L'objet de ses études a évolué avec le temps. Si les Structures élémentaires de la parenté (1949) cherchent à expliquer la prohibition de l'inceste comme moyen positif d'assurer la communication par l'échange des femmes (ce qui permet de saisir la source de la distinction entre nature et culture), la Pensée sauvage (1962) montre, en contradiction avec la notion de mentalité primitive pré-logique, la logique rigoureuse et classificatrice du totémisme. Après s'être intéressé sur l'explicitation de la structure et de la signification des mythes, il publia ses articles en les rassemblant sous forme de manifeste : Anthropologie structurale I et II. Il s'est enfin interrogé sur la crise que subit l'Occident, dans la production artistique, dans la perte des valeurs de la nécessité et de la contrainte : Histoire de lynx (1991). Il serait maladroit de rendre compte du Regard éloigné en exposant d'une part la thèse de l'auteur, d'autre part sa critique. Lévi-Strauss n'expose pas véritablement de thèse sur l'évolution du monde, mais rend compte d'innombrables doutes, et pousse à des pistes de réflexion sur la valeur des cultures, sur la place accordée à l'Autre, sur la liberté...
[...] Mais, tout en affirmant l'égale dignité et l'égale cohérence de toute culture, l'auteur condamne la relativité des valeurs de la civilisation actuelle. En effet, étudier des cultures signifie s'intéresser aux expériences culturelles, tous ces essais de représentations que produisent les hommes pour aiguiser leurs consciences et élever leur âme. Or, la révolution industrielle, en soumettant la planète à la culture occidentale, a aboli la chance de développement d'expériences culturelles. Dans ce sens, vouloir l'émergence d'une civilisation mondiale plonge Lévi-Strauss dans une grande inquiétude ; il rappelle tous ces vieux particularismes qui ont crée les valeurs esthétiques et spirituelles que notre civilisation moderne recueillent dans les bibliothèques et les musées, puisqu'elle n'est plus capable de les produire. [...]
[...] La pratique semble excusable, voire nécessaire, si l'on considère que tout groupe humain, pour produire des valeurs, construire un ensemble cohérent et partagé de référents, doit réaliser cette superstructure en opposition ou en contraste avec d'autres. D'où la distinction d'un Autre, dont le désir de dépassement sert de moteur à la constitution des valeurs du groupe. Toutefois, constater, étudier ces mécanismes culturels impose la distanciation par rapport à sa propre culture, et à la cultures des autres ; sortir de la conscience de la suprématie de sa culture, et sortir de la tendance à considérer les autres cultures comme l'Autre à dépasser. Ce recul pris sur l'appréciation des valeurs dote l'ethnologue d'un regard éloigné. [...]
[...] En effet, dans toutes les sociétés, il existe des règles précises qui interdisent, institutionnellement ou non, le mariage entre des individus considérés comme trop proches. Le contenu des règles varient fortement d'une culture à l'autre. En tous cas, cette obligation de quitter son groupe natal et d'en fonder une autre donne une justification sociale à l'interdit de l'inceste. Il oblige à engendrer de nouvelles familles, d'effectuer, à chaque nouvelle génération, une refonte des conditions biologiques de l'accouplement et de la procréation. [...]
[...] Il s'est enfin interrogé sur la crise que subit l'Occident, dans la production artistique, dans la perte des valeurs de la nécessité et de la contrainte : Histoire de lynx (1991). Il serait maladroit de rendre compte du Regard éloigné en exposant d'une part la thèse de l'auteur, d'autre part sa critique. Lévi- Strauss n'expose pas véritablement de thèse sur l'évolution du monde, mais rend compte d'innombrables doutes, et pousse à des pistes de réflexion sur la valeur des cultures, sur la place accordée à l'Autre, sur la liberté. [...]
[...] La question du fondement universel de la liberté et des droits de l'homme L'ethnologue, par la conscience qu'il a des véritables causes de la différence entre cultures, est bien sûr demandé pour contribuer à la lutte de grandes causes, comme la lutte contre le racisme, contre la conscience d'une suprématie culturelle, et bien sûr pour la défense des droits de l'homme. Ses réflexions sur la possibilité de droits universels, que l'homme pourrait revendiquer sous toute latitude, au sein de toute culture, méritent attention. Lévi-Strauss prévient d'emblée de la difficulté de distinguer des droits universels par l'impossibilité d'une conscience universelle de ce qu'est la liberté. Il existe selon lui une multitude de libertés, qui sont toutes différentes. On croit jouir de certaines, mais selon un angle particulier qui ramène à des circonstances historiques et aux caractères généraux d'une culture. [...]
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