La définition de l'homme comme "animal parlant" (zôon lokigon) remonte au commencement de la philosophie. C'est Aristote qui l'a mise en lumière. Il faut rappeler qu'en grec ancien, la même expression (zôon lokigon) signifie "animal doué de raison". Ce n'est pas un hasard, car langage et rationalité manifestent une même capacité humaine : celle de symboliser, de forger des idées générales et des représentations, celle également de classer et de déduire.
[...] Or dans un code quelconque, l'information précède l'encodage, qui a pour but de "l'habiller" afin de la transmettre selon un ensemble de "conventions" reconnaissables par une communauté. Le rapport langage/pensée serait donc un rapport instrumental. Il faut s'interroger : un instrument est toujours lié à un usage, mais il peut être plus ou moins bien adapté à cet usage. S'il n'était pas l'instrument idéal de la pensée, cela expliquerait alors la raison pour laquelle nous avons le sentiment, dans certaines circonstances, de ne pas pouvoir dire tout ce que nous pensons comme on le voudrait. [...]
[...] Cette révélation, seulement possible par le dialogue, me donne alors à penser de nouveau et mieux. La pensée d'autrui, à partir du moment où elle est verbalisée, est un défi à la mienne et ce, particulièrement lorsqu'elle se présente à moi sous la forme d'une crititque, d'une remise en cause de mon jugement. C'est cependant, de l'opposition des discours que naîtront de plus grandes, de meilleures idées, que la pensée pourra se réaliser pleinement. Même absent, autrui, parce que nous avons échangé des idées, continue d'inspirer mon raisonnement intérieur et à le faire progresser. [...]
[...] Il faut rappeler qu'en grec ancien, la même expression ( zôon lokigon ) signifie "animal doué de raison". Ce n'est pas un hasard, car langage et rationalité manifestent une même capacité humaine : celle de symboliser, de forger des idées générales et des représentations, celle également de classer et de déduire. Si on ne prend pas le terme "langage" dans un sens léger et métaphorique (comme lorsqu'on parle d'un langage des fleurs, par exemple), dire que le monde humain est un monde de langage, c'est poser une triple série de thèses : sur la nature du langage, sur l'esprit et sur la réalité. [...]
[...] Ainsi dans une langue, un son est associé à une idée. Le lien qui les unit est immotivé, arbitraire, ce qui explique la raison pour laquelle on n'a pas les mêmes signifiants d'une langue à l'autre. La linguistique moderne confirme l'indissociabilité de la pensée et du langage : ce qui se conçoit bien doit en même temps pouvoir être énoncé clairement, il y a toujours un concept pour coïncider avec un signe. La profondeur de la pensée persiste dans l'expression langagière. [...]
[...] Ainsi, selon Bergson, le langage n'est qu'un outil d'adaptation au réel incapable de définir son infinie richesse et sa complexité. Distinguer la pensée et le langage, c'est plutôt affirmer que "l'esprit" est d'essence spéciale et que le langage n'est qu'un vêtement (plutôt un travestissement) qui ne détermine pas l'esprit dans son essence spéciale ni menace l'objectivité du monde "en lui-même", parce que hors de portée. IV/ PAS DE PENSEE SANS LANGAGE Hegel, notamment dans l'Encyclopédie des sciences philosophiques, a montré qu'il n'existe de pensée réelle qu'exprimée dans des mots. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture