Il ressort clairement des analyses dumézilienne et lévi-straussienne qui ont été faites du mythe que celui-ci peut être considéré comme un produit de la société. Cependant, il faut bien ajouter que les réflexions de ces deux auteurs ne s'arrêtent pas là. En effet, pour Dumézil, le mythe est, dans le contexte des sociétés indo-européennes une infrastructure fonctionnelle de ces sociétés. Le récit mythique est considéré comme le socle fondamental de la réalité sociale. L'organisation mythique prime sur l'organisation sociale réelle. Par ailleurs, Lévi-Strauss, dans l'Introduction à l'œuvre de Marcel Mauss affirme qu'il ne faut pas « élaborer une théorie sociologique du symbolisme », mais « chercher une origine symbolique de la société » . La pensée mythique est donc fondatrice du lien social. Nous verrons donc que le mythe est moins un effet de la société que la société un effet du mythe
[...] Cependant, Danièle Hervieu-Léger rappelle que tout groupe humain a besoin de s'inscrire dans la continuité pour s'intégrer dans le présent. Mais dans le monde moderne, cette continuité se fait surtout par le biais de petites ritualités séculières et non au travers d'un système global et commun de représentations. La démythologisation du monde moderne procède donc d'une rupture du lien social. D'autre part, ne faut-il pas également inscrire ce processus dans l'optique d'une critique des systèmes symboliques, qui dénonce leur finalité manipulatrice ? 2. [...]
[...] Ce qui constitue un groupe c'est un intérêt, un ordre d'idées et de préoccupations, qui se reflètent certes dans les personnalités et les membres du groupe, mais qui restent assez généraux et impersonnels pour conserver leur sens et leur portée pour tous. C'est ce que chacun garde en mémoire pour décrypter son comportement et celui des autres. Par exemple, ce qui constitue la mémoire collective ouvrière, ce sont des souvenirs conformes à une interprétation de la condition ouvrière, dont on peut supposer qu'ils se forment autour du sentiment de ne pas participer à la vie collective, et d'en être constamment écarté. [...]
[...] Cette motivation est nécessaire à la duplicité du mythe. La motivation n'est pas naturelle ; elle est fournie par l'histoire. De plus, l'analogie entre le sens et le concept n'est jamais complète : la forme laisse tomber beaucoup d'analogues et n'en retient que quelques-uns : elle garde la savane, la chasse, mais abandonne la sécheresse, le désert, etc. Enfin la motivation est choisie parmi d'autres possibles : par exemple l'impérialité française peut avoir bien d'autres signifiants que le salut militaire d'un nègre. [...]
[...] Le Mythe et le Mythique, Albin Michel p [4]DURKHEIM Emile, Le socialisme, Paris p.129 [5]DURKHEIM Emile, Les formes élémentaires de la vie religieuse, PUF DURKHEIM Emile, ibid., op. cit., pp 330-331 HALBWACHS Maurice, La doctrine d'Émile Durkheim Revue philosophique HALBWACHS Maurice, ibid., p HALBWACHS Maurice, ibid, p HALBWACHS Maurice, La morphologie sociale, Paris, A. Colin HALBWACHS Maurice, Les cadres sociaux de la mémoire, Paris, Albin Michel p HALBWACHS Maurice, Esquisse d'une psychologie des classes ouvrières, Paris, Rivière p HALBWACHS Maurice, Les causes du suicide, Paris, Alcan pp 238- 239 HALBWACHS Maurice, La morphologie sociale, op. [...]
[...] Dans cet ensemble de rôles, on peut distinguer deux catégories : les rôles positifs et les rôles négatifs barbares, non intégrés, marginaux. Enfin, il existerait une sorte de surmoi social, à la fois conservateur et codificateur de la société, réservoir des idéologies courantes, des règles pédagogiques, des vidées utopiques : Aucune société ne peut se passer des mythes régulateurs qui émergent périodiquement. Par exemple, Durand insiste sur la récurrence de la figure du juste héros injustement frappé par le sort dans les leçons légendaires de l'histoire de France. [...]
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