Après l'avertissement, qui suggère des mémoires fictifs, on s'attend à un récit. Mais la première page nous offre un second discours, contraire à celui discours de l'avertissement, qui tentait d'inspirer la confiance pour un « homme connu dans le monde » : l'autorité du narrateur est ici remise en cause dans un texte qui met en doute, de manière explicite, sa propre crédibilité, en avouant une passion qui détruit la sincérité.
Note destinée au lecteur: les pages sont données dans l'édition Garnier Flammarion.
[...] Réponse du diplomate : Votre fille vit (ton sentencieux et phrase condensée à l'extrême, en trois monosyllabes). Il lui donne l'adresse du maître de langues et l'invite à s'y rendre. Il se rend ensuite lui-même chez Théophé pour lui faire part de son initiative et attendre ce spectacle agréable (pour Théophé certes, mais surtout pour lui, puisque le rang noble de Théophé lui ôterait ses derniers scrupules de délicatesse). Je remercie le Ciel du droit qu'il me donne désormais de refuser le nom de père à l'homme du monde à qui je devais le plus de haine et de mépris (rejet de la figure paternelle qu'elle avait intériorisée). [...]
[...] Il refuse de montrer le moindre sentiment de crainte et ordonne qu'on tire des coups avec la cinquantaine de canons qui composent son artillerie. Son secrétaire prend alors l'initiative d'éteindre quelques flambeaux et lampions pour apaiser le grand vizir, timide précaution qui augmente la fureur du diplomate, alors même qu'il constate qu'une partie des convives prend la fuite : Je traitai de lâches et de traîtres ceux que mes efforts de purent arrêter J'étais dans cet espèce de transport lorsque j'entendis les cris d'une femme qui m'appelait à son secours : l'incident diplomatique et l'enlèvement de Théophé sont mis sur le même plan (concomitance de deux actions marquée par la conjonction de subordination lorsque Synèse et le chevalier, accompagnés de deux Grecs, ont enlevé Théophé et essaient de la bâillonner pour étouffer ses cris. [...]
[...] Elle se crut maîtresse de mon secret raconte alors Théophé, alors doublement prisonnière. Pouvoir de celui qui sait et qui perce à jour dans ce roman où la dissimulation tient une place majeure : j'étais liée par la crainte de quelque trahison et je me soumis à toutes les lois qu'elle voulut m'imposer Opposition écrit (la lettre, preuve matérielle, irréfutable et compromettante) / oral (l'aveu de cette esclave sur lequel elle peut revenir : elle peut nier qu'elle reçoit un amant ( il s'agit bien ici d'une ouverture, c'est-à-dire d'une proposition censée ne pas compromettre). [...]
[...] Le grand vizir a d'ailleurs envoyé à deux reprises à la recherche du diplomate un de ses officiers, qui a marqué beaucoup de regret de ne pas me rencontrer : ce détail insiste sur le fait que le diplomate est inefficace, car il n'est pas là au bon moment. Lorsqu'il se présente, il est déjà trop tard : son entreprise a donc été vaine. Il n'a pas été capable de négocier, ce qui le remet en cause dans sa qualité de diplomate. [...]
[...] Modèle de phrase que J. Sgard appelle labyrinthique caractéristique du style prévostien, avec des cascades de subordonnées, des relatives encastrées, des symétries et des oppositions. C'est au lecteur que j'en veux laisser le jugement : le narrateur amorce un raisonnement et laisse le soin de conclure au lecteur. Le retour de Maria Rezati et du chevalier Le valet que le diplomate a chargé d'accompagner Maria Rezati lui apprend que le capitaine du navire qui devait l'emmener en Morée est tombé amoureux d'elle, qu'il l'a convaincue de rentrer en Sicile et, qu'ayant décidé de l'épouser, il a obtenu la permission du père de celle-ci. [...]
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