Face à l'obscurité de la vie humaine, la raison a le désir d'éclairer, d'étendre le domaine de nos connaissances pour nous permettre de mieux maîtriser le monde dans lequel nous vivons. Ainsi la raison, dans son désir de tout comprendre, cherche à étendre le domaine du rationnel, du connu. Surgit alors le problème du raisonnable, de la raison en tant qu'elle nous dicte des lois morales pour l'action. En effet, si le domaine du rationnel est étendu à l'infini, l'homme est alors à même de comprendre tout l'enchaînement du monde passé, présent, futur, et d'en déduire tout ce qui va arriver. Dans ce cas, le futur de l'homme étant absolument déterminé, celui-ci peut-il encore être tenu pour responsable de ses actes, étant entendu qu'on peut démontrer que ce qu'il a fait était nécessaire dans la suite logique des événements, et donc qu'il n'était pas libre d'agir autrement ? Dès lors, la morale apparaît comme la faculté de plus ou moins bien juger des situations et se réduit donc à la prudence, entièrement orientée par la raison théorique. Autrement dit, le rationnel est pratique par lui-même : il est suffisant pour fonder une conduite raisonnable. Par ailleurs, si l'on considère le raisonnable comme étant le domaine de la pratique, il faut considérer que ce domaine comprend aussi l'habileté, c'est-à-dire la technique. A partir de là, on peut se demander quelles sont les relations entre le rationnel et le raisonnable dans son application technique. La technique est-elle une simple mise en pratique de nos connaissances théoriques, ou bien peut-on envisager que son domaine d'action doive être réduit en fonction d'exigences morales ? Nous est-il permis de faire tout ce que nous savons faire ? Cette considération paraît difficile à prendre en compte du moment que technique et prudence appartiennent tous deux au domaine du raisonnable. Peut-être alors faut-il repenser le raisonnable à partir de lui-même et non à partir du rationnel.
[...] Le rationnel ne signifie plus rien d'autre que la morale. A partir de là, on peut envisager une régulation du rationnel dans son usage pratique par la raisonnable. Par ailleurs, du moment que l'on envisage que le rationnel et le raisonnable sont deux domaines hétérogènes, alors ils se limitent réciproquement dans leur exercice. Le rationnel, s'il veut être porteur de quelque vérité ne doit donc pas outrepasser son champ d'action. Dans le cas contraire, la raison déraisonne. C'est donc poser qu'en un certain sens, l'idée du raisonnable régule l'exercice du rationnel. [...]
[...] Plus précisément, Kant délivre totalement la pratique de l'emprise du rationnel, de la compromission possible avec la technique. En effet, chez Descartes, on a vu que la sphère du raisonnable comprenait non seulement la prudence qui est morale chez lui et la technique. Or Kant évacue totalement les notions de prudence et de technique de la sphère du raisonnable vers celle du rationnel, pour réserver la première à la seule morale. Il montre ainsi dans l'Introduction de la Critique de la Faculté de Juger en quel sens la philosophie se divise en une philosophie pratique et en une philosophie théorique, tout en soulignant que cette distinction a souvent été mal comprise, entraînant par là le classement des principes techniques aussi bien que des principes moraux dans le domaine de la pratique. [...]
[...] Cette morale achevée n'est pas possible. La vraie morale, en définitive, c'est ce que Descartes appelle la morale par provision dans la partie du Discours de la Méthode. Il met en avant cette morale lorsque, déconstruisant l'édifice de la raison théorique pour refonder la science, il lui faut néanmoins sauvegarder un logis où on puisse être logé commodément pendant le temps qu'on y travaillera Car pendant ce temps, il faut vivre, et vivre, pour Descartes, implique le choix de principes ou de règles qui permettent de s'orienter dans la vie. [...]
[...] Dans ce cas, le futur de l'homme étant absolument déterminé, celui-ci peut-il encore être tenu pour responsable de ses actes, étant entendu qu'on peut démontrer que ce qu'il a fait était nécessaire dans la suite logique des événements, et donc qu'il n'était pas libre d'agir autrement ? Dès lors, la morale apparaît comme la faculté de plus ou moins bien juger des situations et se réduit donc à la prudence, entièrement orientée par la raison théorique. Autrement dit, le rationnel est pratique par lui-même : il est suffisant pour fonder une conduite raisonnable. [...]
[...] La quatrième est que l'homme est toujours la partie d'un tout et que, en tant que tel, il doit faire passer les intérêts du tout avant les siens. La cinquième affirme que les passions nous conduisent à de fausses représentations car elles nous représentent les biens, à la recherche desquels elles nous incitent, beaucoup plus grand qu'ils ne le sont véritablement ; la raison, elle, nous permet de nous faire une idée juste des bien que nous cherchons. Enfin, la sixième énonce qu'en cas d'obscurité, il faut substituer la volonté au manque de connaissances. [...]
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