L'ouvrage entreprend de retracer l'histoire de l'évolutionnisme et de la génétique depuis le début du XIXe siècle. Pour ce travail, André Pichot utilise des données textuelles (textes théoriques, législations nationales ou déclarations internationales, correspondance entre chercheurs) ainsi que des données chiffrées sur les victimes des mesures eugénistes et de l'extermination des handicapés et des « asociaux » menée par les nazis.
Une idée couramment répandue veut la science ait été instrumentalisée et dévoyée par des idéologies extrémistes comme le nazisme, alors qu'elle n'est pas en elle-même productrice d'idéologie. André Pichot s'attache au contraire à démontrer que les théories racistes et évolutionnistes ont été très largement partagées par la plus grande partie des biologistes et des généticiens et que ces derniers ont œuvré pour la mise en place de lois eugénistes dès le début du XXe siècle. La politique d'extermination nazie se situe dans la continuité de telles doctrines. La science porte une part des responsabilités dans le déroulement chaotique de l'histoire du XXe siècle, car elle est sortie de sa sphère et s'est donné pour mission de régler des problèmes politiques et sociaux en imposant des catégories prétendument scientifiques de distinction entre les êtres vivants...
[...] La vie se comprend dès lors comme une maximisation du patrimoine génétique, sur le modèle économique de la maximisation du capital. Les individus sont des quantités négligeables, les simples supports d'un patrimoine génétique. Si l'altruisme évolutionniste biologique est si fréquent dans la première moitié du siècle et s'il ressurgit dans la sociobiologie (qui sociologise la vie en lui donnant une fin qui dépasse l'existence individuelle et s'attache à la transmission du génome), c'est qu'il a pour but de concilier le darwinisme et les sociétés animales et humaines. [...]
[...] La société pure de Darwin à Hitler[1]» de André Pichot André Pichot est épistémologue et historien des sciences. Chercheur au CNRS, il est l'auteur, entre autres ouvrages, d'une Petite Phénoménologie de la connaissance (1991), d'une Histoire de la notion de vie (1993) et d'une Histoire de la notion de gène (1999). L'ouvrage entreprend de retracer l'histoire de l'évolutionnisme et de la génétique depuis le début du xixe siècle. Pour ce travail, André Pichot utilise des données textuelles (textes théoriques, législations nationales ou déclarations internationales, correspondance entre chercheurs) ainsi que des données chiffrées sur les victimes des mesures eugénistes et de l'extermination des handicapés et des asociaux menée par les nazis. [...]
[...] C'est le même schéma que pour la biologie darwinienne où les insuffisances scientifiques étaient compensées par le recourt à des pseudo-applications sociales. On voit alors resurgir l'eugénisme, même s'il est individuel, et non plus populationnel. Les craintes se focalisent sur l'individu mal formé Or, à l'échelle nationale, les maladies héréditaires ne concernent que quelques dizaines de cas par an. Leur dépistage n'a qu'un faible impact sur la santé publique, et encore moins sur le patrimoine génétique de l'humanité, vu l'infime fraction de la population mondiale qu'elle concerne. [...]
[...] Les critères génétiques ne sont peut être pas les plus pertinents pour évaluer si une vie mérite ou non d'être vécue. Les applications médicales de la génétique sont moins importantes et plus difficiles qu'on ne le prétend. Leurs conséquence sont surtout idéologiques, avec la création d'un état d'esprit ramenant tout à l'hérédité, avec les risques inhérents. Chapitre 3 : Taxinomie, évolution et racisme. Le racisme moderne est calqué sur le modèle de l'eugénisme : il vise une purification de la société de tout ce qu'elle comporte d'individus indésirables ou inférieurs. [...]
[...] Les stérilisations des malades, fous et handicapés sont suivies en Allemagne d'extermination. Le gazage commence en 1940. Le nombre de morts dus à cette pratique de l'euthanasie évolue suivant les estimations entre et victimes, chiffres qui incluent l'extermination des vieillards des hospices. L'« euthanasie des malades mentaux n'est pas une idée spécifiquement allemande ou nazie. Un peu partout, en Europe et aux Etats-Unis, des associations militent pour une législation dans ce domaine: eugénisme (bonne naissance) et euthanasie (bonne mort) sont deux éléments symétriques des conditions d'une bonne vie. [...]
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