Le modernisme s'inscrit comme le font les nouveaux mouvements artistiques en rupture avec les traditions précédentes. Mouvement de réhabilitation de l'art comme vecteur d'une réflexion philosophique à part entière, le modernisme considère que les arts doivent opérer leur autocritique afin d'identifier leur matière de réflexion et d'en faire le sens de leurs créations.
[...] Selon lui donc, le modernisme reprend la logique de Kant a se critiquant par ses propres moyens, dans chaque discipline artistique. Or il semble qu'il critique de l'extérieur comme n'importe quelle critique Pourtant, R. Krauss a montré que cette logique avait elle aussi ses limites. En effet, la critique d'art rappelle dans « Un regard sur le modernisme » que l'analyse moderniste de la peinture abstraire rencontre des limites, et que cette analyse n'existe presque pas concernant un autre art pourtant capital : la sculpture. [...]
[...] L'identité de l'art définie comme la somme de ses spécificités ? Autrement dit, le modernisme pose l'idée que les arts disposeraient chacun d'un domaine de spécificité au-delà duquel il existe un risque de dispersion. Ainsi, la peinture réaliste se tromperait en quelque sorte de domaine en tentant de reproduire le réel jusqu'à l'illusion. Car son médium (une toile) pose par définition une limite à la reproduction d'une forêt, d'une ville ou d'un portrait. Cette logique tend à définir les différents arts par leurs limites matérielles pour recentrer leurs réflexions autour de cette matérialité. [...]
[...] Pourtant, certaines analyses ont pointé du doigt le risque de renfermement sur soi que ce mouvement peut causer. Car le modernisme, dans son mouvement de réduction des arts à leur matière propre, crée une forme de repli, comme le relève R. Krauss : l'art ne pourrait dès lors parler que de lui-même, et son discours n'aurait pas d'autre objet que les contraintes matérielles qui le caractérisent. Par ailleurs, la prétention du modernisme à la rénovation radicale de tous les arts est devenue paradoxale à mesure que le modernisme lui-même s'est progressivement constitué comme courant artistique ayant une histoire, un passé et, de fait, une tradition. [...]
[...] Le modernisme, analyse autocritique de l'art ? A. Le modernisme comme mouvement retour sur soi Eviter la dispersion pour ne pas se réduire à un divertissement Dans A propos de la « critique », C. Greenberg analyse les spécificités de la démarche des arts dits « modernes », et notamment de la peinture moderniste. Il fait une comparaison entre la démarche d'autocritique adoptée par Kant pour fonder son raisonnement et celle de la peinture moderne qui cesse d'imiter le réel. [...]
[...] Or les disciplines ont vocation à traiter de sujets qui leur sont extérieurs. La critique moderniste oublie le contexte L'oeuvre comme seul signifiant L'autre limite du modernisme se situe du côté de sa volonté de proposer une lecture autonome des oeuvres d'art, fondée sur l'interprétation exclusive de l'œuvre. R. Krauss cite pour illustrer cette idée les tentatives d'interprétation des séries de peintures par Fried comme un langage cohérent se suffisant à lui-même. La mise à l'écart du contexte Or cette logique tend à évacuer le contexte comme aide à l'interprétation des oeuvres. [...]
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