Certains ont été impatients de la sortie de chaque tome d'Harry Potter, d'autres ont trépigné en attendant la parution du dernier Twilight. Mais s'il est un espace sur la Toile où les frustrations des spectateurs semblent avoir été dépassées, c'est bien sur les sites et blogs qui hébergent les « fan-fictions ».
Mais qu'est-ce qu'une « Fan-fiction » ? En quoi le phénomène véhiculé par ce mot valise est-il témoin d'une nouvelle appréhension des médias par les spectateurs ?
Ces fan-fictions, également appelés « fanfics » par les connaisseurs, sont des fictions écrites par les fans d'un livre, d'une série télé, d'un jeu vidéo, d'un film ou encore d'un jeu de rôle. De Friends à Harry Potter en passant par Naruto, les « fanfics » reprennent l'univers de l'oeuvre pour créer une nouvelle fiction qu'ils diffusent sur Internet. Ces nouveaux auteurs amateurs n'hésitent pas à livrer leur version des séries, films ou romans qu'ils apprécient tant, quitte pour ce faire à réformer fortement l'intrigue initiale.
Ces fan-fictions trouvent leur place dans une large convergence des pratiques liées au divertissement, à la recherche d'information faite à travers des magazines papiers ou encore des sites Internet spécialisés, mais également à la production de contenus comme les blogs ou forums, et bien sûr aux partages. Grâce à l'écriture, il s'agit de prolonger une expérience de lecture, de continuer à vivre aux côtés d'une oeuvre et de ses personnages : ces « fanfics » constituent de fait l'appropriation active d'une oeuvre par son lectorat.
Ce phénomène nous amène ainsi à plusieurs interrogations fondamentales : Qui sont ces auteurs amateurs ? Quelles sont leurs « motivations » d'écriture ? Pourquoi écrire sur Internet, qui implique une mise en regard, qui « donne à voir » ?
[...] Avec Internet, la prolongation d'une expérience de lecture grâce à l'écriture participative ne deviendrait-elle pas un moyen pour le fan d'accéder avant tout à une nouvelle sociabilité en ligne, et finalement à de nouvelles modalités de réception du contenu médiatique ?
Dans un premier temps nous observerons dans quelle mesure le fan peut être défini sociologiquement alors même que ce statut se fonde sur un sentiment personnel. A partir de là se pose la question de l'existence d'une culture fan, de sa nature et de ce qu'apporte cette définition pour comprendre la spécificité et l'intérêt du fan amateur de fiction.
Par la suite les acteurs de la fan-fiction seront étudiés de plus près dans leur identité à travers leurs rôles, leurs implications et la façon dont ils prennent part au phénomène de la fan-fiction.
Nous pourrons alors aborder concrètement le processus de l'écriture, sa nature adolescente et son aspect participatif qui prend toute son ampleur sur Internet.
En outre, en recréant les normes et les structures communicantes de l'échange en face à face, la fan fiction semble acquérir le statut de communauté virtuelle articulée autour d'un lien social avec ses propres codes, règlements et conventions.
Enfin, par l'appropriation systématique du contenu du produit médiatique qu'est la fan fiction, sa transformation et la mise en place de communautés online, nous observerons en quoi ceux-ci révèlent une certaine transformation du rapport aux médias à l'heure du web 2.0 (...)
[...] Je sais qu'il y a des personnes pour qui c'est le cas. Mais pour la majorité c'est un loisir. Comme la lecture d'un autre livre. Je ne sais pas s'il y a une prétention a quoique ca soit. Y a-t-il un besoin d'appartenir à une communauté ? Je pense que c'est secondaire. C'est mon avis personnel. Je pense que c'est collatéral au fait de lire et d'écrire. Quand on lit pas mal de ces histoires ca donne envie d'écrire, de contribuer. [...]
[...] Il y a donc effectivement des relations de pouvoir. En particulier celui qui a beaucoup de reviews : plus on en plus cela signifie que l'on est écouté, apprécié C'est pour cela que certains chassent les reviews. Certains lecteurs classent en fonction des reviews pour chercher des bonnes histoires. Outre les reviews, il y a les relations dans la vraie vie. Il faut savoir un peu comment s'organisent les gens, qui est ami avec qui. Vous avez aussi de vraies guerres intestines, mais je n'y prends pas part. [...]
[...] Pour André Lemos[31], la proximité entre les individus se forme a partir du lieu symbolique en ligne et l'engagement se fonde sur un intérêt commun. La première condition est d'ordre cognitif. Pour qu'il y ait communauté virtuelle et partage communautaire, il faut que les agents soient créateurs de contenus. Les usagers doivent être innovateurs. L'autre condition est d'ordre social. La conversation via les forums apparaît en effet être l'instrument privilégié d'extension des groupes sociaux. Ainsi sur les sites de fan fiction le système de commentaires est souvent complété par celui d'un forum. [...]
[...] Les fan-fictions et la question de l'appropriation du contenu La notion de liberté est de fait centrale dans le phénomène des fan- fictions, car elle est véritablement au centre de la question de l'écriture. C'est ici à la question de l'appropriation du contenu d'un produit médiatique que l'on touche, et ce mot de contenu est en lui- même un mot-clef : il s'agit bien de s'approprier un univers et des personnages, et d'en user à sa guise, la seule limite existante étant l'imagination de l'auteur qui est donc extrêmement libre. [...]
[...] Au début les conseils étaient très portés sur Harry Potter puis j'ai essayé de les rendre neutre car je me suis rendu compte que des personnes me citaient et ne comprenais pas pourquoi je ne prenais que Harry Potter en exemple. J'ai donc rendu neutre mes exemples. Je me rends compte que la page la plus lue c'est celle que j'ai écrit sur comment écrire un dialogue. J'ai fait des recherches dans des livres de grammaire et tout. Vous considérez-vous comme un écrivain ? Non. C'est difficile. J'étais plutôt bonne en français mais je n'aimais pas les dissertations, dans mes études en droit et dans mon travail. [...]
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