Le monde tourne aujourd'hui au rythme de la mondialisation. Lorsqu'on parle de mondialisation on pense au premier abord à une ouverture de l'économie à un niveau mondial, mais la mondialisation est loin de se limiter à ce domaine et touche tout un panel d'activités humaines : industrie, services, social, politique, culturel, et linguistique. Comme dans toute évolution, on peut y trouver des avantages tout comme des inconvénients. Aux niveaux culturel et linguistique, qui nous intéressent plus particulièrement dans ce travail, les partisans de la mondialisation la défendent en avançant qu'elle permet à l'homme d'ouvrir ses horizons d'un point de vue culturel en lui donnant accès à des sociétés, des langues et des visions différentes du monde qui ne peuvent que l'enrichir. Ses détracteurs avancent quant à eux de nombreux arguments qui noircissent ce tableau en montrant du doigt la mondialisation comme responsable d'une normalisation des rapports humains, d'une disparition des particularités ainsi que de l'émergence d'un standard culturel. Le domaine linguistique ne semble pas échapper à cet argument de normalisation des rapports humains. En effet, l'essor des échanges internationaux réclame une compréhension entre des personnes qui ne s'expriment souvent plus dans une même langue maternelle. Dans un tel contexte, comme le dit le linguiste français André Martinet, « la tendance à la réduction et à l'élimination finale de la situation bilingue est un trait général et permanent. Pour un individu donné, la vie serait plus simple s'il pouvait, dans toutes les circonstances, faire usage des mêmes unités phonologiques ou grammaticales. Si des pressions de diverses origines s'exercent dans un même sens pendant assez longtemps, l'une des langues en présence va tendre à disparaître. ». C'est en 1982 qu'André Martinet formulait ce constat. Vingt-six ans plus tard, peut-on constater que les prédictions fatalistes de Martinet quant à l'avenir de la diversité des langues étaient justes?
[...] Dans ce contexte de fort déséquilibre linguistique et social à l'intérieur d'un même pays l'accès au bilinguisme prend une valeur particulière. L'apprentissage du français pour les créolophones n'est pas qu'un moyen de s'ouvrir vers l'extérieur (comme c'est le cas pour l'apprentissage de l'anglais pour les francophones par exemple), mais parfois une réelle nécessité puisque quasiment tous les textes administratifs ou législatifs sont rédigés dans cette langue. Dans ce pays se contenter de donner un statut de langue officielle au créole est loin d'avoir suffi à assurer le recul du déséquilibre linguistique. [...]
[...] On Biocultural Diversity. Linking Language, Knowledge and the Environment. Washington & London: Smithsonian Institution Press St CLAIR R.N Review of Robert Phillipson Rights to Language: Equity, Power, and Education. Mahwah, New Jersey & London: Lawrence Erlbaum Associates. Language Problems & Language Planning 25: Webographie AMMON Ulrich, (2001), L'anglais puissance mondiale ? sur le site Forum franco-allemand. http://www.leforum.de/artman/publish/article_166.shtml KUSHNER Eva (Université de Toronto) L'anglais comme langue globale : problèmes, dangers, opportunité Sur le site de Cairn http://www.cairn.info/revue-diogene-2002-2-page-21.htm MAURAIS Jacques, (2005), Allocution d'ouverture des journées scientifiques de Moncton. [...]
[...] Ceci est d'autant plus vrai pour les langues essentiellement orales. Elles sont en effet les plus menacées de disparition, car, puisqu'aucun texte n'est écrit dans ces langues, leur transmission reste essentiellement orale, ce qui aura pour conséquence qu'elles s'éteindront peu à peu en même temps que leurs derniers locuteurs et seront alors à jamais perdue. Une politique linguistique peut également agir sur la position d'une langue dans la société, sur son statut (officiel ou non), sur les relations qu'elle entretiendra avec les autres langues du territoire (place relative occupée dans les médias, l'administration, l'éducation). [...]
[...] C'est le cas par exemple dans un grand nombre de pays d'Afrique où la langue officielle du pays est la langue héritée du colonialisme alors qu'elles ne sont pas les langues nationales ou les plus parlées par la population du pays. Les choix politiques au niveau du statut officiel ou non des langues peuvent ainsi avoir un rôle très important sur leur développement et leur survie. La survie d'une langue minoritaire ou d'une langue d'origine va également dépendre de facteurs personnels. Le langage est avant tout un instrument de communication entre des individus partageant une même culture et une même vision du monde. Pour tous les êtres humains, la langue maternelle est chargée de sens et d'émotion. [...]
[...] Cette situation ne se produit évidemment et malheureusement pas pour toutes les langues minoritaires menacées. Dans la majorité des cas, les chances de survie de ces langues sont proportionnelles à l'effort politique visant concrètement à les protéger et à favoriser leur développement. Sans une réelle organisation en matière de gestion de la langue, toute langue minoritaire est vouée à disparaître sous l'influence des langues concurrentes au statut plus prestigieux. C'est ainsi l'ampleur des politiques dont se dote un état à l'égard de ces minorités qui détermine en grande partie le développement ou la disparition des langues en danger. [...]
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