dissertation, Stendhal, roman, miroir, promène, chemin
Un roman est une œuvre d'imagination constituée par un récit en prose d'une certaine longueur, dont l'intérêt est dans la narration d'aventures, l'étude des mœurs ou des caractères, l'analyse de sentiment ou de passion, la représentation du réel ou de diverses données objectives ou subjectives. Pourtant cette fiction n'est pas sans rapport avec ce qu'on appelle le réel : mais la référence (fictive) du réel varie selon les œuvres. Prépondérante pour un écrivain réaliste ou naturaliste, capital dans le cas d'un roman historique ou autobiographique, elle comptera moins là où le récit s'affichera plus clairement comme fiction. Stendhal définissait le roman comme « un miroir que l'on promène le long d'un chemin » plaçant ainsi l'œuvre littéraire dans un espace précis « le chemin » et une temporalité « que l'on promène ». Il insistait donc sur le fait qu'un roman doit avoir un souci de vérité, de réalisme et doit refléter l'existence telle qu'elle est, avec un maximum d'impartialité. Mais est-ce véritablement possible ?
[...] Ainsi le romancier naturaliste implante les personnages qu'il a imaginés dans des lieux reconnaissables, les place dans une situation qui les obligera à réagir d'une manière quasi scientifique. Et le roman Bel Ami donne bien l'illusion d'un monde réel : Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de se pièce de cent sous, Georges Duroy sortit du restaurant, il cambra sa taille, frisa sa moustache d'un geste militaire et familier, et jeta sur les dîneurs attardés un regard rapide et circulaire Un monde du journalisme politique corrompu où se mêle critiques de la société et l'arrivisme. [...]
[...] Dans une seconde partie, nous verrons que ces tentatives de rendre le réel se heurtent à pleins d'impossibilités et qu'une œuvre réaliste est en grande partie empreinte du tempérament de son auteur. Certains romanciers du 19ème siècle se sont affirmés historiens peintres analystes de la réalité contemporaine tel que Stendal, Balzac, les frères Goncourt, Zola, ainsi dans l'extrait de Germinie Lacerteux d'Edmond et de Jules de Concourt, les auteurs nous dépeignent d'une manière qui se veut réaliste, un bal populaire la salle avait le caractère moderne des lieux de plaisir du peuple On y voyait des peintures et des tables de marchands de vin, des appareils de gaz dorés et de verres à boire un poisson d'eau-de-vie Ainsi ils nous montrent que le réalisme requiert de grands efforts dans l'ensemble des observations et une multitude de détails car le réalisme interdit tout débordement d'imagination et d'opinion. [...]
[...] Si le roman n'était qu'un miroir, alors le plu abouti des romans serait une image, un reflet de la réalité qu'il capte, ce qui n'est apparemment pas le cas. Le romancier n'oublie jamais qu'il s'adresse à un lecteur qu'il doit frapper, accrocher. D'où une construction très élaborée, une maîtrise et une utilisation symbolique de l'espace et du temps ; un recours à toutes sortes d'effets (Zola parle de littérature à coups de poing ; des images, des symboles, des mythes, fantasmes qui, constamment, viennent subvertir le propos scientifique. [...]
[...] Le roman réaliste est, en effet, avant tout en fiction, une reconstruction du réel tel que le dit Maupassant le réaliste, s'il est artiste, cherchera non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision la plus complète, la plus saisissante, la plus probante que la réalité même Raconter tout serait impossible, car il faudrait alors un volume au moins par jour pour énumérer les multitudes d'incidents insignifiants qui emplissent l'existence. Lorsque la réalité est le sujet d'inspiration premier, cette même réalité doit être choisie, sélectionnée, mise en forme, rendue intelligible et pour tout dire recréé au point de devenir un véritable univers personnel ce qui est une première atteinte à la théorie du naturalisme ou du réalisme. L'artiste doit introduire une logique dans l'illogisme de la vie. [...]
[...] C'est son action sur les faits racontés, les émotions qu'il va transmettre, le ton qu'il emprunte qui font toute la saveur du roman ; c'est la signature de l'auteur. C'est ce qui permet à Boris Vian d'écrire, comme une sorte de réplique à la phrase de Stendal l'histoire est entièrement vraie, puisque je l'ai imaginée : d'un bout à l'autre Car ce qui importe le plus dans un roman n'est pas le souci de réalisme mais l'art de raconter, autrement dit le style de l'auteur. [...]
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