De l'affaire Markovick à l'affaire Clearstream, nombreuse sont les rumeurs qui ont déstabilisé le monde politique.
La rumeur connaît deux définitions principales. La première décrit un message dont l'authenticité est discutable et dont le mode de diffusion est anonyme. La rumeur est alors une nouvelle qui se répand dans le public et dont l'origine et la véracité sont incertaines. Dans la seconde acceptation, la rumeur renvoie à un bruit confus produit par un ensemble de voix. Cette définition fait alors écho à une utilisation ancienne du terme qui évoque la protestation et le mécontentement. Ainsi, la rumeur ne constitue pas un phénomène homogène.
Nous verrons dans un premier temps, en quoi la rumeur constitue une construction imaginaire et puisent dans un fonds de croyances et souvent de peurs collectives. Pour cela, nous reviendrons sur les conditions de l'émergence et de la diffusion des rumeurs puis à travers les exemples des légendes urbaines et des rumeurs de guerre, nous envisagerons la perspective des rumeurs comme cristallisation des peurs et angoisses collectives. Dans un second temps, nous étudierons la rumeur comme un instrument de contrôle et de déstabilisation politique puis nous nous pencherons sur les instruments qui permettent le contrôle des rumeurs.
[...] Cependant, la rumeur peut être utilisée par les entreprises comme un instrument bénéfique pour redorer leur image ou faire remonter le cours de leurs actions. C'est ainsi que par exemple, la fausse rumeur du rachat de Danone par Pepsi Co en juillet 2005 avait fait eu une incidence positive sur le cours des actions de Danone. En conclusion, le phénomène des rumeurs, s'il trouve souvent sa source dans un fonds de l'imaginaire collectif, peut être également le fruit d'une stratégie tactique qui vise l'élimination d'un adversaire par la détérioration de son image. [...]
[...] L'imaginaire collectif a réduit cet écart en augmentant le nombre de morts. La naissance et la persistance de cette rumeur trouve des causes dans le choc subi par les Nîmois, la rumeur sert alors d'exutoire. Le deuxième phénomène en jeu dans la création d'une légende urbaine est le glissement d'un fait réel et notable vers un contexte qui n'est pas le sien. Dans les années 1970-1980, les rumeurs de lâchers de vipères[4] relèvent de ce type d'«événement déplacé». À l'origine, on trouve des cas réels de laboratoires pharmaceutiques qui, obéissant aux nouvelles réglementations de protection de la nature relâchent des vipères, souvent sur les lieux même des captures, après prélèvement de leur venin. [...]
[...] "Celui-ci ne reconnaît pas la faute du journaliste de France 2 en incriminant "des journaux japonais anglophones" s'étant trompés (évidemment tout le monde sait que la source de France c'était Libération et pas de prétendus journaux anglophones), mais en plus l'erratum ne parlait que de "147 suicides", sans même préciser que les jeux vidéo n'avaient rien à voir avec les suicides collectifs, comme cela avait été avancé dans le reportage". Le 28 novembre 2004, France 5 consacre dans son émission Arrêt sur Image, un petit sujet sur cette rumeur et précise notamment que le taux de suicide chez les jeunes japonais n'est pas plus important dans la communauté des accrocs de jeux vidéo. Cf Annexe Daniel Schneidermann, Pascal Froissart Rumeurs et emballements : Comment les décrire, comment leur résister ? [...]
[...] La perspective de conquête politique, incompatible avec le respect de ces principes conduit à un phénomène d'idéalisation des pratiques politiques. C'est pour cela que le monde politique tend à se diviser entre un monde officiel et un monde officieux. Essentiel dans le domaine officieux, le rôle de la rumeur est alors triple. D'une part, la rumeur permet de stigmatiser les personnes dont les manières ou la nature ne sont pas conformes à celles du groupe relativement homogène des hommes politiques. [...]
[...] De nombreuses rumeurs ou légendes contemporaines sont nées de l'amplification et de l'exagération de faits réels. Un cas intéressant est celui de la rumeur de Nîmes, selon laquelle les autorités cachaient le nombre réel de victimes de l'inondation du 3 octobre1988. Le chiffre officiel était de neuf morts. Mais beaucoup de gens, à commencer par les Nîmois, à proportion de 60% chez les plus jeunes et de 30% chez les plus âgés, pensaient que le nombre de morts était bien supérieur. [...]
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