Cet article, écrit par Annie-Claude Demagny et Urszula Paprocka-Piotrowska, traite le développement du lexique verbal et des connecteurs temporels chez des sujets francophones et polonophones (4, 7, 10 ans) et chez des adultes polonophones apprenant du français L2.
Il s'agit, en fait, d'une recherche sur la manière dont se développent les répertoires des procès et des connecteurs temporels dans l'acquisition de la langue maternelle et dans l'acquisition d'une langue seconde. L'article s'organise en trois grandes parties qui sont l'acquisition des deux langues maternelles (française et polonaise), l'acquisition de la langue seconde (le français par des polonophones L1) et une comparaison de ces deux types d'acquisition.
La méthodologie consiste à s'intéresser aux structures verbales (s'intéresser à sept classes de verbes dont trois catégories grammaticales (auxiliaires, copule (présentatifs et existentiels), verbes support) et quatre catégories sémantiques (Verbes de mouvement, verbes de dire, verbes de perception, verbes de phase)) et adverbiales (adopter la typologie des adverbes temporels proposée par Klein : des adverbes temporels de position (après, ensuite, etc.) qui spécifient l'intervalle temporel selon leur contenu lexical et aussi selon l'information contextuelle, les adverbes de fréquence (souvent, toujours, etc.) qui caractérisent lexicalement la fréquence d'un intervalle temporel auquel est associé un contenu lexical, les adverbes de durée (pendant, longtemps, pour un moment, brièvement, etc.) qui spécifient le temps pendant lequel une entité temporelle est maintenue et les adverbes de contraste (toujours, encore, déjà) qui servent à comparer deux intervalles temporels).
Pour montrer la richesse du lexique des procès et des connecteurs temporels, deux démarches ont été adoptées. Il s'agit de faire d'abord le relevé des verbes et des connecteurs temporels pour calculer ensuite l'indice de Guiraud adapté (nombre total de mots différents divisé par la racine carrée du nombre total de mots énoncés). Cette formule est appliquée enfin sur les verbes (nombre de verbes différents divisé par la racine carrée du nombre total de verbes) et les adverbes (nombre total de connecteurs temporels différents divisé par la racine carrée du nombre total de connecteurs temporels).
Le travail des deux chercheuses consiste à raconter le récit d'un film muet par six groupes formés par des apprenants du français langue seconde (adultes polonophones répartis en deux niveaux : niveau 1 (4 ans d'apprentissage en milieu guidé (A1)) et niveau 2 (6 ans d'apprentissage en milieu guidé (A2)), par des enfants francophones et polonophones natifs de 4, 7 et 10 ans et par deux groupes de contrôle (adultes natifs francophones et polonophones).
[...] C'est le même cas de figure pour les enfants français de 10 ans qui sont proches des adultes de même L1 dans les choix des copules, des semi-auxiliaires modaux ou des verbes de phase (copules fréquentes, les verbes de dire et de perception se développent très nettement : items verbaux beaucoup plus précis). En ce qui concerne les connecteurs temporels, elles remarquent l'importance des adverbes temporels de position quel que soit le groupe. Ces adverbes permettent l'évolution de la narration. Le groupe contrôle d'adultes francophones utilise des adverbes de contraste alors que les polonophones en usent 10%. Elles mentionnent une évolution chez les enfants francophones de 4 et 7 ans suivie d'une évolution inverse entre 7 et 10 ans. [...]
[...] Pour montrer la richesse du lexique des procès et des connecteurs temporels, deux démarches ont été adoptées. Il s'agit de faire d'abord le relevé des verbes et des connecteurs temporels pour calculer ensuite l'indice de Guiraud adapté (nombre total de mots différents divisé par la racine carrée du nombre total de mots énoncés). Cette formule est appliquée enfin sur les verbes (nombre de verbes différents divisé par la racine carrée du nombre total de verbes) et les adverbes (nombre total de connecteurs temporels différents divisé par la racine carrée du nombre total de connecteurs temporels). [...]
[...] L'apprenant des langues secondes, qui a acquis les concepts fondamentaux dans l'enfance, n'a pas à effectuer ce travail cognitif : il doit déconstruire la grammaire de sa langue maternelle pour se rapprocher du discours de la L2. Après avoir fait la synthèse de cet article, une partie critique s'avère nécessaire. Je remarque d'abord que la méthodologie adoptée par Annie- Claude Demagny et Urszula Paprocka-Piotrowska est claire voire classique. Dans chaque partie, elles commencent par faire des observations concernant l'acquisition du lexique verbal et des adverbes temporels pour finir par une synthèse. [...]
[...] L'organisation générale de la narration se caractérise par l'emploi des adverbes temporels qui permettent de suivre la progression du texte. La durée des évènements n'est pas exprimée et la réitération est rare au moyen des adverbes. Ignorant le plus-que-parfait utilisé par les francophones, les Polonais utilisent les adverbes temporels pour marquer l'antériorité. La seconde partie concerne l'acquisition de la L2. En effet, les apprenants A1 se situent entre le groupe d'enfants de 7 ans et celui de 10 ans alors que les apprenants A2 ont le même niveau que les enfants francophones de 10 ans. [...]
[...] Les niveaux A1 et A2 utilisent le marquage temporel pour marquer la perfectivité. La lexicalisation des phases du procès semble difficile à acquérir par les polonophones (recourir à un perfectif et à un semi-auxiliaire). Les apprenants L2 se marquent par la difficulté d'exprimer le mouvement puisque l'expression du mouvement n'est pas familière pour ces apprenants. Il y a une évolution progressive des apprenants puisqu'ils commencent à se rapprocher des francophones natifs (usage des copules intégrées rapidement chez les apprenants polonophones, des semi-auxiliaires et des verbes de phase). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture