Le présent mémoire porte sur la notion d'ontologie sociale. Cette notion désigne une nouvelle activité philosophique, qui connaît un certain essor depuis une vingtaine d'années. L'ontologie sociale se présente initialement comment la science de l'être social en tant que tel. Le qualificatif “social”, toutefois, est difficile à définir : désigne-t-il tout ce qu'implique l'existence en société ou bien seulement les événements où plusieurs individus interagissent ? S'applique-t-il seulement à l'homme ou bien aussi aux animaux ? A quel concept s'oppose-t-il : asocial, individu, solitaire, … ? Toute la réalité doit-elle être qualifiée de sociale ? Chaque « ontologie sociale » apporte ses propres réponses à ces questions.
La première partie de cette introduction essaye de mettre en relief la signification de la notion d'ontologie sociale. Dans cette optique, deux textes seront cités qui prétendent également rendre compte, mais de manière très différente, de cette signification. La seconde partie vise à procurer au lecteur quelques repères historiques concernant la notion d'ontologie sociale : quels furent les premiers théoriciens à l'envisager ? Quelle définition fournissaient-ils alors de cette notion ? Mais aussi : Quand et comment la notion d'ontologie sociale a-t-elle opéré son retour sur la scène philosophique contemporaine ? Les philosophes à l'origine de ce retour la concevaient-ils de la même manière que leurs prédécesseurs ? Enfin, dans un troisième temps, nous formulerons l'hypothèse selon laquelle l'ontologie sociale concernerait deux notions distinctes : le phénomène social et l'objet social. Cette hypothèse justifiera le plan que nous suivrons au cours du développement de ce mémoire.
Les deux parties principales consisteront en une présentation des théories respectives de Margaret Gilbert et de John Searle, qui correspondent respectivement à ces deux notions. La théorie du sujet pluriel de Gilbert porte en effet sur la notion de phénomène social, alors que celle de Searle vise à expliquer le mode d'existence des objets sociaux.
Enfin, nous comparerons ces deux théories afin de faire ressortir leur trait commun. Nous verrons alors comment les conceptions respectives de Gilbert et Searle s'accordent en ce qu'elles refusent de situer l'existence individuelle avant l'existence collective, ce en quoi elles diffèrent d'autres ontologies sociales qui placent au contraire l'individu avant la collectivité. Une mise en perspective de ces différentes théories, autour du thème de l'intentionnalité collective, achèvera cette présentation de l'ontologie sociale contemporaine
[...] Un argument consisterait à dénoncer l'arbitraire de la transformation opérée : ce sont des morceaux de papier qui comptent comme argent, mais la société aurait pu choisir d'utiliser d'autres faits bruts pour la même finalité. Searle considère au contraire que dans l'argent comme dans tous les faits institutionnels, la nécessité prédomine sur l'arbitraire. Il ne s'agit pas de conventions précise-t-il, mais bien de règles. Quelle est la signification que Searle attribue au concept de règle ? D'où provient ce concept ? Afin de répondre à ces questions, nous allons rendre compte de l'interprétation de Searle des travaux de Wittgenstein. [...]
[...] On comprend maintenant en quoi la position de Gilbert relève à la fois de l'individualisme ontologique et du holisme ontologique. En soutenant que l'engagement volontaire des individus est requis pour l'existence d'un groupe social, elle souscrit à la thèse individualiste. Mais en affirmant l'autonomie intentionnelle des groupes constitués, elle maintient une position holiste. III ) Conclusion Malgré le solipsisme méthodologique qu'il emploie, John Searle parvient à soutenir que le nous et le je existent de manière équivalente. Le je et le nous sont en effet les deux formes naturelles de la conscience humaine. [...]
[...] L'ontologie des objets sociaux hérite pour sa part des problèmes que posait dès le début du XXe siècle la notion d'intentionnalité. Cette dernière, à la différence de la notion de conscience dont elle prit la place, définit l'esprit en termes d'interaction avec son environnement extérieur plutôt qu'en terme de relation cognitive. L'esprit n'est pas coupé d'un monde extérieur dont il lui faudrait constituer une infinité de représentations, bien plutôt il est en interaction constante avec le monde dans lequel il évolue par l'action. [...]
[...] Elle va tenter d'une part de réhabiliter la “théorie du contrat réel de l'obligation politique” et d'autre part d'argumenter contre les théories d'ontologie sociale qui font appel à des principes individualistes de moralité pour justifier le comportement des individus. La thèse de Gilbert sera que si les individus se comportent bien lorsqu'ils évoluent en collectivité, c'est uniquement parce qu'ils se sont conjointement engagés, avec les autres membres du groupe, à vivre ensemble. (engagements conjoints & obligations) I / philosophie sociale et intentionnalisme. Margaret Gilbert a intitulé son livre On Social Facts en référence à la notion durkheimienne de “fait social”. Un tel choix n'est pas anodin. [...]
[...] D'autres livres ont ainsi vu le jour aux Etats-Unis, se donnant le même objectif : deviner par une analyse des propos de tel ou tel théoricien, quelle était l'ontologie sociale qu'il avait à l'esprit lorsqu'il rédigea ses textes politiques[3]. Nous disposons maintenant de deux définitions de l'ontologie sociale. La première la fait dépendre de la philosophie sociale et rattache celle-ci aux sciences sociales. L'ontologie sociale est la discipline qui utilise les données des sciences sociales pour déterminer les traits plus généraux de la société qu'elles dénotent. Elle classe toutes ces données dans des catégories plus abstraites que celles dont disposent la sociologie, l'histoire, l'anthropologie et la psychologie. [...]
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