Implicite, sous-entendu, force illocutionnaire, up-take
On soumet à l'analyse quelques fragments tirés des Faux-monnayeurs d'André Gide. Ces extraits sont un exemple évident d'implicite dans la représentation des paroles des personnages. A partir de cette analyse on peut aussi déceler l'implicite présent dans l'interaction des personnages.
[...] - Ça c'est vrai, mon cher ! (André Gide, Les Faux-monnayeurs, Éditions Gallimard p.60) C'est curieux comme vous vous intéressez à lui a la force illocutionnaire d'une affirmation, car le locuteur a l'intention d'affirmer quelque chose, mais cette affirmation insinue qu'il y a une curieuse liaison entre Lilian et Vincent. Le présupposé c'est que l'allocutaire s'est intéressé à lui auparavant. L'uptake illocutionnaire est obtenu, car l'allocutaire a une réaction aux propos du locuteur qui laisse entendre que la tierce personne est quelqu'un d'intéressant. [...]
[...] De plus, l'uptake est accompli parce que l'interlocuteur saisit la vraie intention : Vous le supposez bien On sous-entend que aussi Bernard qu'Edouard haïssent Robert de Passavant, idée qui est renforcée par ce que Bernard dit explicitement je le tuerais L'intention illocutionnaire du locuteur est d'exprimer son opinion sur Robert de Passavant, intention qui au début est déguisée sous le couvert d'une question neutre qui entraîne une affirmation qui sous- entend les vrais sentiments pour Robert de Passavant, ce contenu sous- entendu est l'objet d'un acte de communication et cet acte s'accomplit au moyen de la reconnaissance par l'auditeur de l'intention accomplie par le locuteur. On considère que tout discours a un certain pouvoir. Ce pouvoir a été mis en évidence par la dimension pragmatique du discours, puisque tout discours peut être défini comme ensemble des stratégies dont le produit sera une construction caractérisée par des acteurs, des objets, des propriétés, des événements sur lesquels ils opèrent. Bibliographie Ducrot, Oswald, Le dire et le dit, Paris, Les éditions de Minuit Kerbrat-Orecchioni, Catherine, L'implicite, Paris, Armand Colin, 1986. [...]
[...] L'implicite dans Les Faux-monnayeurs d'André Gide On va soumettre à l'analyse quelques fragments tirés des Faux-monnayeurs d'André Gide. Après la fuite de Bernard de la maison, il se réfugie chez son ami Olivier avec qui, dans ce fragment-ci, il a une discussion sur ce que l'amour signifie. - Tais-toi donc. Si c'est ça l'amour, j'en ai soupé pour longtemps. - Quel gosse tu fais ! (André Gide, Les Faux-monnayeurs, Éditions Gallimard p.38) L'énoncé Tais-toi donc a la force illocutionnaire d'un ordre, car le locuteur a l'intention de donner un ordre à l'allocutaire, mais sous couvert de donner un ordre à l'auditeur il laisse entendre que celui-ci n'a pas raison. [...]
[...] L'énoncé Quel gosse tu fais a comme présupposé Tu agis comme un gosse le présupposé étant inscrit dans l'énoncé tandis que le sous- entendu Tu es immature affirme ce qui est absent de l'énoncé et une condition nécessaire pour que l'énoncé sous-entende le manque de maturité est que cela apparaisse comme une explication de son énonciation. Le fragment suivant est un exemple évident d'implicite dans la représentation des paroles des personnages. C'est une discussion entre Robert de Passavant et Lilian sur Vincent et l'intérêt que Lilian lui porte. - C'est curieux comme vous vous intéressez à lui. - C'est curieux que vous ne le trouviez pas intéressant. - Vous le trouvez intéressant parce que vous êtes amoureuse de lui. [...]
[...] - Si vous ne dormez pas, je voudrais vous demander encore Qu'est-ce que vous pensez du comte de Passavant ? - Parbleu, vous le supposez bien, dit Édouard. Puis, au bout d'un instant : Et vous ? - Moi, dit Bernard sauvagement je le tuerais. (André Gide, Les Faux- monnayeurs, Editions Gallimard p. 273.) Par l'intermédiaire des préliminaires : Si vous ne dormez pas, je voudrais vous demander encore Bernard pose à Edouard une question, qui a la force illocutionnaire d'une requête. [...]
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