Hegel, histoire russe, origine, Les Lumières, Révolution bolchévique, Russie, situation géopolitique, confédération de Républiques, bipartition du monde, superpuissance russe, superpuissance américaine, terreur, idéologie communiste, URSS Union des Républiques Socialistes Soviétiques, Union soviétique, postmodernité, contre-révolution bolchévique, Révolution d'Octobre 1917, disciplinarisation de l'Histoire, mouvement de l'Histoire, pensée spéculative, langage philosophique, russité, génie du capitalisme, sociale-démocratie, vision métahistorique fukuyamiste, dégénérescence des empires, processus d'auto-constitution, histoire, esprit, contradiction, liberté du négatif, esprit de l'Histoire, guerre froide, guerre, territoire russe, téléologie slave, conceptualisation dialectique de l'Histoire, hégélianisme, marxisme, appropriation russe, esprit russe, révolutions démocratiques, logique, nature, holisme
La Russie n'est plus aussi aisément identifiable qu'autrefois. Elle présentait, il y a tout juste une trentaine d'années, une situation géopolitique unique au monde, confédération immense de Républiques unies par l'idéologie communiste, ayant rallié des États aussi éloignés que le Vietnam et Cuba à la cause de l'Internationale. Toutefois, la fin de la bipartition du monde, entre superpuissance russe et américaine, compromit une catégorisation binaire, intellectuellement rassurante, des pays au sein de cet antagonisme. L'équilibre de la terreur se résolut par le triomphe de l'idéologie du continent d'outre-Atlantique sur celle qui avait motivé l'immense expérimentation politique du régime socialiste en Russie, de la société bourgeoise sur celle du prolétariat. Bien sûr, les anciens partenaires de la civilisation déchue durent s'adapter à la nouvelle donne imposée. Néanmoins, dans les premières années qui suivirent la dislocation de l'URSS, la répulsion envers le vainqueur qui s'exprimait en de franches réticences prit la forme d'une curiosité coupable pour se changer finalement en attirance non dissimulée. Le monde fut apparemment conquis en douceur !
[...] je plains moins les hommes ; le Russe a le goût de la servitude. » Cette idée d'un peuple qui ne serait doté que d'une âme le réduit à une pure réceptivité sans capacité propre à se gouverner de lui-même. Le peuple slave serait assimilable à un peuple esclave, et ce rapprochement étymologique contribue à donner l'image d'un peuple qui manque d'indépendance d'esprit, et enjoint l'idée que l'homme russe serait extérieur à la civilisation et à jamais sauvage. Mais on ne peut s'en tenir à ce constat quelque peu romanesque d'une « âme russe » afin d'aborder sérieusement la pénétration de l'hégélianisme en Russie ; l'Histoire des idées n'a pas le fantasque des emportements débridés de l'imagination littéraire. [...]
[...] Pourtant, Stankevič et Herzen partagent une conception de l'action qui réhabilite l'incidence de l'homme sur le cours historique. Même s'il est reconnu que la captatio benevolentiae de la philosophie de Hegel en Russie s'effectua grâce à ses tenants les plus abstraitement spéculatifs, l'intérêt s'est déporté de la question spéculative pour aller vers l'Histoire et la politique. L'aspect essentiellement logique de la Phénoménologie de l'Esprit, établissant l'interdépendance du réel et de l'idéal, suscita la prise de conscience subjective de l'insuffisance à trouver refuge dans le Jenseits, dans une aspiration indéterminée, et ainsi à dépasser le caprice d'un individu trop attaché à ses passions indolentes. [...]
[...] Selon Hegel, le despotisme oriental ne va pas dans le sens de l'Histoire. Puisque la partie qui se veut être le tout et ne veut la satisfaction que d'elle-même, confondant le superflu de la particularité et la nécessité de l'universel, est au principe du mal ; or la volonté capricieuse d'un souverain qui ne prend pas en compte l'intérêt de son peuple est à prendre pour un mal terrible en tant qu'elle est précisément une déterminité particulière qui fait primer la volonté d'un homme sur le bien d'une nation C'est l'absence de bornes et de limites, l'immensité de la Russie, qui aurait condamné son peuple à un gouvernement despotique, dont l'autorité est mise au défi par les difficultés d'administration du territoire : « [ . [...]
[...] Il contient des renseignements détaillés qui révèlent la physionomie propre de la Russie, sa civilisation, ses conditions de vie matérielle et ses mentalités. Des extraits de la littérature politique et religieuse : textes officiels, oukases, codes, testaments de souverains, chroniques, y sont étayés de compléments divers tels que descriptions vivantes, cartes et croquis suggestifs, introductions qui coiffent les textes, notes qui les enrichissent sur des points difficiles d'Histoire ou de langue. Une centaine de pièces d'archives, mettant en lumière les cadres économiques, sociaux et mytho-poétiques de ces siècles mal connus de l'Histoire russe à l'âge de sa féodalité, sont ainsi collectées et mises en valeur. [...]
[...] Par ailleurs, l'auteur fait part de cas remarquables de longévités exceptionnelles. Ce seul contraste est selon lui manifeste du recours au fatalisme et à la superstition ; en effet, plus la durée de vie est inégale et incertaine, plus elle paraît être le produit de causes surnaturelles : les moujiks vont jusqu'à refuser les médecines non-traditionnelles, et dans de nombreux oukaz la vaccination était considérée, jusqu'au début du XXe siècle, comme un péché. L''âme russe' est ici définie en fonction de pratiques de son peuple considérées comme archaïques, d'un obscurantisme contrastant avec les Lumières européennes, et qui les aurait tenus à l'écart du progrès. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture