Épistémologie, langage, rationalité, crise des sciences européennes, Max Weber, Niklas Luhmann, Hegel, Karl-Otto Appel, Jürgen Habermas, Searle, détective, langage au monde, théorie de l'agir communicationnel, réflexions, Husserl, acte de langage, Kant
Des réflexions précédentes que nous venons de faire, la vie rationnelle apparaît donc comme une vie tout à la fois une et pluralisée, toute la question étant de savoir comment ces différentes formes de vie rationnelle sont susceptibles de s'articuler les unes aux autres dans l'unité d'une même expérience de la raison. On comprend dans cette perspective comment certains philosophes ont été amenés à associer ce débat que la raison peut avoir avec elle-même à un débat portant sur la possibilité même d'habiter un monde commun, de rendre une vie en commun possible dans le monde.
[...] Sans direction d'ajustement : les expressifs Il faut encore ajouter une quatrième catégorie d'acte de langage, ceux que Searle nomme les expressifs. Les expressifs se caractérisent par le fait que leur direction d'ajustement est nulle. En accomplissant un acte de langage expressif, le locuteur ne prétend pas dire quelque chose qui censé correspondre à quelque chose dans la réalité extérieure. Il ne prétend pas non plus dire quelque chose qui devrait être fait. Il n'est pas non plus en train de faire exister déclarativement une nouvelle réalité. [...]
[...] Je suis engagé par ce rapport d'ajustement. Ainsi, si je fais une affirmation, je me vois doté d'une certaine responsabilité, celle consistant à m'être assuré que la croyance que je viens d'exprimer correspond bien à quelque chose dans le monde. Si je fais une promesse, je me vois doté d'un autre type de responsabilité, celle de m'être assuré que je pourrais au moins être matériellement capable d'honorer ce désir exprimé : je ne peux pas promettre d'avoir fini ce syllabus pour demain. [...]
[...] À la fin de la journée, le détective vient rendre compte à l'épouse des observations qu'il a pu faire. Celle-ci constate que son mari a bien réalisé toutes les courses qu'elle lui avait demandé de faire. Même si celui-ci s'est acquitté de sa tâche de façon fort lente, elle n'a aucune raison de l'incriminer. Le cadre de l'histoire étant posé, il nous faut maintenant analyser les différents types de rapport langagier au monde qui y sont impliqués. Au début de l'histoire, le mari reçoit une liste de courses à faire. [...]
[...] On peut donc dire que c'est un acte langagier qui dirige le comportement du mari. Celui-ci accomplit une série de comportements en réponse à un souhait exprimé par son épouse. Cette fameuse liste que le mari reçoit avant de faire ses courses peut ainsi être comprise comme renvoyant à un acte de langage basé sur l'attente d'un ajustement du monde au langage. La direction d'ajustement va du monde au langage. Nous sommes ici dans la catégorie des directifs. Au commencement est l'acte de langage. [...]
[...] Cette quatrième catégorie d'actes de langage est très importante dans la mesure où elle montre qu'il est impossible d'étudier les différents rapports d'ajustement des mots et du monde en faisant abstraction de l'implication du locuteur dans son acte de langage. Comme Searle ne cesse de le répéter, ce n'est jamais la parole qui dit quelque chose. C'est le sujet lui-même qui dit quelque chose en parlant. D. Acte de langage et implication subjective Comme Searle le montre à plusieurs reprises, on trouve dans l'idée d'une direction d'ajustement du rapport des mots au monde l'idée d'une responsabilité. Les mots que je prononce impliquent un certain type de rapport d'ajustement entre eux et le monde. [...]
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