Système philosophique autobiographique, système de pensée, Nietzche, Montaigne, individualité, subjectivité, Ecce Homo, expérience personnelle, thèse du contrat social, histoire de la pensée, conception de soi, fatalité, déterminisme
Dans la lignée des essais de Montaigne, mais en poursuivant un autre but, Nietzsche démontre par la construction de son système que le texte ne peut se défaire du contexte.
La méthode nietzschéenne de philosopher consistant à philosopher à partir de soi, de son corps et du réel, peut à juste titre nous interroger encore aujourd'hui, car le pari de fonder sa philosophie sur soi, en se prenant comme premier moteur de sa pensée n'est pas un choix philosophique anodin, il témoigne d'une confiance à toute épreuve en ses capacités, et en la conviction d'être le plus proche de la vérité.
À l'image de Montaigne, Nietzsche part du singulier, et de sa subjectivité, et en cela pense être plus proche de l'universelle, pourtant cette façon de philosopher ad-personam, contient en elle le risque de ne parler que pour soi, la difficulté ici est de savoir s'il est possible de construire une pensée et pas simplement une autobiographie.
Pourtant il semble que pour comprendre la pensée nietzschéenne, Nietzsche lui-même fit le don d'un livre relatant son expérience d'écriture sur ses livres, et y dévoile aussi des clés autobiographiques pour en permettre une plus grande compréhension, du moins c'est le travail qu'il fait dans son dernier livre achevé Ecce Homo publié huit ans après sa mort à titre posthume et aussi le dernier ouvrage qu'il fera avant de sombrer dans la folie. On peut même postuler que la folie commence déjà à poindre chez lui quand il l'écrit, car à certains égards il semble surestimer ses capacités, et pourtant il semble plus lucide que jamais, et la postérité lui donnera raison dans son rôle majeur dans l'histoire de la philosophie occidentale.
[...] Je ne suis pas un homme, je suis de la dynamite. Et, avec cela, il n'y a en moi rien d'un fondateur de religion * Il est difficile à postériori de ne pas donner en partie raison à Nietzsche sur l'importance capitale qu'il a eue dans l'histoire de la philosophie, car si l'on met de côté l'exubérance stylistique, qui toutefois lui est propre on peut adhérer au fait qu'il n'ait jamais que fondé une philosophie, pas de secte, et qu'il a été fatal au sens létal à une partie des penseurs idéalistes, car le point de rupture entre les vitalistes qui prône la prédominance du corporel, du sensible, de la vie, sur l'idée, n'a jamais été aussi vif qu'après lui, on ne juge plus les philosophies antérieures de la même façon et selon les mêmes critères avant et après lui. [...]
[...] Le commencement de la pensée nietzschéenne est donc un dualisme entre fatalisme et vitalisme, il est remarquable que le philosophe qui parle introduit dans le Zarathoustra le renversement de la table des valeurs , renverse aussi le rapport entre la vie et la mort fondant ainsi sa pensée à partir de la mort et la prolongeant par la vie. * §1 Ecce Homo La décadence comme déconstruction et reconstruction Sans compter que je suis un décadent, je suis aussi le contraire d'un décadent. [...]
[...] Pour Nietzsche, cette confrontation à la mort a déjà eu lieu dès sa plus tendre enfance, le premier aphorisme d'Ecce homo fait justement référence à la mort de son père : Le bonheur de mon existence, ce qui en fait peut-être le caractère unique, est conditionné par la fatalité qui lui est inhérente : je suis, pour m'exprimer sous une forme énigmatique, déjà mort en tant que prolongement de mon père ; ce que je tiens de ma mère vit encore et vieillit. * . On peut noter la présence surprenante dans le même aphorisme, du terme de mort , et de prolongement , habituellement la mort est plus une fatalité qu'un achèvement. [...]
[...] *Ibid § 8 Conclusion Nous pouvons répondre qu'effectivement la conception d'un système philosophique reposant sur l'autobiographie en tant que nouvelle méthode de production d'un système de pensée, est possible, et nous en avons eu la démonstration, nous avons vu aussi qu'elle ne se fait pas sans risque, car le fondement personnel du système de raison nietzschéen, rompt avec l'apprentissage de la philosophie traditionnelle, qui est impersonnelle, et que la position de Nietzsche se fonde par la personnalisation de la pratique philosophique par opposition à l'idéalisme, qu'il dépasse le déterminisme sans nier la fatalité inhérente à l'existence, il donne la preuve que l'on peut fonder son système sur des choix propres, indépendamment des concepts existant en les laissant volontairement de côté, pour se concentrer sur les concepts qui ont un encrage effectif dans le réel. [...]
[...] L'erreur à ne pas commettre est de penser Nietzsche en tant que déterministe, car alors on pourrait penser que ce qui fonde son système est déjà prévu par une instance supérieure à lui, en un mot le destin, alors que la position de Nietzsche, semble plutôt être celle d'un fataliste, car en tant que fataliste le choix à une importance majeur, ainsi la nourriture intellectuel, ce sur quoi il fonde son système de raison suppose un choix rigoureux, c'est ainsi qu'il écarte selon ses dires immédiatement la possibilité de dieu, de l'immatérialité de l'âme, ou de la vérité des arrières mondes. Si les choix de ce qui fonde sa pensée ont une cohérence aussi stricte avec ses domaines de recherche, et qu'il estime tant être dans le vrai par opposition, aux métaphysiciens, c'est qu'il fonde sa pensée sur le réel, la vie, ce monde et pas un autre potentiel. C'est là précisément qu'il faut commencer à changer de méthode. [...]
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