Henri Lacordaire affirme dans son expression que l'art de l'éloquence seul n'existe pas, il préfigure l'idée de Jean Denis Bredin : « Tout discours est en réalité un dialogue. Tout monologue est un dialogue, un dialogue avec celui qui écoute. L'éloquence ne permet pas d'être seul ».
Ici l'auteur examine les différentes manières dont l'homme prend la parole. Il observe que toutes ces manières se regroupent en une catégorie qui est celle du dialogue, l'homme va donc s'exprimer en attendant un échange dynamique. Bredin va même plus loin puisqu'il affirme qu'un monologue fait également partie de la catégorie du dialogue, ce qui est paradoxal d'un point de vue étymologique.
[...] De même dans Les Fausses Confidences, Dubois énonce : Vous n'avez rien dit de notre projet à Monsieur Remy, votre parent ? Ce passage à la première personne du pluriel témoigne d'un intérêt commun entre les deux couples de personnages et de ce fait il semble logique que s'il s'agit d'un intérêt pour les deux alors il n'est pas question de manipulation. Ce passage du je au nous permet de confondre celui qui parle et celui qui entend, de ce fait celui qui écoute est devenu celui qui parle. [...]
[...] Il est logique que la première soit qualifiée de dialogue puisqu'il s'agit d'une conversation entre deux ou plusieurs personnes sur un sujet défini. La deuxième est aussi un dialogue, car le jeu théâtral fait en sorte de confier des secrets au spectateur pour que ce dernier puisse être au courant de ce que les autres comédiens ne sont pas, il y a un échange entre certains comédiens de la pièce et les spectateurs. Les fausses confidences de Marivaux illustrent cette idée avec le projet de Dubois et Dorante : N'y a-t-il personne qui nous voie ensemble ? [...]
[...] L'homme éloquent parle à un destinataire en vue d'obtenir de ce dernier une réaction et il utilise donc des procédés qui vont rendre son discours efficace. De ce fait, le destinataire va être concerné par le discours qu'il est en train d'entendre, concerné à un tel point qu'il devient celui qui parle. En effet, les mots prononcés par l'orateur deviennent les siens, l'orateur et l'interlocuteur ne font plus qu'un et c'est en ce sens que l'éloquence ne permet pas d'être seul. [...]
[...] L'orateur doit connaitre les attentes de la foule, se mêler à elle afin d'en faire ressortir une adhésion. Il utilise le discours esthétique pour plaire à ses auditeurs, il doit démontrer combien il croit à ce qu'il dit pour convaincre ses destinataires, c'est pour eux une preuve de sincérité. Phèdre sera conquis par le discours de Lysias : J'en conclus que, comparé à ce qu'il a dit, on ne pourra jamais tenir un autre discours plus plein et de plus grande valeur (235b). [...]
[...] L'orateur délivre alors le contenu de son message aux destinataires qui deviennent ses interlocuteurs si une réponse de leur part existe. De cette manière, le dialogue prend forme comme dans Phèdre de Platon où un échange est souhaité : Quant à moi, je considère que j'en ai assez dit. Mais si tu as quelque motif d'insatisfaction, parce que tu considères que j'ai oublié quelque chose, interroge-moi. Phèdre demande l'avis de Socrate sur un sujet, il y a un but précis dans la parole de Phèdre qui attend une réponse de Socrate. [...]
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