Il s'agit de trois exercices argumentatifs portant sur l'application des méthodes de la philosophie expérimentale à des problèmes classiques en philosophie, à avoir :
- le débat entre le conséquentialisme benthamien et le rigorisme kantien en philosophie morale ;
- la théorie du beau chez E. Kant en philosophie de l'art ;
- la question de l'hédonisme en philosophie morale.
[...] Exercice 1 a. Considérons la première situation morale suivante : Déambulant dans mon quartier, je parviens à un carrefour. Entendant crier « Au voleur » dans mon dos, je me retourne quand un homme en fuite, tenant un portefeuille dans la main, me dépasse, prend la branche droite du carrefour et ne tarde pas à disparaître. Un policier arrive quelques instants plus tard devant moi en courant et me demande de lui indiquer la direction prise par le voleur. Dans cette situation, une approche déontologique recommanderait que je dise la vérité. [...]
[...] Si l'expérience de Nozick, ou toute expérience analogue, ne peut « réfuter expérimentalement » l'hédonisme, elle semble bien le remettre en cause fortement. Or cette conclusion elle-même semble moins certaine qu'il n'y paraît. Ainsi Weijers (2014) montre-t-il que près de des sondés ayant refusé de se brancher l'ont fait en fonction de facteurs non pertinents du point de vue d'une mise en doute de l'hédonisme, relavant notamment d'un défaut (une incapacité à s'imaginer libérés de leurs responsabilités familiales) ou d'un excès (représentation effrayante de la machine) d'imagination. [...]
[...] Cova et Paine, dans leur article « Can folk aesthetics ground aesthetic realism ? », visent à mettre à l'épreuve des méthodes de la philosophie expérimentale l'intuition kantienne qu'il existe un présupposé largement partagé selon lequel le jugement esthétique se distingue du jugements d'agrément par la normativité que lui confère son émetteur. Les résultats de l'étude conduisent les auteurs, sinon à réfuter, du moins à mettre en doute cette intuition. Un défenseur de Kant soulèvera néanmoins plusieurs objections. La première, de méthode et admise par les auteurs, porte sur la mesure du « normativisme » du sens commun à partir de jugements, certes normatifs, mais objectifs et ne portant que sur des faits « purs et durs » (et non pas des jugements subjectifs chargés de normativisme tels que les jugements moraux, par exemple). [...]
[...] D'abord, l'évitement de la souffrance semble devoir être plus fortement pondéré que la recherche du plaisir dans l'hédonisme psychologique. Ensuite, si l'hédonisme seul état doté d'une valeur intrinsèque, il semble que le biais de statu quo ne pourrait ainsi masquer son influence. L'expérience, tout en mettant en doute l'existence d'une préférence pour la réalité plus fondamentale que le calcul des plaisirs, met ainsi également en doute la pertinence de l'hédonisme comme fondement unique de la valeur. A contrario, la philosophie expérimentale incite à penser un pluralisme axiologique. [...]
[...] De fait, elle recommandera également que je dise la vérité. Considérons la seconde situation morale : Déambulant dans mon quartier, je parviens à un carrefour. Entendant crier « Au secours » dans mon dos, je me retourne quand une femme en fuite, la robe déchirée, me dépasse, prend la branche droite du carrefour et ne tarde pas à disparaître. Un homme, tenant un couteau, arrive quelques instants plus tard devant moi en courant et me demande de lui indiquer la direction prise par la femme. [...]
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