- Tocqueville a effectué de nombreux travaux sur le régime singulier qu'est la démocratie, notamment son ouvrage De la démocratie en Amérique.
- Il s'est notamment attaché à pointer du doigt un processus à ses yeux aussi frappant que complexe : le goût croissant pour l'égalité qui caractérise les démocraties. De fait, dans ces types de gouvernement, Tocqueville observe un phénomène d'égalisation croissante des conditions, phénomène qui tend, de façon pour ainsi dire asymptotique, vers un idéal : l'égalité parfaite de tous (...)
[...] Dès lors, Tocqueville a présenté diverses solutions qui permettraient d'entretenir la volonté et la vigilance citoyennes, le sentiment d'appartenance à une communauté unie. Il s'agirait de stimuler autant que possible les citoyens, leur faire prendre conscience de leurs liens essentiels avec leurs semblables : tous forment les anneaux d'une même chaîne, à la fois égaux et distincts. Il convient, en stimulant les pouvoirs à l'échelon local notamment (et donc en rapprochant les citoyens des centres de décision), de responsabiliser les individus et de mettre en valeur leur solidarité, dans un juste équilibre entre égalité et liberté. [...]
[...] On le voit, cette passion extrême, démesurée, sans bornes pour l'égalité conduit directement, à terme, au sacrifice, si nécessaire, de la liberté elle-même ; il en résulte un asservissement plus ou moins conscient qui dénature complètement le visage initial de la démocratie : le pouvoir s'avère en définitive fort stérilisant. Force est de constater que les analyses de Tocqueville sont dans une large mesure, et de façon assez surprenante, visionnaires : il a ainsi contribué à mettre en lumière l'un des plus grands dangers de la modernité : l'attrait pour une égalité finalement liberticide La démocratie, sans garde-fous et sans authentique conscience citoyenne, peut être oppressante et se muer en un véritable tombeau des libertés. [...]
[...] Philosophie Tocqueville et la politique Tocqueville a effectué de nombreux travaux sur le régime singulier qu'est la démocratie, notamment son ouvrage De la démocratie en Amérique. Il s'est notamment attaché à pointer du doigt un processus à ses yeux aussi frappant que complexe : le goût croissant pour l'égalité qui caractérise les démocraties. De fait, dans ces types de gouvernement, Tocqueville observe un phénomène d'égalisation croissante des conditions, phénomène qui tend, de façon pour ainsi dire asymptotique, vers un idéal : l'égalité parfaite de tous. [...]
[...] Pendant ce temps, comme aveugles, les hommes affichent un goût toujours plus prononcé pour des plaisirs d'ordre privé, dans une attitude de repli sur soi. Dans un tel contexte, la défense de la liberté s'endort : les individus s'en remettent à l'Etat seul. Remarquons bien que l'idéal, l'aspiration à l'égalité qui caractérise les peuples démocratiques n'est cependant pas accompli, et les hommes en ont bien conscience : ce rêve est démenti par les faits, marqués, eux, par l'inégalité Cependant, ce constat amer ne fait que stimuler encore davantage cette passion pour l'égalité, dans la mesure où les individus se considèrent comme identiques ; dès lors, les inégalités doivent être gommées, combattues, puisqu'elles ne sont pas essentielles, ce n'est pas un phénomène structurel, nécessaire, mais bien un état de fait accidentel, qu'il est possible, estiment-ils, de modifier Tous croient en la possibilité de changer les conditions. [...]
[...] De façon concomitante, l'esprit démocratique tend, assez perversement selon Tocqueville, à dissoudre les liens sociaux qui constituent en quelque sorte le poumon d'une société. De la sorte, les hommes s'atomisent de plus et plus et tendent à se couper de leurs semblables : de peuple uni, de communauté soudée, la société se mue progressivement mais sûrement en une simple juxtaposition d'individus Parallèlement à une passion essentielle pour toujours plus d'égalité et toujours plus de bien-être, les individus se replient de plus en plus sur leur stricte sphère privée, et s'enfoncent ainsi dans la solitude : dans un tel contexte, en effet, les citoyens ne perçoivent plus les liens sociaux qui les unissent à leurs congénères Cet individualisme, qui gagne progressivement du terrain, se couple d'un progrès notoire de l'indifférence : les hommes se coupent des autres, ne se préoccupent plus de la destinée de leurs semblables Aussi le sentiment d'appartenance à la patrie, à la communauté soudée disparaît-il bientôt : [l'homme] n'existe qu'en lui-même et pour lui seul Les liens sociaux sont très fragilisés, chacun démissionne, pour ainsi dire, en raison de cette idéologie démocratique par excellence qu'est l'individualisme (souvent greffé à un certain égoïsme d'ailleurs ) Dès lors, les citoyens tendent à déléguer leur pouvoir à un Etat central qui lui s'avère de plus en plus puissant : son pouvoir est d'autant plus sournois qu'il grandit, se développe à leur insu même ! [...]
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