Selon la définition, l'ineffable c'est ce qui ne peut être dit ou exprimé. Il nous est tous arrivé une fois dans la vie de nous retrouver face à une oeuvre, un évènement, un paysage et d'avoir les mots qui nous manquent pour le décrire. La notion d'ineffable est donc liée à celle de limite : nous sommes limités, on ne peut pas faire sortir de notre bouche les mots qu'il faudrait pour exprimer ce que l'on pense (...)
[...] Ainsi, on a donc vu que l'ineffable trouve ses racines dans l'aspect conventionnel de notre langage mais aussi avec la bienséance qui nous pousse à être le plus correct possible ou le divin que nous n'osons nommer. Il semble donc que toute chose ne soit pas nommable. Mais comme le montre le Rhinocéros de Ionesco, il ne suffit pas qu'une chose ne soit pas évoquée explicitement pour qu'on ne puisse pas en même temps la critiquer, la remettre en cause, tout cela sans l'évoquer. [...]
[...] Aujourd'hui on essaie de représenter le réel mais aussi des choses imaginaires. Ainsi Homère, narrant les histoires d'Ulysse décrit un monde qui n'existe pas, ou George Orwell écrit des livres de science Fiction comme 1984. La vraie question n'est donc pas de savoir si l'on peut tout dire mais si nous en avons seulement droit ? D'un point de vue strictement pénal par exemple, il apparait que cela est limité : les propos diffamatoires, racistes ou incitant à la violence sont condamnés par la loi Il faut donc faire une différenciation entre indicible et ineffable. [...]
[...] Ainsi, notre langage pose des limites à notre expression et est une source de sentiments, expressions ou mots ineffables. Les sentiments et le respect d'autrui sont également à l'origine de l'ineffable Les évolutions de notre monde nous ont toujours poussés à révolutionner notre langage, à le modifier et à éviter certains mots ou expressions car ils étaient irrespectueux ou porteurs de discrimination : ainsi, peu à peu ces mots sont devenus ineffables : tout cela est le principe du politiquement correct la political correctness Ainsi, les mots comme bas de gamme sont ineffables et on privilégie toujours l'entrée de gamme, le licenciement est une mesure d'ajustement des effectifs. [...]
[...] A l'inverse, sera ineffable ce qui est trop grand, trop extraordinaire pour être décrit. Comme on l'a vu Dieu peut-être considéré comme l'ineffable absolu les œuvres de Mozart le sont souvent aussi Ainsi, on peut répondre que oui, on peut tout dire mais dans certaines limites, pour ne pas froisser son interlocuteur. Toujours est il que l'on peut toujours faire passer son message autrement : il y a un jeu entre le signifiant et le signifié. Par exemple, une lecture hâtive et incomprise du Rhinocéros de Ionesco nous laisserait croire qu'il s'agit d'une curieuse histoire d'hommes se transformant petit à petit en énormes mammifères alors qu'en l'interprétant bien, on y voit plus une métaphore de la montée des totalitarismes avant la seconde guerre mondiale. [...]
[...] Le problème est souvent identique quand il s'agit des intuitions ou des rêves. Il y a en fait 2 raisons qui font que l'on ne peut pas dire ce que l'on veut dire : - Incapacité qualitative : aucun mot ne paraît conforme à ce que l'on veut dire - Incapacité quantitative : par exemple lorsque l'on doit décrire un paysage, un tableau ou nous-mêmes, on n'arrive jamais à dire tout ce qui devrait être dit On peut alors imaginer qu'il y a une forme de différence entre l'immensité de notre monde, et même de notre univers que certains considèrent comme infini et notre langage que l'on peut considérer comme une nomenclature, que l'on peut concentrer dans un dictionnaire. [...]
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