectateur de théâtre oscille entre 2 états, celui d'une croyance en la réalité de la pièce, créée par l'illusion mimétique, et celui d'une dénégation de la réalité de ce qu'il regarde par les rappels qu'il est au théâtre. [...]
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