La question du statut éthique de l'animal peut alors se formuler de la sorte : les animaux ont-ils une valeur telle qu'on puisse considérer qu'ils méritent d'être « à l'intérieur » du fameux périmètre protecteur ? (...)
[...] Version plus développée du même mythe, dans le Protagoras de Platon, les hommes se sont rassemblés en communauté pour se protéger des animaux ; mais ils ont alors découvert qu'ils étaient sans protection les uns vis-à-vis des autres. C'est pour remédier aux dangers que pareille situation pourrait créer que Zeus a confié aux hommes le don de la justice[10], ne devant pas être employé au bénéfice des animaux, qui se trouvaient dès le départ exclus de la communauté humaine. La justice n'est donc introduite que pour le bénéfice des hommes, à l'exclusion des animaux. Aristote défend une conclusion identique, mais elle n'est plus soutenue par le recours au mythe. [...]
[...] La tâche de celui qui écrit, est, selon les mots de Deleuze, d'être responsable devant les animaux qui meurent, de répondre des animaux qui meurent. Si, à travers ces quelques pages, je parviens à ne pas écrire pour mon chat qui meurt, mais à la place des animaux qui meurent, je m'estimerais heureuse de leur avoir été utile. Car seule la responsabilité devant les animaux qui meurent permet d'être sur la limite qui nous sépare de l'animalité, mais justement de telle manière que l'on n'en soit plus séparé. [...]
[...] Selon quels critères ? Mais, dans les faits et dans la philosophie anglo-saxonne, cette position théorique se confond souvent avec une conséquence pratique : elle est quasiment synonyme d'abolitionnisme c'est-à-dire que ses défenseurs prônent généralement l'abolition de toute utilisation des animaux, comme le fait notamment Regan. D'où la domination naturelle, dans la sphère des droits des animaux, du déontologisme tout entier basé sur le respect d'un principe, qui en l'occurrence est le commandement de ne pas exploiter les animaux. Cela dit, attribuer des droits aux animaux n'implique pas nécessairement d'être abolitionniste : ainsi la Ligue française des droits de l'animal (LFDA), dont la position relève à la fois du bien-être et des droits de l'animal, de l'utilitarisme et du déontologisme sans pour autant être abolitionniste, est relativement inclassable dans un référentiel anglo- saxon. [...]
[...] Les droits au contraire imposent des restrictions fondées sur des normes : R. Plant disait : Les questions relatives aux droits sont des questions qui peuvent se formuler ainsi : comment une personne doit-elle être traitée ? quels sont les institutions étatiques, juridiques ou autres susceptibles d'étayer d'entretenir la façon moralement convenable de traiter quelqu'un Il est ici question d'une personne humaine. En un sens, la question des droits de l'animal pourrait prendre cette forme : pourrait-on remplacer l'expression une personne par un animal ? [...]
[...] L'éthique animale qui étend le statut moral aux animaux est dans une logique extensionniste. Mais jusqu'où le cercle de la considération morale doit-il s'étendre ? * * * Les débats antiques Le débat sur les droits des animaux n'est pas récent. Il a été initié par les philosophes les plus anciens. Le questionnement éthique à l'égard des animaux s'articule autour de plusieurs axes : - D'abord celui du végétarisme défendu par de nombreux philosophes. - Ensuite, y a-t-il entre l'animal et l'homme une différence de degré ou de nature ? [...]
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