A proprement parler, il n'y a de mémoire qu'individuelle... Mais la mémoire collective est cependant une réalité sociale. En effet, nous passons de la mémoire individuelle à la mémoire collective :
- par le biais du récit, du témoignage raconté et rendu public,
- par le biais des rituels sociaux : des commémorations, des récits fondateurs,
- par le biais des marques architecturales des lieux que nous habitons (monuments, traces dans la pierre du passé).
La mémoire collective est certes une notion scientifiquement faible mais forte et réelle du point de vue du vécu social (...)
[...] Mais d'abord, faisons le point sur ce que le mot histoire signifie, car il est très ambigu dans la langue française. Histoire signifie en effet : - Le passé, la réalité historique humaine ; c'est aussi ce qui désigne en général le devenir historique. - Mais c'est aussi la connaissance, l'étude de ce passé. N'oublions pas le sens du mot grec historia qui est enquête En fait nous devrions dire histographie c'est-à-dire écriture de l'histoire Cette ambiguïté se comprend parce que l'histoire qu'on écrit contribue à celle que l'on fait. [...]
[...] Une mémoire qui n'oublierait rien serait monstrueuse, elle ne serait pas mémoire. Se rappeler quelque chose, c'est forcement ne pas se rappeler en même temps ce qui n'est ce quelque chose. L'oubli fait partie de la mémoire. - Utile, ainsi que le montre Nietzsche dans ses Considérations inactuelles, car condition du bonheur et de la vie. On ne peut pas vivre sans oublier. De même qu'il y a deux mémoires (une malade et une guérie il y a deux oublis : un oubli de fuite, passif (cf. [...]
[...] La fonction thérapeutique de l'histoire se situe dons à ce troisième niveau, préparé par les deux premiers. C'est une fonction critique, qui consiste à : - Raconter autrement, c'est-à-dire différemment des témoignages subjectifs, différemment de la mémoire collective. - Raconter d'un autre point de vue. - Raconter du point du vue de l'autre, idée que notre histoire ne nous appartient pas, et que les éclairages d'historiens d'autres nationalités et d'autres origines, mêmes très lointaines, sont enrichissants. Le reproche qu'on fait souvent à l'histoire, de toujours reprendre les même thèmes de réflexion, est donc inopportun ; au contraire, l'intérêt de l'histoire est de proposer plusieurs interprétations, plusieurs points de vue, plusieurs éclairages. [...]
[...] II) Peut-on introduire la psychanalyse en histoire ? On sait qu'il existe des pathologies mentales individuelles Freud insiste sur le fait que les névroses sont des maladies de la mémoire individuelle. Mais existe-il des pathologies de la mémoire collective ? Ricoeur rappelle ce que Freud met en évidence dans deux de ses ouvrages qui portent sur le souvenir, où il oppose : - D'une part la compulsion de répétition, c'est-à-dire la répétition du souvenir, - D'autre part le travail du souvenir. [...]
[...] Le pardon couronne le travail du souvenir et le travail de deuil en apportant une note de don, de générosité, en donnant aux promesses du passé la chance de se réaliser. [...]
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