Scepticisme antique, histoire de la philosophie, doctrine, Pyrrhon, dialectique d'Arcésifas, Carnéade
Au sein de l'histoire de la philosophie, le scepticisme semble plus incarner une posture (liée à un refus de la vérité) que constituer une doctrine. Cet aspect a pu être encouragé par le fait que, par delà les principes ou méthodes qu'il développe, il semble surtout se construire autour de grandes figures qui engagent chacune des pistes différentes à partir de matériaux communs. Nous voudrions ici insister sur la cohérence générale de ces pensées même si nous ne pouvons
méconnaître les différences qui historiquement ont pu être marquantes.
[...] Si tout est indifférent, comment guider notre action ? La suspension du jugement n'appelle-t-elle pas d'elle-même une interruption de l'action ? Arcésilas avait bien montré que l'habitude pouvait servir de guide et nous permettre d'agir sans que nous ayons à prendre parti sur la vérité de nos représentations. Il va même jusqu'à admettre qu'il est clair que certaines actions semblent raisonnables. C'est ce dernier point que Carnéade va prolonger pour lui donner une base plus solide et ainsi donner corps complètement à une doctrine cohérente du scepticisme. [...]
[...] Peilegrin, Seuil, Points-Essais Paris Ce n'est donc pas en fonction de la fin mais bien des moyens employés que l'on peut arriver à distinguer ces différentes écoles qui constituent les plus grands courants de la pensée philosophique hellénistique. La connaissance ne joue pas ici un rôle central et ne semble pas directement attaquée. C'est plutôt dans la nature changeante des choses que notre extrait situe les causes de notre malheur. En effet, nous pouvons dire : de chaque chose, qu'il n'est pas plus vrai qu'elle soit qu'il n'est vrai qu'elle n'est pas; puisqu'être ou n'être pas, n'ont pas plus d'existence l'un que l'autre. [...]
[...] C'est d'ailleurs, si l'on se fie aux différents témoignages, plus à son caractère que véritablement à sa pensée qu'il doit une telle renommée. Cet élément montre dès à présent à quel point cette philosophie s'engage dans la pratique avant de vouloir se poser comme une théorie. C'est une telle perspective qui permet d'ailleurs de comprendre pourquoi, comme Socrate, il n'a pas laissé d'écrits. C'est en effet par le témoignage d'un de ses proches disciples -Timon - que nous connaissons sa doctrine. [...]
[...] Il renoue pleinement avec la dialectique pour fragiliser les dogmatismes qui tentent d'imposer une notion figée de l'univers. Il interroge pour montrer à quel point les réponses avancées peuvent paraître vaines une fois que l'on attaque leur certitude.Tout comme Pyrrhon, mais aussi Socrate, il excelle dans le dialogue et ne cherche pas forcément à figer dans l'écrit - et donc peut-être tuer-sa pensée. Il s'oppose ainsi par la fluidité de son discours à la rigueur des stoïciens qui comme Zénon travaillent à l'élaboration d'un système fini et parfaitement certain. [...]
[...] Une telle position, si elle est soutenue jusqu'au bout, peut aller jusqu'à supprimer l'idée même de nature. 2.Le scepticisme de la nouvelle Académie: la dialectique d'Arcésifas Cette idée de l'impossible fixité de la nature et donc de l'incertitude nécessaire qu'elle véhicule va être développée et précisée par les prolongements, au sein de la nouvelle académie, des idées de Pyrrhon. C'est tout d'abord Arcésifas (qui dirigea l'école jusqu'à sa mort en 241) qui donna un élan nouveau à la doctrine en approfondissant sa méthode. [...]
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