Le vingtième siècle voit se développer une réflexion sur le langage portée par des auteurs tels Blaise CENDRARS, Henri MICHAUX, et Francis PONGE. Ces poètes explorent la langue française et tentent de l'enrichir; tout comme Marcellin JOBARD avait inventé le point d'ironie, CENDRARS veut nouer des liens entre sens et typographie; MICHAUX crée de nouveaux mots et PONGE souhaite réconcilier définition et image. Bien que ces trois hommes aient eu des manières différentes d'appréhender et de revisiter la langue française, leur quête est commune : c'est la quête du sens.
Le poète cherche avant tout à établir une communication intime avec son lecteur grâce aux instruments que nous développerons tout au long de notre analyse. Nous confronterons les textes du corpus afin de démontrer en quoi chaque poète réforme la langue au travers de son œuvre.
[...] Il utilise un objet banal pour permettre au lecteur de se la figurer : un galet moyen à la première ligne. moyen renforce la banalité de l'objet, et met le lecteur à l'aise car c'est un objet accessible à tous. Il implique son lecteur en sollicitant ses sens : la vue couleur et brillamment blanchâtre au vers ronds blancs au vers vue au vers l'ouïe parler au vers l'odorat odeur au vers le goût un monde à boire et à manger au vers et le toucher rugueuse au premier vers, visqueux au vers 8). [...]
[...] N'est-ce pas là que réside la frontière entre le vivant et l'inanimé ? Ces consonnes seraient le L pour aile vers et le V pour la forme du bréchet que les oiseaux possèdent, leur forme lorsqu'ils Volent (vers 5). Néanmoins, il est intéressant de constater que malgré son attitude avant-gardiste, PONGE reste attaché aux racines même de la langue française : avis, forme latine du mot oiseau, ne soufre d'aucune remise en question et reste une référence. Tout au long de son raisonnement, PONGE met en adéquation la représentation visuelle de l'oiseau et le mot qui le désigne. [...]
[...] Pour cela, PONGE s'attelle à ce travail titanesque et présente son poème comme une définition de dictionnaire. Pour nous en convaincre, il entreprend une démarche scientifique : tout d'abord, il énonce une constatation : les oiseaux sont semblables aux aéroplanes. Ensuite, il démontre que ce côté aérien s'accorde avec toutes les voyelles contenues dans le mot car ce sont elles qui en font la légèreté. Cependant, à la place du S qui rappelle le profil des oiseaux au repos (vers d'autres consonnes seraient, d'après PONGE, plus légitimes, évoquant l'oiseau en mouvement. [...]
[...] Pour mettre en application ces nouvelles idées, chacun écrit des poèmes sur des sujets simples dont le but réel est de partager la manière d'écrire qu'ils ont créée. Au fil des années, c'est ainsi que de nouveaux mots sont entrés et entrent dans le dictionnaire, empruntés à d'autres langues ou à des noms propres - comme récemment zlataner dans le dictionnaire suédois - et aujourd'hui encore l'on peut retrouver des jeux de police dans certains livres, sur la majorité des sites web, dans les magazines, les publicités . [...]
[...] Le second paragraphe fait de l'huître un objet extraordinaire et surnaturel : malgré la dernière image peu ragoûtante que constitue la métaphore de la mare, elle est décrite comme un monde aux cieux de nacre renfermé dans une coquille, regorgeant de magnificence et de noblesse. Magnificence relevée par la perle que l'huître produit à la dernière strophe, qui la rend en plus précieuse. Cette impression repose sur formule au vers 11 : le terme s'apparente à petite forme donc peu abondante. Pour décrire son huître, PONGE écrit un poème à visée quasi encyclopédique. [...]
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