Hume est un auteur attachant. En effet ses écrits sont d'une grande diversité : d'une part de style : traités dissertation, enquêtes, dialogues; d'autre part de sujets : connaissance, esthétique, histoire, action, affects, politique. Il présente une réelle singularité intellectuelle : empiriste, sceptique, qui annonce l'entreprise phénoménologique comme analytique. Il a une grande honnêteté dans sa démarche argumentative. Hume présente ainsi une œuvre de mieux en mieux écrite, et très moderne. Hume pose des questions résolument modernes, mais emprunte beaucoup les arguments à la philosophie classique : arguments cartésiens, emprunts à Malebranche, concepts hobbesiens sentimentalistes, esprit de Newton, etc. Cependant il y ajoute sa propre inflexion en les confrontant les uns aux autres pour aboutir à une philosophie agonistique et prudente, attentive aux singularités et aux modifications.
Tout doute sceptique venant des systèmes modernes, aboutit à une solution sceptique. Ce sont ces solutions qui font l'homme moderne. Hume rend compte de ses croyances, de son goût, de sa vie affective, des mythologies qui lui sont propres. Il faut bien voir l'actualité des analyses humiennes ainsi que la modestie véritable qui les caractérise. Cette modestie passe par une mise en scène. Elle n'est pas simple humilité face à ce qui nous dépasse, elle consiste en philosophie à retourner contre soi les armes que l'on a utilisées contre d'autres. Le scepticisme modeste ou modéré n'est donc pas un scepticisme qui se dépasse, c'est celui qui pousse le courage jusqu' à s'interroger sur la valeur ultime de ses propres propositions. C'est pourquoi par exemple il n'y a pas de contradiction entre la critique de la croyance causale et la philosophie causale, c'est-à-dire sceptique et donc seulement probable, dans l'œuvre de Hume. L'œuvre de Hume est en relation avec son lecteur, il y a ainsi une grande diversité d'approches possibles. En effet Hume se tient au niveau de la philosophie abstraite, mais par sa manière de faire et son scepticisme modéré il permet une réelle conversion.
[...] La stabilité vient à l'idée de la répétition. C'est donc bien toujours la vivacité qui fait l'essence de la croyance, la stabilité n'étant que la cause d'une extrême vivacité. De la certitude au scepticisme Il ressort de ces analyses que la nature humaine est tout entière soumise à l'imagination. Elle est donc dépourvue de toute rationalité. Ce que l'on appelle raison est irrationnel. C'est bien là la cause de la mélancolie sceptique. Il ne reste donc qu'un dilemme : entre raison fausse et pas de raison du tout Traité de la nature Humaine I page 361. [...]
[...] Hume montre une genèse naturelle de la société civile, qui induit l'inanité des théories contractualistes. Loin d'être le résultat d'une décision volontaire résultant d'un calcul rationnel, la société au contraire est le produit d'un ajustement des sphères affectives. Elle est un processus et non un événement. Ensuite dans certaines circonstances, un artifice de 2nd ordre, l'Etat ou gouvernement devient nécessaire. La société civile comme artifice de 1er ordre La société civile est une invention humaine qui vient de la réorientation d'une passion humaine : la partialité. [...]
[...] L'expérience de pensée n'induit pas nécessairement un monde différent (homme sans expérience, âge d'or 1er vison du choc des corps, etc.), elle peut aussi s'inscrire dans des situations courantes. Exemple Traité de la nature humaine I page 280: l'expérience du messager et de la lettre. Expérience de la pensée de l'existence continue des corps. Dans le Traité de la nature humaine nombre des expériences de pensée utilise le matériau de la vie ordinaire. Ce sont des expériences qui sont des observations, organisées, quasi provoquées, car elles correspondent à des situations imaginées qui restent cependant cohérentes avec l'expérience, mais qui sont introduites comme des suppositions. [...]
[...] Exemple : les causes de la croyance en Traité de la nature humaine I page 167. Les expérimentations du Traité de la nature humaine sont des suppositions générales suivies de l'observation des effets qui doivent s'ensuivre, étant donné ce qu'est l'expérience. On ne peut donc se prononcer a priori. Il faut une multitude d'expériences. L'expérience de pensée intervient aussi chez Hume dans le but de confirmer les principes établis. Exemple Traité de la nature humaine II : il en appelle à une expérience de pensée pour confirmer le système qu'il a proposé sur les passions indirectes. [...]
[...] Traité de la nature humaine I page 273. Il ne s'agit donc pas d'une expérimentation introspective, qui fausse les matériaux de l'esprit humain. Il arrive parfois à Hume de produire des expérimentations dans le cadre des sciences humaines visant à confirmer le système. Exemple Traité de la nature Humaine I : test sur la notion de croyance. Traité de la nature humaine II, : test pour vérifier les natures de l'orgueil, de l'humilité Dans ces passages Hume revendique alors la ressemblance entre la philosophie morale et la philosophie naturelle. [...]
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