Développement linguistique, langage oral, lecture labiale, représentation phonologique, surdité
Le sujet de ce travail est d'observer l'impact du Langage Parlé Complété dans la prise en compte de la phonologie, par rapport à la méthode oraliste pure.
Nous allons travailler sur deux études de Jesus Alegria et collaborateurs, écrits à dix années d'intervalle. Le premier est écrit en anglais, le second en français. L'intérêt sera de constater l'évolution des connaissances sur le sujet, de voir quels résultats auront conservé un intérêt suffisamment important pour être réemployés, et quelles grandes conclusions nous pouvons tirer au regard de ces textes.
[...] Elle a permis de montrer que le Langage Parlé Complété réduit les ambigüités de la lecture labiale et se constitue comme un élément important dans le développement du langage oral. Qu'en est-il, à l'écrit, de l'acquisition de la syntaxe de la langue ? En règle générale, le développement de la syntaxe chez les sourds n'est pas efficace. Elle fait l'objet de retards et de déviances spécifiques, liées à l'homophonie labiale, qui se distinguent des erreurs de locuteurs non natifs, par exemple. [...]
[...] Dans les travaux de langue française, quelques études ont malgré tout été menées : les tests d'Hage, Alegria et Périer 1991), montrent que le Langage Parlé Complété permettent à l'enfant de deviner le genre d'un mot. Un autre test a comparé la Lecture Labiale et le Langage Parlé Complété à des niveaux équivalents. Des sourds ayant suivi un enseignement intensif dans l'un ou l'autre des langages ont effectué des tests en vocabulaire, genre, et préposition. Les résultats donnaient un net avantage au groupe LPC. [...]
[...] Résultats de l'étude : L'étude menée par Mcgurk et MacDonald en 1976 a permis de constater que la lecture sur les lèvres avait un effet, appelé maintenant effet McGurk sur les représentations phonologiques tant pour les personnes présentant un déficit auditif que pour les entendants. Ceux-ci tirent comme conclusion de leur étude que le traitement du signal phonologique chez l'entendant se fait en combinant le signal auditif, mais aussi la vision des lèvres. En effet, en faisant différer les signaux visuels et auditifs transmis à la personne, on pouvait constater que le cerveau humain faisait l'amalgame des deux données pour proposer une solution phonologique la plus adéquate possible aux deux signaux. [...]
[...] En se basant sur les travaux menés par Baddeley et Hitch (1974) concernant la mémoire verbale de travail, et les tests de Conrad (1970), on peut voir que les sourds se servent de la boucle phonologique de Baddeley (un codage sous forme phonologique de l'information à des fins de mémorisation et de réactivation) à des fins de mémorisation et de récapitulation. Les sourds (oralistes ou LPC) exploitent la parole intérieure dans le cadre de la mémorisation de lettres. Les représentations phonologiques jouent donc un rôle dans la lecture. Cette tendance s'amoindrit lorsqu'il s'agit de la parole, d'images ou d'objets à intégrer chez les oralistes : la parole intérieure semble moins systématique avec l'utilisation de la lecture labiale que dans l'usage du Langage Parlé Complété. [...]
[...] On se demandera donc, en quelque sorte, si la personne sourde est capable d'acquérir un bon niveau linguistique, en particulier du point de vue phonologique, et si ces acquisitions lui donnent la possibilité de l'exploiter dans sa dimension cognitive pour mémoriser, retranscrire, penser. On a constaté que l'éducation oraliste pure était insuffisante pour permettre ce type de représentation de la langue. Des études de 1979 montrent par exemple que le niveau de lecture des Sourds se stabilisait à un niveau équivalent à celui d'un enfant entendant en deuxième année de primaire. [...]
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