Le terme d'antonymie fut forgé au milieu du XIXème siècle pour désigner une relation entre deux mots opposée à celle de synonymie. Ces deux termes trouvent leur origine dans la langue grecque : synonyme vient de sunônumos (sun signifiant avec, onoma le nom), antonyme de anti (contre) et anoma le nom. Un synonyme se caractérise donc par sa ressemblance avec un autre nom, c'est en somme un mot ayant la même nature et le même sens qu'un autre contrairement à l'antonyme qui est caractérisé par une opposition sémantique. Si l'on continue à examiner l'antonymie en la comparant à la synonymie, on peut dire que la première semble indispensable au langage et qu'elle joue un rôle essentiel dans toute langue : il est impossible de la supprimer. Prenons l'exemple tout simple d'une feuille de papier : les deux faces de cette feuille se nomment recto et verso, ces deux mots sont contraires, ce sont des antonymes et on ne peut imaginer la suppression d'un des deux, pas plus qu'on ne peut imaginer une feuille sans un des deux faces. L'antonymie est donc constitutive du découpage de la réalité effectuée par les hommes. On pourrait au contraire tout à fait imaginer un langage sans synonymes puisqu'ils ne sont en fait que pure tautologie. Il s'agirait en fait d'une langue où il n'y aurait qu'un mot adéquat pour désigner une chose, une qualité, une action. Il nous faut encore préciser que dans une langue tout mot ne dispose pas forcément d'un synonyme ou d' antonyme. Par ailleurs, un mot qui est polysème c'est-à-dire qui a plusieurs sens peut avoir plusieurs synonymes ou antonymes. Prenons l'exemple de l'antonymie puisque c'est ici notre sujet : lorsque l'on parle d' « une femme forte », l'adjectif « fort » peut porter sur la corpulence de la femme, auquel cas l'antonyme sera une femme mince ou sur la force physique ou sa santé auquel cas l'antonyme sera une femme faible.
[...] Antonymes contradictoires donc mais tout de même pas totalement absolus. Weinen et lachen semblent eux aussi être contradictoires à première vue si l'on se référe aux définitions du Duden : Weinen : - als Ausdruck von Schmerz, von starker innerer Erregung - Tränen vergieBen - bitterlich weinen (pleurer à chaudes larmes) - Weinkrampf (crise de larmes) Lachen : - durch eine Mimik, bei der Mund in die Breite gezogen wird, die Zähne sichtbar werden und zugleich durch eine Abfolge, stoBweise hervorgebrachter, unartikulierter Laute, Freude, Erheiterung, Belustigung erkennen lassen On voit donc ici de nombreuses oppositions : pleurer est causé par la tristesse ou la douleur, rire par la joie, dans le premier cas il y a des manifestations physiques sonores ou visuelles qui sont les larmes et les sanglots, de l'autre ce sont le rire, la bouche ouverte laissant voir les dents. [...]
[...] Ce verbe s'applique donc pour une matière comme du tissu. ZerreiBen a un emploi beaucoup plus large man kann einen Brief, einen Foto zerreiBen, das Raubtier zerreist seine Beute mais il peut également s'appliquer à un tissu : ich habe meine an den Dornen meine Strümpfe zerrissen, er zerrisst seine Kleider ZerreiBen signifie en fait déchirer ou trouer. On peut dire que ces deux termes sont des antonymes contradictoires dans le sens où l'un deux désigne une fermeture et l'autre une ouverture, une déchirure. [...]
[...] La troisième relation d'antonymie de cette catégorie est celle entre le nom Streit et celui de Friede Si l'on s'appuie encore une fois sur les définitions du Duden, on remarque la complexité des rapports entre ces deux termes : Friede : - Zustand des inner oder zwischenstaatlichen Zusammenlebens - Ruhe Harmonie - jmdn in Friede lassen Streit : - sich auseinander-Setzen - Zanken mit einem persönlichen Gegner - sich zum Streit rüsten - die Trommel schlug zum Streit On remarque donc qu'il y a plusieurs sens communs à ces deux termes. Ils peuvent désigner l'état de la relation d'une personne avec une autre mais également l'état des relations entre deux Etats. Dans les deux cas on peut définir la relation d'antonymie comme une antonymie polaire où Friede serait comme une sorte de milieu du continuum avec d'une côté des relations de bonnes entente et de l'autre des relations conflictuelles. Streit ne constitue pas pour autant l'extrémité du continuum, un mot comme Krieg est par exemple beaucoup plus fort. [...]
[...] II Classement et analyse des antonymes. Le premier texte sur lequel va porter notre analyse se situe au début de la première partie de l'Ecclésiaste dans l'Ancien Testament et s'intitule Alles hat seine Zeit, Temps et Durée dans la traduction française de la Bible de Jérusalem. C'est sur la traduction allemande que portera notre étude. Dans ce texte, l'antonymie est mise en valeur. Les vers sont courts et caractérisés par l'anaphore hat seine Zeit située en fin de vers et mettant ainsi le début en valeur c'est-à-dire l'antonyme. [...]
[...] Au premier coup d'œil, il semblerait qu'il marche par paire d'antonymes même. C'est ce qu'il va falloir analyser. Quel classement d'antonymes peut-on dégager de ce texte ? S'agit-il vraiment d'antonymes à chaque fois ? Quelle fonction littéraire et sémantique de l'antonymie ? Des antonymes contradictoires qui s'excluent En ce qui concerne les deux premiers termes planzen et ausreiBen on note qu'à la suite du second verbe est précisé was gepflanzt ist La précision du contexte renforce donc l'antonymie. [...]
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