Langage animal
Les textes choisis répondent à deux critères : d'une part, ils traitent de la différence entre l'homme et l'animal du point de vue du langage, et d'autre part, ils s'ancrent tous dans un courant de pensée et/ou une époque différents. Certains textes sont des chapitres entiers alors que d'autres sont des extraits (nous avons sélectionné les passages répondant à nos critères.) Le corpus est le suivant : Descartes, Lettre au Marquis de Newcastle ; Rousseau, chapitre 1 de l'Essai sur l'origine des langues ; Bloomfield, Le langage, pages 30-31 ; Vendryes, chapitre de 1 de Le langage, introduction linguistique à l'histoire ; Benveniste, chapitre 5 du Problèmes de linguistique générale 1 ; Mounin, communication linguistique humaine et communication non linguistique animale de son Introduction à la sémiologie et Linguistique et philosophie.
Comme nous l'avons précisé plus haut, c'est avant tout l'évolution de l'analyse qui nous semble intéressante à mettre en avant ; par conséquent, nous traitons les textes dans un ordre chronologique. Pour chaque texte, les objectifs sont les suivants : faire la synthèse du texte en mettant en avant les notions importantes (sur la différence homme/animal et quand c'est possible, langue/langage/parole), les questions que nous nous posons à la lecture du texte, et la comparaison avec les auteurs précédents (quels sont les critères repris, où se trouvent les ruptures etc.)
[...] Il semble bien que pour lui, la frontière ne se situe pas au niveau de langue et langage, mais au niveau de langue/langage et parole. Rousseau nous affirme que si l'homme n'était pas doté de tels organes (les organes phonatoires), il aurait trouvé d'autres moyens pour communiquer ses pensées. Pour lui, le langage ne dépend donc pas d'un organe spécifique, mais d'une faculté à mettre en œuvre ces organes pour parler. Le langage est donc pour lui une faculté qui permet à l'homme de communiquer ses pensées, et non quelque chose d'uniquement organique. [...]
[...] Selon Vendryes, les deux langages sont naturels. Pourtant, en relisant Rousseau, rien ne nous dit clairement que celui-ci considère le langage humain comme artificiel et non naturel. Nous sommes alors tentées de nous demander si Vendryes rompt réellement avec ce qui a pu se dire avant, ou bien s'il ne fait pas plutôt une sorte de réajustement. Pour Vendryes, le langage des animaux et celui des hommes est donc tout aussi naturel, mais le langage humain se distingue par un degré supérieur, car il est doté d'une valeur objective ; les signes peuvent varier à l'infini puisque fixés par convention : psychologiquement, l'acte linguistique primordial consiste à donner au signe une valeur symbolique. [...]
[...] A noter que Benveniste dit que le langage ne connaît pas cette limitation, mais n'est- ce pas le même type de limitation lorsqu'il y a par exemple du bruit dans une pièce ? Deuxièmement, il n'y a pas de dialogue possible alors que l'essentiel du langage humain, précise Benveniste, consiste dans le fait que nous parlons à d'autre qui parlent 60.) Or, chez les abeilles, le message n'appelle aucune réponse de l'entourage, sinon une certaine conduite, qui n'est pas une réponse 60.) Nous retrouvons d'ailleurs ici un des critères avancés par Bloomfield. [...]
[...] Nous retrouvons d'ailleurs la même idée chez Martinet, dans les Eléments de linguistique générale : le langage qu'étudie le linguiste est celui de l'homme. On pourrait s'abstenir de le préciser, car les autres emplois que l'on fait du mot langage sont presque toujours métaphoriques 7.) Benveniste poursuit en disant que toutes les études précédemment faites n'ont jamais pu mettre au jour un quelconque langage assimilable au langage humain, et que bien que certains animaux émettent des bruits vocaux, cela n'est nullement comparable à la transmission de messages parlés. [...]
[...] Nous sommes tentées de nous demander si Descartes fait référence à ce que Benveniste décrira plus tard comme les déictiques de personne. Se présenter revient-il à dire je ? Se présenter fait-il référence à la conscience de soi ? Nous n'avons pas de réponse clairement arrêtée, mais nous pouvons néanmoins affirmer que selon Descartes, même les hommes dépourvus de raison sont doués de pensées (et sont par conséquent doués de langage.) Ce que Descartes nous dit de la parole permet de comprendre ce qu'il entend par langage. [...]
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