Laurent Chifflet publie en 1659 son Essay d'une parfaite grammaire de la langue française. Par ce titre, il inscrit sa grammaire dans l'idéologie propre au classicisme : la perfection. Il recherche donc tant la clarté que l'exhaustivité. Père Jésuite, Chifflet ne se pose pas en modèle de savoir mais de rigueur méthodologique. C'est pourquoi il annonce « il pourrait bien arriver que de plus sçavants que moy apprinsent icy quelque chose, quand ce ne seroit qu'à former les Règles du langage plus exactement et plus judicieusement » ( Préface au lecteur). Mais avant tout sa grammaire est vouée à l'enseignement de la langue et s'en ressent.
Cette grammaire possède historiquement un intérêt tout particulier. Précédent d'un an celle de Port Royal, elle montre bien combien deux théories très éloignées peuvent coexister. En effet la grammaire de Chifflet reste très conservatrice, tandis que la grammaire générale et raisonnée, par son étude systématique et logique de la langue nous mène à une conception très proche de celle que nous possédons aujourd'hui.
Nous étudierons dans un premier temps les formes que relève Chifflet, puis les emplois qui sont faits de l'article ; enfin nous montrerons qu'il s'agit de la grammaire d'un praticien.
[...] Ce choix témoigne d'une première marque de reconnaissance. Néanmoins, Chifflet reste en marge des innovations grammaticales qui ont pu montrer que l'article était une partie d'oraison autonome. Lefèvre d'Etaples dans sa Grammatographia ad prompte citoqie discendam grammaticen proposait déjà une équivalence, quoique non explicitée, entre les articles français et les démonstratifs latins. Par la suite, Palsgrave, Meigret ou Maupas ont chacun à leur tour considéré 9 parties d'oraison (et non plus huit comme les grammaires grecques et latines) parmi lesquelles l'article. [...]
[...] Analyse de l'article dans Essay d'une parfaite grammaire de la langue française de Laurent Chifflet Introduction Laurent Chifflet publie en 1659 son Essay d'une parfaite grammaire de la langue française. Par ce titre, il inscrit sa grammaire dans l'idéologie propre au classicisme : la perfection. Il recherche donc tant la clarté que l'exhaustivité. Père Jésuite, Chifflet ne se pose pas en modèle de savoir mais de rigueur méthodologique. C'est pourquoi il annonce il pourrait bien arriver que de plus sçavants que moy apprinsent icy quelque chose, quand ce ne seroit qu'à former les Règles du langage plus exactement et plus judicieusement (Préface au lecteur). [...]
[...] L'emploi syntaxique des articles se fait en parallèle d'un emploi sémantique, suivant l'acception du nom qu'il accompagne. Le Défini emploi sémantique Le défini correspond avant tout chez Chifflet à un emploi spécifique on entend bien que c'est d'un tel Roy en particulier Section II, qui s'effectue sur trois niveaux : déictique ou qui règne présentement Section II, anaphorique ou duquel on aurait fait mention dans le discours Section II, ou par détermination Mais si l'on ajoute quelque chose, qui spécifie cette signification indéterminée et la restreigne à quelque sujet particulier, alors on se sert de l'article défini section III, 3). [...]
[...] Règles d'usage de l'emploi du défini Chifflet simplifie l'ensemble des règles d'emploi de l'article défini suivant l'usage au nominatif : Tous les Noms qui ont l'article, le ou la, au Nominatif, se déclinent par l'indéfini (section III, 1). Chifflet remarque ainsi (section III, que l'article défini s'emploie potentiellement toujours devant tous les noms appellatifs (noms communs), règle qui ne s'annule, logiquement, que lors de l'emploi indéfini (générique) de l'article. Autrement dit, hors contexte, tout nom appellatif emploie naturellement l'article défini. Il note également l'emploi de l'article défini devant certains noms propres de rivière, de montagne, de lieu, de provinces et royaumes, auxquels s'ajoutent le Soleil et la Lune (section III, 1). [...]
[...] Alors que la grammaire interdit que deux particules de même nature se suivent, Chifflet s'autorise ces redoublements à de, à des (indéfini datif, II, pourtant condamnés par Meigret. Se pose enfin le problème du pluriel de un Chifflet affirme qu'elle n'existe pas mais la cite en tant que telle. Ainsi, section III, paragraphe 9 il m'a envoyé d'excellents livres devient des livres excellents Or il n'existe pas à l'accusatif de forme des pour le pluriel. Il s'agit là, si ce n'est du pluriel de un, d'une forme non expliquée. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture