Gouverneurs de la rosée, Jacques Roumain, document spécialisé, analyse linguistique, exploitation pédagogique, récit d'événement, récit de paroles, expression de l'oralité, discours direct, monologue intérieur, description panthéiste, nature, méthode audiovisuelle, métalangage, discours littéraire
Le document choisi est un extrait du roman de l'écrivain haïtien Jacques Roumain (1907-1944) qui a pour titre Gouverneurs de la rosée et publié en 1944 en Haïti peu après la mort de son auteur et dès 1946 en France. En janvier 1947, le roman paraît en feuilleton dans le journal L'Humanité accompagnée d'illustrations. Cet homme, grande figure de poète et romancier, fut aussi ethnologue, journaliste, diplomate et est connu également pour avoir été le fondateur du Parti communiste haïtien. Gouverneurs de la rosée est un récit qui se déroule en Haïti à Fonds-rouge, commune qui subit une sécheresse intense due à l'exploitation sauvage des terres agricoles.
[...] L'énoncé textuel de surface tel que le découvre l'étudiant, est constitué d'une suite de mots écrits et d'une chaîne sonore. Mais il est aussi l'aboutissement d'une activité interne. Si l'on part de la combinaison de base constitué d'un groupe nominal et d'un groupe verbal, on s'aperçoit très rapidement qu'il ne s'agit pas d'une simple juxtaposition d'éléments mais que tous entrent en relation les uns avec les autres dont le sens, la force et l'intensité peuvent varier selon l'intention que l'énonciateur a voulu communiquer à travers son énoncé. [...]
[...] Discours direct et Monologue intérieur: Dans l'extrait, de nombreux passages au discours direct se trouvent insérés à l'intérieur de plages narratives. La reproduction "fidèle" du discours cité qu'est censé offrir le discours direct, est en réalité la mise en scène d'une parole dont le signal démarcatif est l'utilisation des tirets ou guillemets. Ici, s'agissant des paroles échangées entre Manuel et Annaïse, la mise en texte passe par l'usage des tirets. Cependant, comme nous l'avons observé plus haut, vient se greffer un ensemble discursif que nous qualifierons de monologue intérieur, bien que la rupture énonciative qu'il instaure soit ambigu. [...]
[...] A l'inverse de l'imparfait qui ne donne pas de limite au procès du verbe, le passé simple le clôt. Ce dernier est donc employé pour les événements qui font progresser la narration et constitue ce que Weinrich nomme "le premier plan" par opposition à l'imparfait qui en constitue "l'arrière-plan". Dans le passage qui nous intéresse, les verbes au passé simple restituent la progression des deux amants vers la source mais aussi leur gestuelle et certaines de leurs réactions. Ce temps est présent aussi dans les propositions incises ("murmura-t-elle fois], s'étonna, dit-elle"), rompant le fil du dialogue. [...]
[...] Selon R.Barthes, la lecture est "la main qui intervient pour rassembler et entremêler les fils inertes". Notons tout d'abord que le passage associe des éléments aux sèmes antinomiques, l'élémentaire et le prosaïque avec des lexèmes désignant les quatre éléments (eau, terre, feu, air) et des références à un univers plus familier (la case, les meubles, le pas de la porte,etc.) mais également des coordonnées spatiales antinomiques comme l'expression du haut et du bas, du vertical ou de l'horizontal, de l'intérieur et de l'extérieur. [...]
[...] En 1974, le réalisateur français Maurice Failevic, tourne un long métrage en Haïti qui sort en France en 1975 sous le titre original du roman de Jacques Roumain. Nous constatons donc que les déterminations externes de la réception du roman, grâce aux multiples canaux qui se sont emparés de sa diffusion ou promulgation, ont évolué et ouvert d'autres horizons d'attente, en mettant à l'honneur non plus le texte d'un écrivain communiste mais celui d'un auteur Haïtien francophone dont nous analyserons la langue plus bas. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture