Le texte de Rousseau que nous nous proposons de commenter est issu du premier chapitre du livre III du Contrat social. L'objet de ce texte est de définir les fonctions respectives des organes de l'état et donc de circonscrire la fonction du gouvernement. L'enjeu est ici de distinguer le gouvernement de la souveraineté selon leurs fonctions respectives d'exécution et de législation.
[...] Rousseau a recours à un exemple issu de l'expérience commune : marcher vers un objet. Pour me déplacer librement vers l'objet il faut premièrement que je le veuille et que je le puisse. La complémentarité de ces deux conditions nécessaires, chacune étant nécessaire et non suffisante, est illustrée par deux exemples négatifs : le paralytique dont la condition physique empêche le mouvement et l'homme valide qui n'a pas la volonté de se déplacer. Ces exemples témoignent de la dépendance réciproque de chaque cause. [...]
[...] La volonté générale ne peut en effet concerner que des objets généraux, comme des lois. Les lois sont générales elles visent la société dans son ensemble, mais leur application est particulière, car elles s'appliquent en retour à chaque citoyen comme individu, comme cas particulier. Si le peuple souverain peut édicter une loi sur la circulation alternée dans les grandes villes, ce n'est pas lui qui contrôlera chaque véhicule aux portes de Paris. La fin de l'extrait intègre à la structure binaire qui traversait l'analogie entre l'action individuelle et l'action politique, un troisième terme : celui d'intermédiaire et précisément, de « ministre ». [...]
[...] L'hétérogénéité des substances chez Descartes peut être ici comparée à l'incommensurabilité du général et du particulier, objet respectif de peuple et du ministre. Il y a bien une différence de nature qui nécessite un troisième terme. Car la puissance exécutive, ce n'est pas la police, c'est la direction des différents organes d'exécution. La force est un instrument, pas un pouvoir. La fonction assignée au gouvernement est donc d'assurer l'application de lois générales dans des cas, toujours particuliers. À ce titre, la référence à l'union de l'âme et du corps est particulièrement pertinente. [...]
[...] En clair, l'individu ou le groupe d'individus qui forment le pouvoir politique n'ont pas entre les mains la totalité du pouvoir politique. Ils n'ont que le pouvoir d'encadrer la réalisation des orientations politiques qui ne sont pas de leur ressort : ils n'ont que la puissance exécutive. Le contenu du politique, défini par la puissance législative, est entre les mains du souverain, c'est-à-dire du peuple. Le peuple ne peut assumer les fonctions exécutives, car celles-ci correspondent à des actions particulières, or un peuple ne peut agir particulièrement. Il peut seulement définir des orientations générales. [...]
[...] À quelles composantes politiques correspondent ces deux facultés ? Le deuxième paragraphe précise cette distinction entre le législatif et l'exécutif à travers la distinction entre le général et le particulier. Nous avons vu, dans le paragraphe précédent, que la puissance législative était la forme politique de la volonté. Cette puissance est chez Rousseau celle du peuple. Rousseau ajoute à la ligne 6 que cette puissance ne peut être que celle du peuple. Elle n'incombe pas au peuple par convention, mais par essence. [...]
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