Les Lumières est un mouvement philosophique propre au XVIIIème siècle en Europe. S'il est difficile de contenir précisément ce mouvement dans une période historique, il semble que ses origines soient contenues dans la Révolution anglaise de 1689 et son parachèvement dans la Révolution française de 1789. Au plan politique, après la mort de Louis XIV et le coup d'Etat de Napoléon Bonaparte, deux périodes se détachent: d'abord la régence (jusqu'en 1723) ; ensuite, les règnes successifs de Louis XV (1723 - 1774) et de Louis XVI (1774 - 1791). Le XVIIIème siècle est globalement un siècle de paix intérieure et de prospérité économique puisque la France ne connaît aucune guerre pendant quatre-vingt ans. Ce climat permet aux salons et clubs de se multiplier et de permettre un certain développement de la philosophie, en continuité avec le rationalisme de Descartes du XVIIème siècle. Parmi ces penseurs, que l'on rattache au mouvement philosophique des Lumières, on peut citer chronologiquement: Montesquieu, Voltaire, Benjamin Franklin, Rousseau, Diderot, d'Alembert, Adam Smith, Kant. Leurs oeuvres sont nombreuses et un important vecteur de diffusion de leur pensée sera la très célèbre Encyclopédie de Diderot et d'Alembert parue entre 1751 et 1766.
Mais plus que les penseurs qui ont participé à cette sortie de l'obscurantisme, il faut d'abord s'attacher à essayer de cerner le contour de la pensée qui anime les Lumières. Pour Georges Vlachos, la pensée des Lumières peut être comparée au célèbre « désenchantement du monde » de Weber. En effet, les « Lumières », tout comme le « désenchantement du monde » wébérien, traduisent la fin de l'idée selon laquelle c'est la religion qui structure et permet d'expliquer le monde. Plus simplement, Georges Vlachos dit: « La vision religieuse cesse de structurer la totalité du réel et [...] l'individu se désassujettit de la transcendance et du monde de la tradition ». Ainsi, pour la seconde fois dans l'histoire de la pensée politique, on cherche à expliquer le monde en écartant les mythes et les traditions. Pour Kant: « Les Lumières, c'est la sortie de l'homme hors de l'état de tutelle dont il est lui-même responsable ». La cause de cet état de tutelle n'est pas un manque d'entendement mais le manque de courage que l'homme a à se servir de cet entendement. Ainsi, la devise des Lumières (et ce qui caractérisera toute leur pensée) est le célèbre : Sapere Aude ! « Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! ». Le mouvement philosophique des Lumières s'accompagne donc d'un nouveau rapport de l'homme (et notamment du penseur) à la raison. D'ailleurs, plus tard, Tocqueville notera cet aspect des choses.
Pour lui, les philosophes du XVIIIème siècle reprennent et généralisent le principe de l'application de la « raison individuelle » dans leur pensée. L'emploi de cette méthode critique va brusquement: « sortir des écoles pour pénétrer dans la société et devenir la règle communes de l'intelligence ». Cette méthode va non seulement être adoptée par les penseurs français, mais aussi dépasser les frontières et toucher toute l'Europe occidentale. Georges Vlachos note que ce double processus de popularisation et de démocratisation de la méthode critique est surtout l'effet d'une « égalisation des conditions » des hommes. Tocqueville notera que cette méthode, d'abord appliquée aux domaines de la religion et de la philosophie, s'étend ensuite très vite à la politique. Il faudra d'ailleurs garder à l'esprit que l'apport principal des Lumières dans la pensée moderne est essentiellement d'ordre politique. Tocqueville notera que cette méthode de pensée basée sur la raison a pour but de « substituer des règles simples et élémentaires, puisées dans la raison et dans la loi naturelle, aux coutumes compliquées et traditionnelles qui régissent la société ». A l'obscurantisme du Moyen-âge, succède la lumière de la raison portée par les penseurs. Cette lueur vient précisément « éclairer », expliquer le monde. Cette démarche intellectuelle ne semble cependant pas construite de toute pièce par la philosophie des Lumières. En effet, déjà Descartes au XVIème siècle apportait une importante pièce à l'édifice de la pensée politique moderne avec l'utilisation du rationalisme classique.
Nous sommes donc en présence d'un mouvement intellectuel qui semble être à la fois historique et d'une grande ampleur dans la pensée politique tout en étant difficilement palpable. En effet, comment trouver l'écrit, l'auteur qui inaugure ce mode nouveau de pensée que l'on qualifiera « les Lumières » ? Il semble très vite évident que les « Lumières » est un phénomène diffus dont l'origine précise est difficilement identifiable. Cependant, certains auteurs français et européens, dont nous étudierons l'apport et la pensée, ont largement contribué à cette rupture de la pensée politique.
[...] La loi est détachée de Dieu pour être rattachée à l'homme. Le temporel rompt et l'emporte sur le spirituel. Au XXème siècle, l'une des critiques qui a été faite à la philosophie de Rousseau est de contenir en elle les germes du totalitarisme. C'est par exemple les propos de J.L Talman et de Louis Hartz[39]. Pour eux, parce que Rousseau ne distingue pas la société de l'Etat, il sert le totalitarisme qui précisément se définit par une absence de séparation entre l'Etat et la société. [...]
[...] Le premier état est un état de nature dans lequel l'homme est marqué par une inégalité limitée que Rousseau nomme l'inégalité physique ou naturelle Le second état est un état social embryonnaire marqué par la propriété et la guerre où l'inégalité est morale ou politique Enfin, le troisième état est un état social stabilisé où la propriété est régulée par le droit. Le postulat de base : Rousseau fait un postulat anthropologique optimiste : l'Homme naît libre et bon. Mais le postulat rousseauiste nous dit que cet état de nature dégénère par suite de la propriété et de la domination politique. La propriété pousse les hommes à interagir entre eux. Or, tous les hommes n'ont pas le même rapport à la propriété ; tous n'ont pas le même niveau de richesse. [...]
[...] Dès lors, les hommes interagissent entre eux sur la base de l'inégalité. Les hommes construisent des rapports de dépendance des uns envers les autres qui sont contraires aux principes naturels de leur être Autrement dit, les hommes naturellement libres et bons instaurent des rapports sociaux qui annihilent leur liberté naturelle. Les hommes basculent ainsi dans un état de guerre. L'homme naturel dépeint par Rousseau n'est en rien l'homme naturellement belliqueux de Hobbes, Locke ou Pufendorf puisqu'il est naturellement bon. Pour Rousseau, c'est la propriété qui instaure la guerre entre les hommes. [...]
[...] Les lois fondamentales sont le suffrage par le sort, et la nomination des ministres par le peuple. Finalement comme l'affirme Montesquieu, la démocratie, que le peuple seul fasse les lois. - la monarchie : sa vertu repose sur l'honneur. Le principe est qu'un seul gouverne par des lois fondamentales, le prince étant la source de tout pouvoir politique et civil. Afin d'éviter le risque de déviance en Etat despotique, Montesquieu préconise la nécessité d'un pouvoir intermédiaire que constituerait la noblesse. [...]
[...] De ce questionnement découle toute sa réflexion sur la notion de loi. Montesquieu ne voit la loi que dans son rapport à l'homme. C'est pourquoi les lois doivent être simples car doivent être adaptées à tous les hommes. Pour cela selon Montesquieu il faut bien fixer les choses et éviter les expressions vagues Il faut finalement raisonner de la réalité à la réalité afin que les lois soient adaptées à la raison de tous. Surgissent ici les premiers éléments de raison dans la loi. [...]
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