Philosophie mal
Dissertation entièrement rédigée sur le thème du mal
[...] C'est la découverte de l'amour maternel (celui de Mme Numance) qui lui permettra d'accomplir sa volonté. Plus généralement, nos œuvres mettent en scène une certaine porosité entre le mal et la laideur physique : l'assassin du fils de Macduff est un scélérat aux oreilles velues ; Firmin se regardant dans la glace est épouvanté de ses yeux méchants, de sa bouche qui, même au repos, semblait ivre du besoin de mordre ; et le jeune interlocuteur du Vicaire est persécuté, dans un hospice, par de vils domestiques qu'on imagine peu avenants. [...]
[...] Il n'est ni langue ni cœur qui puisse te concevoir ou te nommer ! s'écrie Macduff, avant de comparer ce qu'il a vu à une nouvelle Gorgone2 : le mal est ce qui ne doit pas être vu et ne peut être dit. C'est pourquoi, en montrant le mal, en le disant, l'œuvre d'art plonge celui qui s'en approche (spectateur, lecteur) dans un état de fascination où la jouissance d'assister à la transgression d'un interdit se mêle à l'horreur de voir cet interdit transgressé. [...]
[...] Reste à savoir si cette séduction est le dernier mot du mal. II. Les mains sales, ou les limites de la séduction II.1 Le mal à reculons Que le mal consiste en une séduction de ma volonté n'implique pas que cette séduction s'étende à l'ensemble de mes facultés. Au contraire, elle peut produire un douloureux clivage. C'est le cas du vicaire : les illusions, dit-il, ont beau me séduire, elles ne m'abusent pas ; je les connais pour ce qu'elles sont ; en les suivant je les méprise ; loin d'y voir l'objet de mon bonheur, j'y vois son obstacle L'homme se laisse entraîner, car la séduction du mal est presque irrésistible, mais dans la tristesse et le mépris de soi. [...]
[...] C'est d'ailleurs l'une des raisons de la condamnation rousseauiste des spectacles et des romans, accusés, entre autres, de montrer le mauvais exemple et le mal triomphant. L'éducation d'Emile ne se fera pas par les livres. Conclusion Si le mal est vécu comme un écart par rapport au droit chemin, la séduction qu'il exerce ne s'avère pas toujours des plus séduisantes : au, contraire la laideur et l'ennui en sont souvent l'unique récompense. Qu'est-ce qui, alors, continue de nous séduire dans le mal ? Peut-être, davantage que le mal pour lui-même, est-ce la transgression du bien qui nous séduit ? L'ivresse de la profanation ? [...]
[...] Thérèse aussi, à partir d'un certain moment, ne vit plus que pour le mal. Mais à la différence de Macbeth qui sombre dans une hébétude sanglante, l'emprise du mal est pour Thérèse une emprise heureuse et sensuelle : son itinéraire la mène de la séduction à l'extase. Lorsqu'elle se décide à tuer Firmin : A peine eut-elle pensé ces mots qu'elle se mit à jouir de vertige. [ . ] Elle se mit à réfléchir dans un état de volupté qu'elle n'avait jamais connu. [...]
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