Voici une lecture suivie détaillée des deux premières Méditations métaphysiques de Descartes, dans leur traduction française. Le texte figure dans le Manuel Belin, pp. 103 et suiv. Mais je conseille vivement l'édition GF, moins pour la présence du texte latin en vis-à-vis, que pour les Réponses faites par Descartes aux différentes Objections qui lui ont été soumises, et qui apportent un éclairage indéniable au texte.
Par commodité, j'ai indiqué, lorsque je cite le texte, le paragraphe auquel il correspond dans la marge : les deux premières Méditations se découpent ainsi en trente paragraphes. J'ai privilégié, au risque d'alourdir le document, quelques interprétations de commentateurs qui me semblent pertinentes pour mieux saisir les enjeux du texte. Certaines sont reprises et développées dans l'annexe.
Extrait du commentaire de la Première Méditation :
"Descartes exprime la difficulté qu'il éprouve à maintenir le doute. Il y a en effet de la difficulté à considérer comme faux ce qui est pourtant très probable. Le doute va contre la pente naturelle de l'esprit, il est un acte de la volonté qui demande un effort. Les vérités mathématiques ont tendance à s'imposer à l'esprit. Il est difficile de suspendre tout jugement à leur égard malgré l'évidence de leur vérité. Quant aux anciennes opinions, elles ont acquis la force d'habitudes. Comment lutter, et persévérer dans la méthode que Descartes a fixée ?
En créant une nouvelle habitude, opposée à la précédente. Cf. le mot "balancé" à entendre comme "ce qui contrebalance". Pour ne plus avoir peur, il faut s'habituer à ne pas fuir devant le danger. De même, l'exercice du doute exige une accoutumance ; il faut s'habituer à considérer ses anciennes opinions comme fausses. Il faut faire comme si tout était faux. Une telle attitude est possible parce qu'ici, il n'est pas question d'agir, mais de connaître : "C'est pourquoi je pense que j'en userai plus prudemment [...] mais seulement de méditer et de connaître"
À cause des difficultés soulignées précédemment, Descartes ajoute une troisième hypothèse, destinée à rendre le doute plus crédible, à faciliter l'exercice du doute : celle du Malin génie. Cette hypothèse est faite pour mieux satisfaire à la fois le croyant et l'athée : on ne demande plus au croyant d'imaginer un Dieu mauvais ; on ne demande plus à l'athée d'admettre l'existence de Dieu.
Le malin génie n'est ni bon, ni tout-puissant, ce qui écarte tout problème de théodicée. Il est supposé juste assez puissant pour pouvoir agir sur notre esprit. Pour les besoins de la démonstration, il n'est pas nécessaire de recourir à Dieu. Une créature à laquelle on accorde juste assez de pouvoir pour pouvoir nous induire en erreur fait l'affaire. Nous pouvons citer ici deux commentaires éclairants, ceux de Henri Gouhier et Ferdinand Alquié.
Bref, l'hypothèse du Malin Génie n'est qu'un artifice méthodologique pour convertir en négation radicale le simple doute engendré par l'idée qu'il peut y avoir un Dieu trompeur. Ainsi, le doute a désormais atteint son paroxysme : tout est douteux, y compris l'existence du monde autour de moi, et même la vérité des énoncés mathématiques. Le seul moyen de s'opposer au malin génie est la suspension du jugement. Le seul moyen de ne pas tomber dans l'erreur est de faire comme les sceptiques : ne pas juger, ne rien affirmer.
"Que sais-je ?", formulait Montaigne de manière interrogative, élevant ainsi le doute au carré. Mais alors que pour Montaigne le doute est le dernier mot, pour Descartes ce n'est qu'un préalable méthodologique nécessaire pour découvrir quelque chose de certain, comme va l'établir la IIe Méditation."
[...] Bref, la folie n'est pas une sorte de fatalité organique une fois pour toutes définie par ses traits immuables. Or, dit Foucault, dans cette histoire, dans cette interprétation, le xvi ie s., où s'impose la rationalité classique, est un moment fort. En effet, le regard porté sur la folie prend alors la forme inédite d'un regard d'exclusion exclusion concrètement matérialisée à travers le geste d'enfermement des fous dans la nouvelle institution qui constitue l'emblème visible, le dispositif où se réalise en pratique l'ordre de la raison : l'Hôpital Général. [...]
[...] Jusqu'au XVIe , on avait écrit des méditations morales ainsi que religieuses, mais Descartes est le premier à utiliser la méditation pour une œuvre exclusivement métaphysique. Descartes veut guider le lecteur vers un salut tout intellectuel, en lui faisant part de la manière dont il a découvert la raison et dont il s'est, par là, libéré de la ténébreuse dépendance des sens, qui l'avait autrefois laissé dans l'incertitude et l'erreur. L'ascèse est métaphysique : elle consiste à s'exercer à détacher son esprit des sens, à rompre avec les préjugés de toute sorte. [...]
[...] Le plus souvent le mouvement de l'oral est le suivant : Votre explication, puis questions de l'examinateur sur le texte. Dans tous les cas votre prestation porte d'abord sur un texte extrait d'une œuvre portée sur la liste que vous présentez à l'examinateur (le double figure dans le livret scolaire). C'est pourquoi, pendant le temps qui vous a été laissé pour vous préparer : vous devez : III. LE MORCEAU DE CIRE 45 Préparer l'introduction du texte, ce qui implique d'être capable de situer le texte d'une part par rapport à la problématique générale de l'œuvre (cf. [...]
[...] C'est dans la 6e Méditation que Descartes examinera la question de la liaison de l'âme et du corps. Descartes y reconnaît que l'âme et le corps, au cours de cette vie, sont unis, et même intimement, puisque l'âme «n'est pas dans le corps comme un pilote dans son navire». Le marin ne fait pas corps avec son navire, tandis que l'âme ressent ce qu'éprouve le corps. Ame et corps sont liés, mais distincts du point de vue de leur essence : ils sont de nature différente. [...]
[...] D'un décalage entre ma volonté infinie et mon entendement intelligence) limité. 6e Méditation Toute connaissance autre que celle de Dieu et de notre âme est moins certaine. Comment alors lever le doute sur tout ce qui n'est pas connaissance de Dieu et de moi-même ? Le problème soulevé est celui de savoir si, au-delà de l'existence du cogito, il peut y avoir d'autres évidences. Pour y répondre, Descartes va d'abord prouver que le monde matériel existe, et ce, toujours grâce à Dieu : 1. [...]
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