Transformations du scepticisme, vérité du doute, scepticisme, moteur de la croyance, inquiétude du doute, vérité de l'homme, Montaigne
Une analyse précise des textes montre bien que, plus qu'une école, le scepticisme peut se comprendre comme un instrument au service du bonheur, mais point de la vérité. Cette dimension pratique, voire instrumentale, se trouve confirmée chaque fois que ce courant est réactivé dans l'histoire de la philosophie. Si l'on veut saisir la vérité de ce doute, il est intéressant d'aller jusqu'au bout de ses transformations pour bien saisir le but visé.
[...] Il nous montre la force d'un argument puis le destitue immédiatement. Il s'arrête alors à Copernic qui a produit l'explication la plus récente et, semble-t-il, la plus complète mais cela ne doit pas nous arrêter. Qu'est-ce qui me dit que cette explication ne sera pas renversée à son tour quelques années après? Il n'y a rien qui doive nous rendre favorable aux nouveaux savants et donc nous conduire à privilégier les Modernes sur les Anciens, (Copernic sur Ptolémée) car leur savoir est tout aussi incertain. [...]
[...] L'homme n'a pas les moyens d'accéder par lui-même à la vérité; s'il veut la connaître, elle doit lui être révélée. Il y a donc un abandon total qui est exigé et qui sera plus tard le cœur de ce que l'on nomme le fidéisme. La vacuité de la vérité de l'homme : le scepticisme de Montaigne Le fidéisme désigne précisément la doctrine qui voit dans la révélation le seul accès possible au vrai et qui pense que la foi tient tout entière à la grâce surnaturelle de Dieu. [...]
[...] L'homme est constitué d'un flux contradictoire d'opinions successives puisqu'il peut adhérer à toutes les opinions qui se proposent à lui et les rejeter dans le même instant en les remplaçant par d'autres tout aussi précaires. Cette fluidité nous montre que ce qui nous manque le plus est la constance et un point de repère qui pourrait servir de cap. Notre nature ne semble pas pouvoir nous le fournir, c'est donc vers la grâce qu'il est nécessaire de nous tourner: nos raisons et nos discours humains, c'est comme la matière lourde et stérile: la grâce de Dieu en est la forme ; c'est elle qui y donne la façon et le prix. II, 12. [...]
[...] Mais la fin d'une telle sagesse ne pouvait combler les attentes de son âme et loin de trouver l'ataraxie, il n'y a dans ce doute que le désespoir de ne pas pouvoir atteindre une Vérité bien plus haute. C'est au cœur de son âme - en son for intérieur - qu'il trouve la trace d'une telle aspiration mais aussi la force d'abandonner la raison. Le doute n'est donc pas au service de la connaissance mais bien de fa foi, car il permet justement à la pensée de se retourner contre elle-même pour mettre au jour sa vacuité. [...]
[...] Le travail de réfutation opéré par les sceptiques constitue donc une avance considérable puisqu'il fournit toute une série d'armes contre ces doctrines ou croyances erronées. Il suffit de parcourir la table des matières des Esquisses pyrrhoniennes pour constater que Sextus propose déjà tout prêt un manuel de réfutations. Dans le troisième livre des Institutions divines, Lactance (ive siècle) met en scène une sorte de gigantesque combat entre les philosophes (il les oppose tour à tour les uns aux autres) et laisse comme seul vainqueur Arcésilas puisque sa propre doctrine, en prêchant une ignorance théorique, se retourne contre elle-même et réduit la raison au silence afin de laisser la voie à la foi. [...]
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