Communément, on se doit d'accorder le sujet et le verbe. Mais on se rend compte que souvent, à l'oral comme à l'écrit, certains sujets figés, certaines expressions donnent lieu à des accords paradoxaux : en atteste le très critiqué « espèce de », souvent maladroitement accordé au masculin. En y regardant de plus près on se rend compte que beaucoup de sujets figés peuvent être problématiques vis-à-vis de l'accord, en genre comme on vient de le voir, mais surtout en nombre : il existe tout une panoplie de sujets collectifs (« beaucoup de », « nombre de », « une grande part de », « plus d'un », parfois paradoxaux : « moins de deux » est collectif…) qui sous-entendent une nuance, une rencontre ambiguë du singulier et du collectif parfois difficile à déterminer. Or il s'agit de se demander comment se manifestent les variations d'accord de ces cas problématiques, et comment cette influence se traduit dans la rédaction des règles de grammaires. Pour plus de clarté et de singularité, on étudiera plus particulièrement le cas de « la plupart de », sujet agglutinant, sémantiquement singulier et féminin et dont le paradoxe de l'accord se manifestera très souvent en nombre, mais aussi parfois en genre… Il s'agira de repérer, par la mise en relation de grammaires et d'un corpus hétéroclite, les grandes tendances de l'accord, et les lois implicites qui finalement le régissent. Notre analyse se déroulera sur 4 parties :
1ème partie : « La plupart de » comme collectivité : masculin / féminin pluriel
2ème partie : « La plupart de » comme ensemble faisant partie d'un ensemble : féminin / masculin singulier
3ère partie : « La plupart de » suivit par un pronom
4ème partie : la question d'un choix possible et les lois implicites qui le motiveraient.
[...] Le sens collectif du substantif est renforcé par le pluriel du complément ; cependant, l'article maintient le substantif au singulier. Selon que le parleur veut souligner le substantif ou le complément, la forme verbale varie. La plupart est donc un sujet collectif plus ouvert qu'on ne le pensait : selon le trait sémantique que le locuteur cherche à souligner, l'accord se portera sur tel ou tel signifiant et appuiera son sens : et c'est bien le contexte qui posera l'accord tacite entre locuteur et auditeur. [...]
[...] Il est de même tout à fait improbable pour le Grevisse (1988), qui dit qu'il doit rester exceptionnel avec un pronom collectif. L'accord à la 1ère personne du pluriel est acceptable et utilisé dans la plupart des cas avec le pronom nous : La plupart d'entre nous n'étions que des enfants (Farrère, seconde porte) : dans ce cas précis, il se peut que des enfants détermine aussi l'accord. On n'a pas trouvé d'exemple d'accord au singulier avec ce pronom, pas plus qu'avec l'accord à la 2ème personne du pluriel, qui est pour le coup très rare. [...]
[...] L'accord des sujets collectifs : petite étude sur la plupart de Communément, on se doit d'accorder le sujet et le verbe. Mais on se rend compte que souvent, à l'oral comme à l'écrit, certains sujets figés, certaines expressions donnent lieu à des accords paradoxaux : en atteste le très critiqué espèce de souvent maladroitement accordé au masculin. En y regardant de plus près on se rend compte que beaucoup de sujets figés peuvent être problématiques vis-à-vis de l'accord, en genre comme on vient de le voir, mais surtout en nombre : il existe toute une panoplie de sujets collectifs beaucoup de nombre de une grande part de plus d'un parfois paradoxaux : moins de deux est collectif ) qui sous- entendent une nuance, une rencontre ambiguë du singulier et du collectif parfois difficile à déterminer. [...]
[...] Dans le corpus, la plupart des phrases témoignent de cette valeur dominante du pluriel La plupart des gens, me dit-il, envient le bonheur de notre état, et ils ont raison. (Montesquieu, Lettres persanes), au 17ème siècle ; La plupart des voitures reviennent dans un état lamentable (Pimp my ride, émission populaire - MTV), au 21ème siècle, ou dans un texte à visée didactique La plupart sont faits, en dessus, en parasols épais (B. de Saint Pierre, les Champignons, 18ème siècle.) Le Petit Larousse atteste aussi cette valeur plurielle, comme La grammaire d'aujourd'hui (Arrivé, Gadet, Galmiche- 1986) qui explique que les expressions quantitatives suivies d'un nom au pluriel déterminent l'accord au pluriel. [...]
[...] Ainsi au 19ème siècle : La plupart de son âme est captive (Jouhandeau, M. Godeau) ; et au 21ème siècle : L'immense plupart de nos perceptions et pensées est sans conséquences (Valéry, Mauvaises pensées et autres). Ainsi à travers Valéry on observe l'émergence et la propagation de nouvelles techniques d'écritures qui tendent vers l'originalité, la pureté du signifiant, et qui dans le cas précis de la plupart de peuvent laisser envisager, pas forcément un retour à l'usage ancien, ou plutôt étymologique, mais plutôt une perduration intéressante de cette forme dans le jeu, et la recherche littéraire. [...]
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