Mémoire d'environ 40 pages sur la pensée politique de Jean-Jacques Rousseau et de sa place dans la modernité. Il s'agit d'éclairer les conceptions rousseauistes sur la nature humaine et de les comparer à celles de la pensée antique (Platon et Aristote) et celles de la philosophie des Lumières, contemporaine de Rousseau. En partant de la condition humaine définie par celui-ci, on peut ensuite chercher à pénétrer la pensée du Genevois et son enseignement politique, qui passe par une esthétique poétique, en particulier sur la question de la tension entre individu et communauté. Ce texte cherche également à comprendre l'héritage de cette pensée dans notre manière d'appréhender la politique, et montrer les fondements de notre perception des problèmes et de nos valeurs : régime populaire, démocratie libérale et droits de l'homme.
[...] La citation de la note de la phrase qui ouvre la deuxième partie évoque l'homme du commun, aliéné, et le philosophe-poète-législateur, homme qui a recouvré sa nature : Le satyre, dit une ancienne fable, voulut baiser et embrasser le feu, la première fois qu'il le vit ; mais Prometheus lui cria : Satyre, tu pleureras la barbe de ton menton, car il brûle quand on y touche ; Le satyre est le philosophe des Lumières qui se ruent sur le feu scientifique sans en mesurer les conséquences et qui se brûlent, l'homme dégénéré orienté par sa passion frénétique pour la connaissance scientifique par vice d'orgueil. Prometheus est celui qui possède la connaissance et qui sait qu'il ne faut pas la divulguer sans médiation et sans ornements ; ornements destinés à occulter les questions premières sur la nature des choses et plus particulièrement de l'homme. Rousseau se sent dans la peau de celui qui va se faire clouer à une montagne, exclu de la société des hommes, il sait qu'il va heurter de front tout ce qui fait la fierté des Lumières. [...]
[...] On distingue trois catégories d'être sensible : le plus simple est la plante, à l'âme nutritive, puis vient la psyché animal, nutritive et émotive, et enfin l'homme, à la psyché nutritive, émotive et intellectuelle. L'homme possède une faculté particulière, l'intellect, qui lui permet d'exercer la raison. Ainsi, l'âme humaine est tripartite, et l'intellect n'est pas un instrument, une superstructure au service d'une infrastructure de passion, ce qui est le cas chez les philosophes modernes ; la raison est un élément de l'âme. [...]
[...] Etudier Les confessions est un classique des classes de français du lycée. Mais cette qualité littéraire est un masque autant qu'un charme. Elle sert la pensée autant qu'elle l'occulte car elle est partie intégrante du projet philosophique et politique de l'auteur. Leo Strauss divise l'histoire de la philosophie moderne en trois vagues : celle inaugurée par Machiavel, la rupture de Rousseau et enfin celle de Nietzsche. Pour des raisons de place, nous n'évoquerons pas ce dernier auteur, qui pourtant en mériterait une de choix dans la comparaison avec Rousseau, puisque Nietzsche écrivit en grande partie en réaction hostile à la pensée du genevois, qu'il considérait comme dangereuse pour l'humanité car orientée vers la faiblesse et l'égalitarisme quand lui prôna la force et l'aristocratisme. [...]
[...] Parce que contrairement à Hobbes, les signataires du pacte social sont membres du souverain, et exerce la souveraineté par le biais de la volonté générale. Le corps politique formé par le pacte est triple : -Etat lorsqu'il est passif ; -Souverain lorsqu'il est actif ; -Puissance envers les autres entités formées par un pacte social. Selon Rousseau, l'acte d'association renferme un engagement réciproque du public envers les particuliers, et chaque individu, contractant, pour ainsi, avec lui-même, se trouve engagé sous un double rapport : savoir, comme membre du souverain envers les particuliers, et comme membre de l'Etat envers le souverain. [...]
[...] Selon l'auteur du Prince, il est possible, et nécessaire dans certains cas, de faire le mal pour obtenir le bien, d'où dans Le Prince l'accent mis sur la ruse en politique. Un second niveau de rupture est à éclairer : Machiavel est le premier auteur à déclarer que le pouvoir repose sur le consentement du peuple. Ce qui fera dire à Rousseau que cet auteur en feignant de donner des leçons aux princes en donna de grandes aux républicains. En refusant la possibilité de la sophia et par conséquent de la philia tes sophia, Machiavel subordonne la théorie à la pratique. [...]
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