Sciences humaines et arts, Linguistique espagnole, subjonctifs en -ra, subjonctifs en -se, volubilité réflexive, signifiants, indicatif, imparfait, syntaxe, enchaînement discursif, inactualité subjonctive, antériorité modale
Je voudrais revenir sur une question qui a fait couler beaucoup d'encre au sein des études sur la langue espagnole, à savoir les subjonctifs imparfaits. Cette volubilité réflexive prend très certainement sa source dans une "anomalie" du système actuel. L'histoire des langues montre qu'il est rare, pour ne pas dire inconcevable, que deux signifiants distincts recouvrent un signifié unique : très généralement, si un tel état transitoire se produit, on assiste à la disparition de l'une de deux formes ou bien chacune d'elle se spécialise sur une signification particulière. Or cantara et cantase, ces allomorphes, comme on les nomme, font de la résistance depuis maintenant longtemps : trop longtemps même, quoique les décomptes statistiques semblent augurer d'une future disparition de la forme en -se. Pour ne rien arranger, il n'est pas aisé d'expliquer comment la forme en -ra, un indicatif latin, a pu à ce point renier ses origines et devenir subjonctive (après avoir signifié à la fois l'indicatif et le subjonctif du XIIIe au XVe siècle) ; sans compter qu'elle a retrouvé sa valeur initiale de plus que parfait de l'indicatif, comme en témoignent à la fois le langage littéraire et celui des gazettes.
[...] Reste à comprendre pourquoi seule la forme en –ra est utilisée dans ces cas- là, puisque si la forme en –ra est subjonctive et que c'est par le seul biais de l'inactualité subjonctive qu'elle est employée avec valeur d'antepretérito, il n'y a aucune raison que la forme –se ne puisse pas apparaître en ce contexte, comme certains locuteurs semblent le pressentir : « La noticia que esperásemos durante tanto tiempo ha llegado por fin[22]. » À moins de supposer, là encore, que l'origine, la tradition, la mémoire des valeurs antérieures ne prédispose en rien la forme en –se à occuper cette place (puisque seule la forme en –ra possède une hérédité d'accomplie du passé de l'indicatif) et que cette mémoire de la langue bloque les évolutions ultérieures légitimes d'un strict point de vue systémique synchronique. Mais alors, cette mémoire est en quelque sorte à géométrie variable. [...]
[...] C'est ce que nous allons essayer de voir. I. La mutation modale de la forme en –ra À côté de la forme en –se qui n'a subi d'autre mutation que phonétique et temporelle (amavissem, plus-que-parfait du subjonctif) > amase, imparfait du subjonctif), la forme en –ra change progressivement de mode. Dès le Moyen-âge, dans le Cid par exemple, on voit apparaître cette forme dans des contextes où elle se charge d'une signification d'irréelle à côté d'un maintien majoritaire de sa valeur d'accompli du passé : « esta lid bien la fiziérades, mas non quisiestes. [...]
[...] de Bustos Tovar/ J.L. Girón Alconchel (éd.), Actas del VI Congreso Internacional de Historia de la Lengua Española . Madrid, Arco/Libros, vol. I p Vidal Lamíquiz, « Los niveles de actualidad », in Revista Española de Lingüística, t p. 89-96. Miguel Delibes, Cinco horas con Mario, Madrid, Destino libro p Maurice Molho, Sistemática del verbo español, Madrid, Gredos p [7]Jack Schmidely, « Los subjuntivos –ra y –se en Cinco horas con Mario », in Actas del X° Congreso de la Asociación Internacional de Hispanistas, Barcelona, Publicaciones universitarias t.IV, p.1301-1311. [...]
[...] Et Gilles Luquet n'a pas tort lorsqu'il propose de considérer le subjonctif à l'intérieur d'une série de paradigmes verbaux qui le regrouperait avec l'imparfait ou le conditionnel. Ces « temps » (ou « tiroirs verbaux » comme disent certains pour ne pas employer un mot aux connotations malheureuses) ont en commun d'être des « temps d'arrière-plan[28] ». Par-delà la syntaxe, les formes verbales organisent des plans au sein du monde raconté et l'imparfait, par exemple, inscrit toujours un procès dans la dépendance d'un autre qui le surplombe parce que ce dernier asserte la nouveauté par rapport à un fond sur lequel elle s'inscrit. [...]
[...] » Lazarillo de Tormes, Madrid, Cátedra p Rafael Cano Aguilar, “Nuevas Precisiones Sobre Como + Subjuntivo”, Actas del II Congreso Internacional de Historia de la Lengua Española, Sevilla, ARCO/Libros p. 333-345. “Como este rey sopiese / que Panplona era çercada / non se curó ” (FP. Guzmán, Loores) ; “Pues como se sintiese de aquella manera el pobre perro [ ] daba muchos aullidos” (M. Alemán, G. Alfarache) ; “sabed que como yo estuviesse en casa de mi agüela y fuesse ya de quasi dezisiete años, se enamoró de mí un caballero” (Montemayor, Diana). Exemples donnés par Cano Aguilar, op. [...]
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