Que savons-nous du désir humain ? L'opinion dominante, tant en sciences humaines que dans le sens commun, est que l'homme fixe de façon tout à fait autonome son désir sur un objet. Cette approche consacrerait le fait que chaque objet possède en lui une valeur capable d'attiser ce désir. En analysant l'œuvre de Dostoïevski, le professeur en littérature comparé René Girard repère un mécanisme du désir humain tout à fait différent. Celui-ci ne se fixerait pas de façon autonome selon une trajectoire linéaire : sujet - objet, mais par imitation du désir d'un autre selon un schéma triangulaire : sujet - modèle – objet. La présence de ce modèle entraîne une remise en cause totale de cet individualisme placé au cœur de la modernité, qui montre l'homme comme une entité libre et autonome.
Pour comprendre la pensée girardienne il serait tout d'abord intéressant de comprendre ce qu'est le désir mimétique et ce qu'il entraîne dans le comportement des hommes censés être guidés par leur « intérêt personnel éclairé ». Une fois ce concept défini, il faut le comprendre ce processus dans sa globalité en l'appliquant sur toute une société pour ainsi se rendre compte que notre Modernité que l'on croit être basé sur le principe de liberté, n'est en fait qu'une illusion.
[...] Le monde moderne : le monde du souterrain a. Le souterrain, le monde selon Dostoïevski Le souterrain est le monde où vivent les hommes modernes : ceux qui sont dominés par le désir mimétique. Ces habitants sont attirés par ceux qui les rejettent et eux-mêmes rejettent ceux qu'ils attirent. Le désir mimétique ne rend donc pas les habitants du souterrain heureux, car il pousse les habitants à un comportement opposé à celui de la logique de leur intérêt personnel éclairé Le souterrain est régi par la loi de l'autoappauvrissement en effet, même si les individus qui le peuplent sont libres, ils ne peuvent s'empêcher d'appauvrir leur propre vie : ce sont des automates, vivant de manière insipide et répétitive, toujours à la recherche d'un modèle, toujours désirant et haïssant leur médiateur. [...]
[...] Le désir mimétique caractérise l'homme moderne a. Le désir mimétique Le désir mimétique est souvent considéré comme une construction artificielle, une méthode réductionniste René Girard a conscience de la nature réductionniste du désir mimétique, car c'est un concept abstrait, et à moins dit-il de renoncer à penser on ne peut pas ignorer l'abstraction. Une fois les critiques contournées par cette élégante riposte, la définition de ce fameux désir mimétique qui est au cœur de la réflexion de Girard peut être exposée. [...]
[...] est un auteur d'œuvres romanesques qui ne sont pas des romans à thèses et ne peuvent donc se substituer à des essais de réflexions philosophiques. Même si au travers de son œuvre on discerne l'idée de mimétisme des êtres humains, il serait nécessaire pour définir la Modernité de s'appuyer sur d'autres penseurs présentant une thèse similaire (le concept de ressentiment de Nietzsche, par exemple qui prit pour point de départ des concepts issus du Manuscrit du Souterrain de Dostoïevski), surtout si René Girard se permet de critiquer les thèses des psychologues depuis Freud en affirmant qu'elles sont incomplètes. [...]
[...] René Girard Que savons-nous du désir humain ? L'opinion dominante, tant en sciences humaines que dans le sens commun, est que l'homme fixe de façon tout à fait autonome son désir sur un objet. Cette approche consacrerait le fait que chaque objet possède en lui une valeur capable d'attiser ce désir. En analysant l'œuvre de Dostoïevski, le professeur en littérature comparée, René Girard repère un mécanisme du désir humain tout à fait différent. Celui-ci ne se fixerait pas de façon autonome selon une trajectoire linéaire : sujet - objet, mais par imitation du désir d'un autre selon un schéma triangulaire : sujet - modèle objet. [...]
[...] Au lieu d'unir, le désir mimétique sépare et produit de la rivalité mimétique. Mais dans le cas où ce médiateur possède un certain prestige par rapport à l'individu désirant les mêmes objets que lui, le modèle possédant cette certaine supériorité obtient ce qui est mutuellement convoité. S'en suit une jalousie envers le médiateur qui s'accompagne d'une admiration encore plus grande (parce qu'il réussit), tant et si bien que le désir envers le modèle devient encore plus fort : il devient ennemi adoré ou encore modèle obstacle b. [...]
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