L'œuvre éthique de Spinoza se donne pour mission de rendre l'homme heureux. Elle forme le projet de lui offrir la connaissance pratique nécessaire, afin qu'il puisse atteindre la béatitude à laquelle son esprit aspire.
[...] Quelle valeur éthique possède cette expérience et pourquoi toute connaissance de soi est-elle nécessairement une sortie du soi ? I. VERS LA CONNAISSANCE RATIONNELLE I.1. Vers des affects actifs En quoi l'homme possède- t-il une faculté de raisonner et comment définir cette activité dans ses principes constitutifs? Telles sont les deux questions qui vont s'imposer au cœur de L'Ethique, non pas sous la seule forme d'un questionnement gnoséologique mais aussi sous la forme d'un questionnement moral. Si l'éthique de Spinoza remet en cause de façon radicale l'unité substantielle du sujet pensant, cette nouvelle ontologie a pour conséquence d'obliger à reconsidérer la nature de la faculté de raisonner dans ses principes. [...]
[...] Le second champ d'étude semble s'inscrire dans le prolongement du premier : La connaissance de soi pensée ici en termes de sortie de soi nous demande de reconsidérer le plan d'immanence spinoziste, non plus comme un plan fixe mais comme un plan de variations contiguës, où s'élaborent des seuils et des échanges d'intensités de façon continus et discontinus. Il faudrait dès lors considérer ce fil de la conscience dans sa progression et dans ses ruptures. Les seuils d'intensité dans la connaissance, c'est-à-dire la manifestation de l'être par la connaissance pose la question d'une participation du sujet à un dépassement de la sphère d'immanence absolue de l'ontologie spinoziste : Faut-il considérer ce mouvement de l'être vers l'éternité au sens une forme de transcendante de sa réalisation ? Telle est la question qui reste ici posée. [...]
[...] Raisonner c'est donc comprendre comment nous sommes affectés et comment nous affectons aux travers des idées. Ainsi être soi, c'est être affecté et affecter. L'affection est donc la rencontre de notre limite en tant que mode fini d'une substance infinie, mais elle est aussi l'expression active de notre puissance à être. Se dessine ici le chemin d'une première Ethique, comme l'a indiqué Deleuze dans Les cours de Vincennes, celle des affections passives, lesquelles impliquent une reconnaissance de l'essence désirante de notre subjectivité. [...]
[...] Penser la manifestation en termes de relations, de mélanges, de rapports en termes de degrés et non plus en termes d'essences, telle fut le pari de l'ontologie spinoziste. Penser le sujet, c'est-à-dire l'être propre en ces termes, tel fut le pari de l'Ethique. L'Ethique propose donc un modèle d'ontologie et de morale profondément neuf, tellement radical pour son temps que celui-ci entraînera l'incompréhension et le rejet. Il faudra attendre, pour que Spinoza devienne le Prince de la philosophie moderne et l'expression de son tournant. [...]
[...] Cette finalité coordonnait, en tant que cause première, la nécessité seconde de son individuation dans la série des modifications que supposait l'acte d'incarnation : série des causes efficientes déterminant sa nécessité matérielle, à travers la série des conditions de son actualisation, mais aussi la coordination d'une certaine contingence de son devenir, liée à l'imperfection de cette série dans son accomplissement en tant qu'événement de l'Etre. Le plan d'immanence absolu sur lequel se situe notre existence selon les postulats de l'ontologie spinoziste, impose une morale qui est la conséquence de cette position déterministe radicale. [...]
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