Si l'invention de l'écriture a ralenti l'évolution des langues en les fixant, elle a aussi montré à l'homme qu'il parlait vite. Ainsi, les Grecs se posaient déjà la question d'écrire aussi vite que l'on parle, ce qui menait à la fin du XIXe siècle à des méthodes de Sténographie pouvant rendre un débit de parole humaine à l'écrit. Cependant rares sont ceux qui maitrisent ces techniques à ce point travaillées qu'elles deviennent inintelligibles au non-initiés par la quasi invention d'une écriture. Les étudiants, les enseignants et les journalistes se sont donc individuellement adaptés au débit de la parole et aux contraintes de l'écriture. Le rapport séculaire aux prises de notes s'est particulièrement intensifié depuis une cinquantaine d'années avec l'accès de plus en plus massif à l'enseignement supérieur et aux professions intellectuelles. La technologisation de la société depuis dix ans a paradoxalement encore accentué ce phénomène d'abréviations en réinstaurant une place de première importance à l'écriture (alors que la technologie permet à l'humain de dicter son texte et de le corriger à sa place), ajoutant de nouvelles données au problème, et répandant encore un éloignement de l'écriture orthographique et standard de la langue (...)
[...] Ce dernier effort d'attention aurait ainsi pu être préjudiciable aux données même de la liste; un ennui pouvant conduire à des réponses moins attentives et plus aléatoires. Cependant nous avons essayé de compenser cela avec la diversité des étapes, le questionnaire étant différent de l'entretien et ce dernier de la liste, on peut penser que l'on a optimisé l'attention du témoin en lui présentant chaque fois du nouveau Conclusion Cette enquête offre plusieurs voies de réflexion. Elle pousse premièrement à questionner les réponses habituelles quant aux abréviations de gain de temps ou de facilité Elles sont loin d'être si rapides et si faciles à mettre en œuvre, comme en témoigne les prises de notes massivement non abrégés, ou très rapidement normalisées, et le manque d‘intérêt pour la sténographie. [...]
[...] Il faudrait peut-être donc mesurer cela avec un enquêteur qui utiliserait volontairement des abréviations et regarder le résultat sur son interlocuteur. On pourrait ainsi en faire une conclusion de consensus mimétique. On peut enfin se poser la question de la spontanéité différenciée entre l'écrit et l'oral. Y-a-t'il un retour plus important sur ses paroles à l'écrit, en messagerie instantanée, en courriel, que face à un dictaphone ou un calepin ? Complexité et lourdeur du protocole Une dernière critique que l'on peut formuler à notre travail est sa lourdeur. [...]
[...] Les phénomènes de mode pourraient aussi être étudiés. Un autre pan des investigations pourrait être plus méthodologique. Ainsi de la standardisation d'un instrument qui pourrait mesurer l'attitude pro- ou anti-abréviation. La détermination des stratégies entre choix général d'utiliser ou non ce que l'on connait, ou d'en utiliser un certain nombre (la question de l'existence d'un rapport ou d'une quantité). Enfin il pourrait être très intéressant d'étudier les inter-influences entre le propos du témoin, le rapport à l'enquêteur et le style d'écriture conséquent chez le témoin. [...]
[...] (Maxime) On pourrait faire remarquer que c'est un problème courant et pourtant résolu par de nombreux professionnels de l'enseignement. D'aucuns diront qu'il suffit d'introduire une première fois le mot dans son entier en le faisant immédiatement suivre de son abréviation (cette technique est utilisée officiellement avec les acronymes), afin de pouvoir l'utiliser à sa guise après. L'abréviation étant à un point du discours explicité, on n'a plus de crainte de l'oublier, et cela permet même d'utiliser les mêmes abréviations (en cas d'initiales par exemple) dans des discours différents avec des sens différents. [...]
[...] Ecritures non standards (systèmes d'abréviations) & représentations des locuteurs: des différences selon les seuls supports ? Introduction : les abréviations dans la vie quotidienne. Si l'invention de l'écriture a ralenti l'évolution des langues en les fixant, elle a aussi montré à l'homme qu'il parlait vite. Ainsi, les grecs se posaient déjà la question d'écrire aussi vite que l'on parle, ce qui menait à la fin du XIXe siècle à des méthodes de Sténographie pouvant rendre un débit de parole humaine à l'écrit. [...]
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