La Modernité s'est caractérisée par une vision inédite de la liberté. Hegel fait ainsi remarquer que les Anciens, même s'ils se savaient libres en tant que citoyens, n'avaient aucune conception de la liberté de l'Homme en tant que tel. « L'infinie exigence de la subjectivité, de l'autonomie de l'esprit en soi était inconnue aux Athéniens » (Hegel, Histoire de la philosophie). Heidegger évoque lui aussi la liberté moderne comme une nouvelle liberté, en la décrivant en référence au « déploiement de l'être en tant que subjectivité » comme une « législation autonome de l'humanité ». Ainsi autour de l'idée moderne de liberté s'articulent deux concepts proches : l'autonomie et l'indépendance. Tous deux ont été valorisés par la Modernité et s'articulent étroitement autour de cette exigence moderne de liberté.
[...] C'est par ce processus qu'apparaît le concept d'autonomie. Dans un premier temps, Descartes fait émerger l'idée que la nature n'est pas traversée par des forces invisibles. Elle n'est qu'un matériau brut, et en tant que tel parfaitement maîtrisable par la raison et la volonté. Descartes pose ici une conception anthropocentrique du monde : Tout devient moyen en vue de l'accomplissement de l'homme. Avec les Lumières s'opère une rupture avec la raison cartésienne. L'idée d'une science a priori est récusée au profit d'une science instrument neutre mis au service de fins qui en font la valeur (par exemple le bonheur de l'humanité). [...]
[...] Un espace de liberté s'est ouvert, laissant le choix des conduites individuelles. Pour autant, il ne s'agît pas d'une liberté totale où le sujet se donne le principe de son action, pas d' idéal de l'autonomie subjective dans la sphère des opinions Lipovetsky le constate volontiers, comment parler de liberté individuelle là où la vie de la conscience vibre aux rythmes des humeurs changeantes de la mode ? L ‘analyse mène ici à l'idée que le règne mimétique de la mode rend possible au niveau de la majorité des hommes le déploiement de l' autonomie personnelle Gilles Lipovetsky ne fait pourtant pas assez la distinction entre une culture individualiste de l'indépendance et une culture humaniste de l'autonomie. [...]
[...] du Seuil Paris. Voir l'analyse de la société indienne par L.Dumont. G.Lipovetsky, L'Empire de l'éphémère, La mode et son destin dans les sociétés modernes, Gallimard Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, trad. par A.Philonenko, Vrin p.137. [...]
[...] Indépendance et autonomie La Modernité s'est caractérisée par une vision inédite de la liberté. Hegel fait ainsi remarquer que les Anciens, même s'ils se savaient libres en tant que citoyens, n'avaient aucune conception de la liberté de l'Homme en tant que tel. L'infinie exigence de la subjectivité, de l'autonomie de l'esprit en soi était inconnue aux Athéniens (Hegel, Histoire de la philosophie). Heidegger évoque lui aussi la liberté moderne comme une nouvelle liberté, en la décrivant en référence au déploiement de l'être en tant que subjectivité comme une législation autonome de l'humanité Ainsi autour de l'idée moderne de liberté s'articulent deux concepts proches : l'autonomie et l'indépendance. [...]
[...] Sa réflexion nous mène à une confusion entre indépendance et autonomie. Peut-on donc superposer l'autonomie, valeur-clé de la modernité et l'indépendance, consécutif de l'individualisme ? La logique de l'individualisme est celle de l'indépendance, celle de la libération des entraves menant l'individu moderne, tout comme le renonçant indien[1] à ne se préoccupé que de lui-même. La valorisation de l'indépendance est l'autosuffisance qui poussée à l'extrême conduit au geste de celui qui abandonne la vie sociale et ses contraintes Dumont inscrit ici sa réflexion dans la lignée de Tocqueville, évoquant dans De la démocratie en Amérique les risques encourus par une société individualiste, chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à tous les autres Dans ses Essais, Dumont explique que dans la conception moderne du droit et de la politique, la valeur suprême c'est l'homme considéré comme une être autonome, indépendamment de toute attache sociale ou politique Ainsi l'autonomie signifierait l'indépendance absolue, la capacité pour l'homme de n'avoir besoin que de soi-même pour exister. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture