Nous partirons ici d'un principe très simple : Heidegger est celui qui, en prouvant que le penseur du grand dépassement de la Métaphysique (Nietzsche) reste néanmoins prisonnier de cette même tradition, se veut le premier tueur de la Métaphysique (en pensant la fin de la Métaphysique). Nietzsche « tue Dieu », certes (pensée que nous apprendrons à nuancer par la suite), mais c'est Heidegger qui, vraiment, mène la « bête » à l'abattoir.
Platon-Nietzsche-Heidegger, comme le non moins célèbre ouvrage de Mattéi, seront nos trois penseurs de la philosophie occidentale : trois grands représentants de la philosophie antique, de la philosophie moderne (à son déclin) et de la philosophie contemporaine.
Nous allons appliquer la méthode de Descartes, la réfutation méthodique du savoir, le doute dévastateur, pour mettre à l'épreuve l'analyse d'Heidegger. Il s'agira donc après de reproposer un savoir d'après cette tabula rasa des principes d'Heidegger.
Nous nous proposons d'en rester au texte lui-même. Nous accompagnerons le lecteur sur les chemins difficiles à suivre que trace Heidegger, tel Socrate avec ses jeunes apprentis, histoire de rétablir le dialogue dans un discours bien trop monologique.
[...] En disant volonté (en omettant par là même de puissance Heidegger cède à la tentation qu'il dénonçait auparavant (p. 280), à savoir de prendre la volonté au sens commun, quotidien, de tendre vers quelque chose Peu étonnant dès lors qu'Heidegger débouche à la fin de son raisonnement sur le sujet cartésien. On peut même dire qu'il ne l'a jamais quitté Non seulement il isole la volonté de la puissance mais en plus il prend la volonté au sens quotidien. D'abord, la volonté (sens commun) ne se veut pas elle-même elle veut autre chose, quelque chose d'extérieur à elle-même. [...]
[...] De plus, Heidegger lui-même insiste bien, dans la suite du texte, sur l'insuffisance de la vérité pour “atteindre un degré de puissance” (p. 290) : la constance du permanent [ . ] est impuissante à prodiguer ce dont la volonté a avant tout besoin pour pouvoir, en tant que volonté, se dépasser elle-même Heidegger entoure sa justification (avant et après) par la thèse qui l'infirme ! Ce passage de la justification à la justice est assez problématique. Est-il justifié (c'est le cas de le dire ) par un rappel étymologique ? [...]
[...] Aphorisme 286 dans la première édition (traduite en France par Henri Albert) : NIETZSCHE Fr., La Volonté de puissance, essai d'une transmutation de toutes les valeurs, t. II, trad. par H. Albert, Paris, Mercure de France pp. 47-48. Heidegger lui-même a participé au Comité scientifique de l'édition historico-critique des œuvres et de la correspondance de Nietzsche, projet pour la première édition critique des œuvres de Nietzsche en 1937. Il en parle dans Nietzsche I (in Gesamtausgabe I. Abteilung : Veröffentlichte Schriften 1910-1976, Frankfurt am Mein, Klostermann pp. 7-8). [...]
[...] Donc (mais y a-t-il bien conséquence logique ? Comment le rattacher à une explicitation des deux citations Heidegger situe les animaux par rapport à Zarathoustra, leur maître : description des animaux (l'aigle et le serpent) d'après la fin du prologue[29] du Zarathoustra. Ce faisant, il fait une lecture complètement déplacée du passage (à dire vrai incompréhensible), en rattachant le cercle (le vol de l'aigle) à l'anneau (le serpent enroulé à l'aigle). Les animaux, conclut Heidegger après la lecture du passage, veulent découvrir si Zarathoustra vit encore c'est-à-dire si sa volonté répond à [ ] la volonté de puissance Dans le texte Le mot de Nietzsche , Heidegger a saisi la volonté de puissance comme la vérité de l'étant en tant qu'étant. [...]
[...] Et que signifie alors se libérer de la vengeance ? Ceci permettra pour Heidegger d'assembler, dans la figure de Zarathoustra (qui enseigne la vie, la souffrance et le cercle), retour éternel du Même et Surhomme. Nous savons déjà que, pour Nietzsche, la souffrance c'est la vie Tout ce qui souffre veut vivre cité par Heidegger), et la vie est pensée sur le mode de la volonté de puissance. Le cercle symbolise l'éternel retour du Même. Reste par conséquent le Surhomme : où le situer ? [...]
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