Condamnation des dialectes, patois, unité nationale, langue française, enquête de Grégoire, interdiction
Impulsée par l'ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539 ( qui bannit le latin de l'usage juridique et y assure la domination du français ), celui-ci va subir des évolutions vers une standardisation afin d'obtenir le statut de langue majoritaire vers la fin du 19e siècle. En l'absence d'un statut officiel, la langue de la future nation française était diversifiée en dialectes et patois, qui vont au 18 et 19e siècle subir une condamnation. La politique linguistique de France va favoriser l'expression littéraire et artistique en français et imposer cette langue dans tous les actes officiels qui relevaient de leur juridiction. Un combat difficile puisque jusqu'au milieu du 19e siècle les patois ( d'oïl comme d'oc ) étaient parlés dans une France majoritairement rurale. On se demandera alors Dans quelle mesure peut on parler d'une condamnation des dialectes au 18 et 19e siècles en France ? Dans cette période de grands bouleversements historiques les dialectes/patois non sans résister vont être considérés comme ennemis de l'unité nationale.
[...] A la ville on entend parler la langue nationale et on en a besoin pour communiquer avec l'administration et défendre ses intérêts et les voies de communication y sont développées. A l'inverse a la campagne la communauté villageoise vit encore pour une bonne part en autarcie, l'agriculture y est intensive et l'étranger se repère d'ailleurs par son usage de la langue. x Ainsi comme le soulignait Eugen Weber ( historien américain - travaux sur l'évolution du monde rural surtout au 19-20e siècle ) « [ ] on découvrait une France où le français demeurait une langue étrangère pour la moitié de ses concitoyens » et dont 90% de la population des départements du Gers, de l'Ariege de l'Aveyron du Var et de la Corse ne parlaient pas français en 1864 ( source : carte 'Une Politique de la Langue' ) : Les enfants issus des campagnes ayant été amenés à apprendre le français à l'école mélangeaient la langue populaire et la langue moderne mais cela n'inquiétait pas la royauté pour laquelle il était plus important de faire parler le français que de le faire comprendre. [...]
[...] Durant la monarchie, parler français était encouragé mais la compréhension du peuple était inutile à la bonne marche du pouvoir. Pour la première fois, langue et la nation sont associées. Le morcellement linguistique n'était pas considéré comme un problème dans les premiers temps en raison de l'enthousiasme général face à la nouveauté. La diffusion et l'adhésion des idées révolutionnaires était alors la principale préoccupation. De ce fait, en juin 1790, la constitution décide la traduction des décrets en langues régionales. [...]
[...] ] tout langage différent du français . Ou si au contraire, par le mot ‘patois', vous n'entendez qu'un dialecte du français pur » . Le modèle de référence est pour les érudits la langue parlée « entre Seyne et Loire » ( introduction à l'histoire de la langue française ) sans dialectismes, même parisiens. On comprend alors que malgré la condamnation voulue par l'Etat des idiomes locaux les contours de la ‘norme' sont encore flous, même si la tendance commune à cette époque est de définir ‘patois' ce qui devient étranger à la « Parole de la nation » ( toujours la même source ) et dialecte ce qui renvoie à la ‘multiplicité' et donc ce qui est contraire à l'unité de la langue. [...]
[...] Le français est ensuite voué à se standardiser avec la radio et la télévision et à devenir la première langue parlée sur tout le territoire. Il faut attendre le milieu du XXe siècle pour assister à une reconsidération des dialectes avec la loi Deixionne en 1951 qui permet l'enseignement de certaines langues régionales. Notons cependant que moins d'un siècle auparavant, les dialectes avaient tendance à rester la première langue parlée dans certaines provinces. [...]
[...] Il discrédite ainsi les patois et leurs locuteurs : « Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton, l'émigration et la haine de la république parlent allemand, la contre révolution parle italien et le fanatisme parle basque. » Il compare le territoire français doté d'une grande pluralité linguistique à la tour de Babel, comme une punition de la monarchie. Ce discours engendre la nomination d'instituteurs qui devront œuvrer dans toutes les régions dénoncées par Barère surnommé « l'intransigeant » dans Le français, histoire d'un combat de Claude Hagège. [...]
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