Auguste Comte et la science

Résumé du document

- Le point de vue et la philosophie comtienne de la science se détache tout d'abord très clairement d'une tradition très ancrée, la tradition platonicienne, qui, pour schématiser, assimilait littéralement science ultime et philosophie.
- Comte, au contraire, entend les dissocier clairement, tout en proposant l'élaboration d'un autre genre de philosophie, assez étonnant au demeurant : la philosophie « positive » (...)

Extraits

[...] La connaissance positive se caractérise donc par son utilité, ses capacités de prévision, sa prise sur le réel et sa relativité Dès lors, la science, selon Comte, apparaît comme une immense toile, un immense réseau où toute chose serait interconnectée à d'autres ; ce sont les lois, les rapports de ce réseau que doit s'efforcer de mettre en évidence le savant. Pour autant, la tache du scientifique semble bel et bien infinie : la science serait toujours à perfectionner, et ne serait par là-même jamais achevée. [...]

[...] Le philosophe au sens où Comte l'entend ! - perçoit en effet l'ensemble des connaissances, des disciplines, ainsi que leurs articulations. * La science : perspective historique Selon Comte, l'ensemble des phénomènes humains suit logiquement trois étapes bien définies : l'enfance, puis l'adolescence et enfin, la virilité, l'âge adulte. Aussi a-t-il mis en évidence ce qu'il nomme la loi des trois états ou la loi des trois âges laquelle s'avère fondamentale pour l'évolution des ambitions et des méthodes de connaissance, comme on peut le deviner : - tout d'abord, dans l'âge théologique, l'homme est en quête (une quête éperdue et vaine, pensera-t-on bientôt ) d'absolu, et entend dévoiler, cerner les causes ultimes des phénomènes ; aussi se penche-t-il essentiellement sur les origines des choses. [...]

[...] On perçoit donc là encore la perspective pratique qu'est celle de Comte. * Une science qui se décline au pluriel : une diversité irréductible et nécessaire Si chaque science a pour objectif l'utilité, l'action, dans une optique de bien-être, reste qu'elles s'avèrent toutes profondément irréductibles, estime Comte. Ce philosophe a précisément entrepris de classer et de hiérarchie les différentes sciences, en mettant en lumière divers critères permettant de les singulariser, tant au point de vue de leurs caractéristiques intrinsèques (comme leur facilité par exemple) que du point de vue de leurs moyens d'investigation du réel. [...]

[...] En ce sens, l'homme est la fin, le cœur de l'entreprise scientifique, dans la mesure où il constitue l'objet d'étude le plus complexe. Selon Comte, toute science se doit d'avoir ses propres méthodes, pour plus d'efficacité et une meilleure adéquation à la nature de l'objet étudié (par définition spécifique). A chaque science ainsi définie et hiérarchisée correspond donc dès lors une méthode singulière, qui s'adapte à l'objet d'étude pour le cerner le mieux possible : aux mathématiques, la déduction ; à l'astronomie, l'observation ; l'expérimentation convient à la physique ; la classification est le fait de la chimie, tandis que l'histoire repose sur la comparaison ; enfin, la sociologie s'appuie largement sur la dimension historique. [...]

[...] Comte, au contraire, entend les dissocier clairement, tout en proposant l'élaboration d'un autre genre de philosophie, assez étonnant au demeurant : la philosophie positive * Qu'est-ce que la philosophie positive ? La philosophie positive que propose Comte vise à unifier l'ensemble des connaissances humaines, à les systématiser en somme, ce qu'il suggère en déclarant qu'elle n'est autre que le système général des conceptions humaines Cette systématisation totale, à ambition universelle (qui entend capitaliser toutes les connaissances, dans le temps et dans l'espace), se fait cependant, il faut bien le souligner, dans un but avant tout pratique : il s'agira de mordre de mieux en mieux sur le réel, ce qui implique, évidemment, de ne pas s'attarder outre mesure sur l'essence même des choses, qui apparaît dans cette optique secondaire. [...]