Michel Foucault, dans le Raymond Roussel, effectue un travail d'analyse dont l'objectif est de montrer comment l'écrivain Raymond Roussel travaille avec les règles de l'écriture, joue avec ces règles afin de créer une rupture d'abord avec le mode d'écriture traditionnel, en instaurant des règles contraignantes et personnelles, et ensuite une rupture avec la langue elle-même. Michel Foucault montre ainsi comment Raymond Roussel a su créer un « monde » limité par ses propres règles du langage.
À partir de l'œuvre Comment j'ai écrit certains de mes livres, nous sommes introduits par Foucault au secret du langage de Raymond Roussel. Quelques questions préliminaires se posent quant au statut de cette œuvre :
-Est-elle une « clef » de lecture, une explication apparente ? nous pouvons nous poser ce problème : la « réelle » clef peut être cachée sous le prétexte de la révélation.
-Serait-ce une invitation à chercher d'autres secrets ? Elle délivrerait des vérités partielles sur l'œuvre de Roussel qui éclaire telle ou telle partie de l'œuvre.
-Décrirait-elle un procédé qui délimite un « terrain de jeu » qui protège le langage, à l'intérieur duquel il lui laisse une grande plage d'imagination. Le procédé serait le seuil de l'œuvre qui ne dirige pas l'œuvre : l'œuvre est « distincte » mais pas expliquée.
[...] Second procédé Alors que le nombre de variations possibles était celui des rubriques offertes pour un même mot par le dictionnaire ou l'usage, dans ce procédé la phrase éponyme est inconnue, elle est pulvérisée. Exemple : J'ai du bon tabac in La Bête et la Moresque J'ai du bon tabac dans ma tabatière devient jade tube onde aubade en mat à basse tierce et donne ainsi tous les éléments du début du conte. Tu n'en auras pas devient Dune en or à pas le poète laissant des traces de pas sur le sable d'une dune. ( Prendre une phrase ( En tirer des images en la disloquant. [...]
[...] Conclusion Nous parlions de fascination : l'œuvre entière de Raymond Roussel en a suscité. De nombreuses critiques, de nombreuses reconnaissances, dans les années 1950, lui viendront par la suite : les surréalistes d'abord, puis d'autres critiques se pencheront sur, voire se passionneront pour les écrits de Roussel. Il faudra attendre les années 1960 pour qu'arrive la gloire tant espérée. Fascination qui, par ailleurs, peut être considérée comme l'unique élément réel lié à l'œuvre, dans l'hypothèse où toutes les images présentes (du décor à l'intrigue, les éléments constitutifs des romans) ne sont que le fruit des hasards du langage. [...]
[...] La thèse soutenue par Foucault est la suivante : le langage de Roussel serait un système de verrous incertain et donc inquiétant pour le lecteur, et non une parole initiatique révélatrice de vérité. La première question que nous nous posons est celle-ci : comment comprendre ce que Foucault désigne par système de verrous ? Comment l'utilisation des outils du langage (non seulement les termes, mais aussi leur existence sonore (par exemple la prononciation des mots, l'homonymie) et leur signification (la synonymie, l'écart de signification entre deux homonymes)) peut-il créer un espace verrouillé ? [...]
[...] Mais Foucault, quant à lui, propose une troisième hypothèse : le langage est la troisième voie celle qui réunit l'œuvre et la maladie. Finalement, nous pourrions dire que le langage est un trait d'union entre ces deux dimensions du personnage. Le langage n'est-il pas ici entre l'œuvre et la folie, un lieu vide et plein, invisible et inévitable, de leur mutuelle exclusion ? L'œuvre et la maladie tourneraient donc autour de leur incompatibilité qui, au final, les lie. C'est un vide creux solaire créé par l'exclusion mutuelle de ces deux termes, vide que comble l'espace du langage. [...]
[...] Ici, Roussel soumet la forme du langage aux aléas d'une destruction explosive. Selon lui, le procédé est poétique, car il y a création imprévue due à des combinatoires phoniques Locus Solus a été écrit comme cela du procédé à l'être du langage Comme nous l'avons vu, Foucault soutient la thèse selon laquelle le langage de Roussel est systématiquement verrouillé. Les machineries de Roussel ne fabriquent pas de l'être ; elles maintiennent les choses dans l'être.[8] Un langage, grâce à ces machines, qui ouvre un espace clôt, en déterminant un seuil et une clef. [...]
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