I. Lien entre la jouissance, d'une part, et l'amour et la sexualité, d'autre part
1. La jouissance et l'amour
2. La jouissance et la sexualité
II. De la possibilité et de la légitimité de la jouissance
A. La jouissance libérée des exigences physiques
1. La jouissance libérée de la temporalité de l'effort
2. Du coeur de la jouissance
B. La liberté en question
1. Une limite du droit à la jouissance à rechercher dans le consentement des parties prenantes ?
2. Avec Sade, la liberté sexuelle en question
3. La sensibilité contemporaine vis-à-vis de la jouissance
[...] En définitive, la liberté sexuelle s'arrête à un point précis, celui du sadisme. Si la liberté sexuelle ne peut pas s'épanouir sans entraves, ce n'est donc pas uniquement à cause de la répression sociale, c'est avant tout parce que la jouissance sans limites sèmerait fatalement à la mort et à la destruction. Lacan (Les Écrits, « Kant avec Sade ») remarque que le projet de Sade s'inscrit dans le cadre d'une loi universelle, « pour tous, la jouissance est autorisée, jusque dans ses dernières conséquences », très proches de la loi telle que Kant, contemporain de Sade, la conçoit, à savoir la loi comme impératif catégorique fondé sur la réciprocité. [...]
[...] Le fantasme de jouissance et de souffrance éternelles ne s'articule-t-il pas autour de la notion de disparaître ? Pour Lacan, Sade, dans son ascèse malheureuse, construit son oeuvre dans la volonté de se résorber dans le monde du langage, d'aller jusqu'à l'effacement même du nom et de la mémoire (Le Séminaire VII, « L'Éthique de la psychanalyse »). Rappelons que Sade avait laissé un testament stipulant que son nom devait être effacé sur sa pierre tombale, et émettait le voeu que les particules de sa dépouille se désagrègent. [...]
[...] Faute de compréhension des protagonistes, il ne peut y avoir de dialogue. L'amour courtois a l'élégance d'éviter cet échec programmé, l'objet de l'amour platonique par nature désincarné s'imposant comme autre absolu, sublime, ce qui veut dire méconnu et inaccessible. De ce point de vue, l'abstention favoriserait la jouissance Virevolter autour de la Dame sans la toucher incarne ainsi dans un jeu autour de l'avoir et de l'être, mais viserait davantage l'essentiel que la sexualité assouvie vouée à l'incompréhension. Lacan ne croit pas en la jouissance issue de la relation sexuelle. [...]
[...] Pour Lacan, l'objet s'interpose entre un réel qui ne saurait autrement être appréhendé et un sujet qui y prend appui dans la perception de ce qu'il y a à désirer. Il masque le réel pour le rendre appréhendante par la voie de l'imaginaire et par les voies de la jouissance. Dans cette perspective, « je jouis, donc je perçois ». Cependant, l'imaginaire est marqué par le désir sexuel. Le sujet appréhende une intercession d'objets autour desquels s'animent ses sens et qui rendent désirable le corps de l'Autre. [...]
[...] Précurseur méconnu, et prédit en outre le devenir d'une démocratie de la jouissance. Car il faut vivre dans le château, les maîtres de ces communautés torturées n'y trouvant pas le plaisir, la satisfaction qu'ils convoitent. Derrière ce qu'évoque Sade comme la « douce habitude du crime », subsiste ce que désigne camus dans l'Homme révolté (1951) « une rage d'hommes dans les fers », le maximum de jouissance coïncidant avec le maximum de destruction, posséder ce qu'on tue, s'accoupler avec la souffrance, voilà l'instant de liberté totale vers lequel tend l'organisation du château. [...]
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