Ce n'est pas un hasard si c'est au premier siècle, dès l'émergence de l'ère chrétienne, que le miroir prit, grâce au verre et au métal, une voie qui le mène jusqu'à nos jours. D'ailleurs, « les auteurs du moyen-âge se montrent fort curieux des miroirs, objets créés par le génie humain, et de leurs étonnantes propriétés. A cette curiosité toute scientifique se mêle évidemment le goût du merveilleux et de la magie. Beaucoup moins répandus que de nos jours, les miroirs sollicitaient d'autant plus les imaginations ».
Le miroir appartient au vocabulaire religieux du moyen-âge, qui en développe les sens symboliques à partir des écrits scripturaires, des textes néoplatoniciens et de la tradition patristique. « Dans l'iconographie médiévale l'emploi utilitaire que peut avoir cet objet (le miroir) n'a pratiquement pas de place. Dès qu'il y a miroir, il y a intentionnalité bonne ou mauvaise, vision idéalisée ou projection péjorative ». Se regarder dans un miroir « traduit la complaisance que l'on prend dans la contemplation de sa propre personne et signifie alors orgueil et vanité ; [...] le miroir renvoie quelquefois à l'individu l'image d'une vérité profonde qu'il risquerait d'oublier », comme c'est par exemple le cas de la mort représentée sous la forme d'un squelette : il vient refléter en l'homme l'image cachée de sa propre finitude.
L'usage utilitaire et auto-réflexif de l'objet est à peu près ignoré par l'iconographie comme par les textes, qui n'envisagent de lui qu' « une vision idéalisée ou une projection péjorative ». Le miroir de la spiritualité médiévale témoigne, de manière conflictuelle, de la présence d'une réalité immatérielle dans le visible, en même temps qu'il désigne les moyens et les degrés de la connaissance, de la spéculation à la vision parfaite : connaître, c'est refléter, passer d'une vision sensible à la contemplation de l'invisible. La contemplation n'est pas un artifice humain puisque la nature contient, à la surface de l'eau, ses propres moyens de contemplations. Il faut alors nous associer au monde, « d'aussi près que nous le pouvons, avec ces eaux que nous avons déléguées à la contemplation de ce qui existe ». Et si cette association est possible, c'est parce que nous participons de sa nature : nous sommes de son image.
[...] XV, Labor et Fides, Genèves p.180 [228]R. Prenter, Martin Luther, der Lehrer der Kirche, In Theologische literaturzeitung, p.8; cité par G.Chantraine, Érasme et Luther, Ed. Presses Universitaires de Namur et P.Lethielleux, p.336 [229]Marguerite de Navarre, Le miroir de l'âme pécheresse; L'oraison à nostre Seigneur-Jésus Christ, München: Verlag [230]Cité par J.Dagens, Le miroir des simples âmes et Marguerite de Navarre, In La mystique rhénane, colloque de Strasbourg, P.U.F p.283 [231]L'acte d'accusation du procès contient des formules qui se retrouvent textuellement dans la version latine du Miroir. [...]
[...] sur la conception nordique de l'art et le modèle keplerien de l'œil. [293]Léonard de Vinci, Traité de peinture, Op.Cit., p.114 [294]Etelan, Le miroir, A. Colin cité par J. Rousset, In Anthologie de la poésie baroque, t.1, p.255 [295]Arasse Daniel, Les miroirs de la peinture, In Rencontres de l'École du Louvre, sept Ed. La documentation française, Paris p.67. Non seulement de source mais aussi de finalité, le goût du spectateur se joue dans le rapport intime de l'œuvre à sa propre image. [...]
[...] Que dit en effet la parole du philosophe sinon Connais-toi toi-même ? Cela indique par-là le miroir spirituel et intellectuel. Qu'est donc ce miroir sinon l'esprit divin et primordial (du père A moins qu'on ne dise que c'est le principe des principes, le fils de Dieu, le Verbe, celui dont les pensées et les sentiments procèdent aussi de l'Esprit-Saint Ainsi Zosime entremêle les conceptions de Dieu-miroir et Dieu-œil-se mirant lui-même, suivant l'idée que l'on se faisait de l'œil humain reflétant la lumière comme un miroir : Dieu est le miroir de son propre esprit de sagesse[179]. [...]
[...] également la Hiérarchie céleste In PG 165a. [116]Tout comme saint Bonaventure, pour qui l'union mystique se fait comme la speculatio des chérubins Collationes in Hexameron, XXI t p.436a. Cette pensée initiée par le Pseudo-Denys l'Aréopagite se retrouvera sur cette question aussi bien chez Hugues de Saint-Victor, Thomas Gallus, Robert Grossetête, Albert le Grand, Saint Thomas ou encore Dante, pour qui la lumière divine se répand sur la foule des anges, et dont l'amour de Dieu est proportionné à la vision qu'il a de Lui, La Divine Comédie, le Paradis, chant XXIX. [...]
[...] Cette simplicité sert aussitôt d'image pour venir démontrer les choses les plus diverses. En exposant ses théories sur le miroir, Platon fait état des changements qui s'y opèrent : Quant à l'origine des images que donnent les miroirs et toutes les surfaces brillantes et polies, il n'est pas difficile de la comprendre. En effet par suite d'affinité réciproque du feu intérieur et du feu du dehors, chaque fois que l'un d'eux rencontre la surface polie et vient s'y appliquer à nouveau plusieurs fois successives, toutes les apparences de ce genre se manifesteront nécessairement parce que ce feu extérieur qui se trouve proche du visage, colle étroitement au feu de la vision contre la surface brillante et lisse Dans les miroirs plats il en résulte des inversions : Mais alors ce qui est à gauche apparaît à droite. [...]
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